DISFORIA est une toute jeune formation américaine, native de Salt Lake City, fondée en 2007 par le guitariste Chad Anderson, aujourd'hui seul membre rescapé de la formation d'origine, et par Casey Fredrick (qui l'a quittée en 2014). Les arrivées successives d'Austin Bentley et de John Yelland courant 2008 vont considérablement accélérer les choses et le groupe va pouvoir produire un premier EP – "Awakening" - en 2009.

Autant dire que nous avons affaire à la nouvelle génération du Prog (la plupart des membres sont de 1990, je sais ça pique) et que le panel d'influences s'est partiellement renouvelé avec le changement de génération. Si John Yelland possède bien sûr les éternels Freddie Mercury et Hansi Kürsch dans ses héros, ses albums de référence comprennent les "Universal Migrator" d'AYREON et le "End Of Disclosure" d'HYPOCRISY. De même BETWEEN THE BURIED AND ME et son "Parallax II" ont impressionné les jeunes Américains qui embrassent un large panel d'influences dans leur Metal Prog. De Devin TOWNSEND à DREAM THEATER, en passant par OPETH et MASTODON, le champ est large.

Parfait pour présenter "Our Time Defined", EP fondateur du style de DISFORIA ! Ce six titres laisse très clairement transparaître les influences de la jeune formation américaine, à commencer par BETWEEN THE BURIED AND ME ; les riffs tordus et les lignes de chant clairs de Tommy Giles Rogers hantent cet EP. C'est particulièrement vrai sur l'éponyme "Our Time Defined". Le Metal Prog de DISFORIA affiche une insolente cohérence, en dépit de ces influences trop voyantes (cette manière d'utiliser les sons de Moog sur "Of Wolves And Men" trahit l'influence du maître Arjen Lucassen).

Et la demi-heure passée en compagnie de DISFORIA demande de l'attention, car si au premier abord l'excellent vocaliste Johan Yelland attire les oreilles, via la profondeur et la matière contenue dans ses lignes vocales impeccables et étonnantes de maturité pour le jeune homme âgé d'à peine vingt et un ans au moment de la sortie de "Our Time Defined", c'est bien la diversité et la complexité des titres qui assurent une confortable durée de vie à cet EP, qui livre ses secrets au fur et à mesure des écoutes.

Même si je dois avouer que d'une belle baffe au premier abord, on passe progressivement du côté enthousiaste pour le nouveau venu à celui, plus critique, qui va stigmatiser les limites du combo américain. Alors là elles ne tiennent pas à la maîtrise instrumentale, mais certains passages du plus immédiat "Children Of Stars" sont un peu maladroits et les influences du groupe se font un peu trop voyantes. On a l'impression que "Our Time Defined" est le morceau BETWEEN THE BURIED AND ME, "Of Wolves And Men" le morceau AYREON et "Awakening" le morceau DREAM THEATER.

DISFORIA dispose indéniablement d'un gros potentiel, mais il va devoir affiner ses lames s'il veut faire la différence et chevaucher aux côtés des LEPROUS et consorts.

Note réelle : 2,5/5.