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2020 Requiem

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TRIPTYKON - Requiem (2020)
Par DARK BEAGLE le 7 Décembre 2020          Consultée 2820 fois

Tout d’abord, je tiens à remercier chaleureusement Mefisto de m’avoir cédé, sans trop se faire prier (pour ainsi dire, pas du tout même : Mef, malgré son avatar maléfique, a le cœur sur la main), ce "Requiem" de TRIPTYKON. Ensuite, je tiens également à le maudire chaudement vu qu’il va falloir que je trouve les mots justes pour décrire cette œuvre hors du commun qui fera certainement date dans l’histoire du genre. Parce que ne jouons pas avec les mots, ne tergiversons pas plus que nécessaire : Tom Gabriel Warrior a (encore) frappé un grand coup avec un projet dont les braises les plus ardentes datent de 1987, avec "Into The Pandemonium" de CELTIC FROST.

Il est presque dommage que ce disque sorte sous la bannière de TRIPTYKON, même si cette entité est par définition une extension du FROST. Tom Gabriel Warrior et Martin Eric Ain avaient déjà en 1987 l’idée de mettre en place un concept ambitieux, celui de créer un requiem, mais le projet fut sans cesse repoussé, voir oublié pendant toutes les années de silence jusqu’à ce "Monotheist" intense et froid comme une nuit polaire. Quand nous nous penchons sur la discographie de CELTIC FROST, nous constatons que "Rex Irae" ("Into The Pandemonium") est le premier mouvement et "Winter", sur "Monotheist", fut à l'époque annoncé comme le chapitre trois - et final – de l’oeuvre. Et là, une question est soulevée : qu’en est-il de la deuxième partie ?

Elle n’aura vu le jour que pour cette performance live, au Roadburn 2019, soit deux ans après la disparition de Martin Eric Ain, qui n’aura jamais pu entendre l’œuvre dans son ensemble, mais qui en aurait été certainement très fier. L’album lui est d’ailleurs dédié, ainsi qu’à HR Giger, le père d’Alien, dont les toiles sont indissociables de l’histoire de CELTIC FROST et de TRIPTYKON, disparu lui aussi. Ici, la jaquette n’est pas de lui, elle est signée Daniele Valeriani, dont le style s’accorde très bien avec le propos de l’album. Et pour faire les choses en grand, Tom Gabriel Warrior se fait seconder dans son œuvre par le Metropole Orkest, dirigé par Jukka Iisakkila, qui va offrir à Fischer un panel de possibilités assez effarant.

Avant d’appréhender ce Live, il faut effacer de son esprit tout ce que l’on sait ou tout ce que l’on attend d’un groupe de Metal jouant avec un orchestre. Si vous cherchez à vous en mettre plein les oreilles avec des orchestrations pompeuses (à la NIGHTWISH, oui, petite provocation gratuite sans obligation de réponse), passez votre chemin, tel n’est pas le propos ici. Le fait déjà que ce soit un requiem, un chant pour les morts, ne pousse pas à la surenchère symphonique. Au contraire, nous sommes ici face à un groupe qui joue avec un orchestre et face à un orchestre qui joue avec un groupe, soit une partition parfaitement équilibrée, bien que la batterie de Hannes Grossmann claque, elle vient apporter une base solide sur lequel le reste va tranquillement se mettre en place.

Cela va d’ailleurs donner une ampleur à l’ensemble, va accentuer le côté écrasant de l’ouvrage. Thomas Gabriel Warrior ne fait pas dans la dentelle, mais pourtant une grande finesse d’écriture ressort de tout cela. Quand commence "Rex Irae", nous sommes déjà surpris par le côté moins abrupt que prend la composition en live, qui se veut donc plus éthérée. Le chant lyrique féminin fait place à la voix plus naturelle de Safa Heraghi, que nous avions pu découvrir en guest sur de nombreux disques avant celui-ci, mais nul doute que ce "Requiem" lui ouvrira des portes. Avec son chant plus naturel, nous perdons un instant l’intensité dramatique que nous sommes en droit d’attendre, mais très vite nous sommes pris dans ce dialogue entre Fischer et elle. Un Fischer d'ailleurs très sobre, qui a laissé ses célèbres "huh" au placard pour se concentrer sur ses parties.

Et déjà nous notons cette osmose entre l’orchestre et le groupe, qui se fondent l’un dans l’autre. Ici, il n’y en a pas un qui prend le dessus sur l’autre, les deux parties sont là pour se compléter. Les textures sont riches, mais elles ne sont pas explosives. Il n’y a pas de démonstration de force, bien au contraire. "Rex Irae" se tait et laisse place au lent et lugubre "Grave Eternal", pièce de trente minutes découpées en plusieurs parties, où le chant se fait de plus en plus erratique afin de laisser s’instaurer une ambiance mortifère, ponctuée par la présence lugubre de cuivres on ne peut mieux utilisés. Pour le coup, TRIPTYKON nous emporte avec lui au cœur de son sujet. Ici, les chœurs se veulent plus présents, sans être envahissants, tandis que les échanges entre les musiciens de TRIPTYKON et ceux du Metropole Orkest se font de plus en plus ténébreux et sentencieux.

L’intelligence du propos est remarquable. Rarement il m’aura été donné d’entendre un orchestre aussi bien intégré à un ensemble Metal, comme s’il formait un tout. À ce titre, le visionnage du DVD inclus dans certaines versions de l’album s’avère tout simplement passionnant, quand on voit tout ce beau monde travailler main dans la main, la complémentarité qui se dégage de l’ensemble, surtout au niveau des percussions où nous passons le stade de « duel » pour arriver à celui de la "complicité". Thomas Gabriel Warrior possède une écriture riche, insoupçonnée, toujours en avance d’un coup, voire deux et ce depuis ses débuts au sein de HELLHAMMER. C’est simple, il ferait passer Tuomas Holopainen pour le Richard Clayderman du Metal (autre gratuité de ma part, merci de ne pas y répondre).

Le public ne s’y trompe pas et ovationne les artistes comme il se doit. Parlons en un peu, du public justement. Si l’enregistrement a été capté sur scène, le parterre se veut silencieux, respectueux, il se laisse entraîner dans cette litanie sans émettre un bruit, jusqu’à la fin de ce second mouvement, qui peut être considéré comme étant l’épitaphe ultime de ce que fut CELTIC FROST plus que comme du TRIPTYKON au final. Nous l’entendrons encore une fois, à la fin de l’endeuillé "Winter", qui encore une fois a la lourde tâche de fermer un album, de clore un débat passionnant avec son atmosphère mélancolique et désolée, où l’orchestre est seul sur scène. Et finalement, ce n’est pas un mal ici que le public se montre aussi respectueux et/ou silencieux, cela nous permet également à nous, dans nos salons, d’être pleinement envahis par la profondeur de l’entreprise.

Mefisto – encore merci à lui – vous dirait que nous tenons là la preuve morte-vivante (c’est un requiem après tout) que le Metal est le digne successeur de la musique classique. Sans aller jusque là, j’avancerai plutôt que la trentaine d’années pour mener à bien ce projet titanesque a permis à Tom Gabriel Fischer d’arrondir les angles, de polir les aspérités désagréables, pour parvenir à un résultat qui frise sérieusement avec l’excellence. L’intégration de l’orchestre est juste parfaite, l’unité est de mise, l’équilibre est bel et bien là. Et bien que cela soit court, quarante-cinq petites minutes (!), c’est d’une intensité étrangement discrète, mais bel et bien présente parce que ce Live – et voilà qui est bien rare de nos jours ! – est marquant. Et si nous célébrons les mémoires de HR Giger de de Martin Eric Ain, nous célébrons également celle de CELTIC FROST dont ce "Requiem" semble être l’épitaphe ultime.

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   DARK BEAGLE

 
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- Thomas Gabriel Warrior (chant, guitare)
- V. Santura (guitare)
- Vanja Slajh (basse)
- Hannes Grossmann (batterie)
- Safa Heraghi (chant - guest)
- Metropole Orkest


1. Rex Irae (requiem Overture)
2. Grave Eternal (requiem Transition)
3. Winter (requiem Finale)



             



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