Après un premier opus porteur de jolis espoirs, et chargé d'une identité originale et puissante les allemands de LIVING DEATH remettent le couvert avec panache. Il convient d'enfoncer le clou pour faire partie des élus qui feront évoluer le metal vers d'autres cieux. On se souvient notamment du titre phare de leur précédente livraison, ce "Labyrinth" qui portait en lui les germes des nombreuses musiques extrêmes à venir. Nous sommes en 1985, CELTIC FROST se prépare à sortir "To Megatherion", BATHORY son "The Return", il faut faire partie de la révolution.

Mais l'album embraye de manière fort dynamique et répond aux standards voulus alors par la jeunesse européenne. C'est à la fois bien lourd comme sur "Grippin A Heart" tout en privilégiant l'aspect chevauchée héroïque si prégnant chez tous les groupes de speed. Nous sommes donc très loin des deux groupes fondateurs précités... Les cavalcades de "Killing Machine" ou "Rulers Must Come" sont certes bien efficaces, mais hélas déjà entendu 36 fois ! Pas de quoi devenir leader de cette scène, encore moins devenir le pionnier de nouvelles formes musicales.

La musique est loin d'être désagréable. L'"Intro" peut sembler pécher par manque de gniaque mais elle n'est finalement qu'une introduction. Déboule alors le très speedé et excellent "Shadow Of A Dawn", qui ne se différencie guère de ce que font les petits camarades de HELLOWEEN ou BLIND GUARDIAN au même moment en Deutschland ! Les gratteux ont certes progressé, mais la voix reste trop monocorde, déployant un évident manque de technique, ce qui porte incontestablement préjudice aux compositions. "Panic & Hysteria", bien qu'encore meilleure, est dans cette totale continuité. Et on ne peut pas franchement dire que "Deep In Hell" ou "Royal Of destiny" change la donne, nous sommes désormais confrontés à des titres de speed classiques de bonne facture, mais sans réelle identité.

En revanche, l'originalité repérée dans le groupe était bien là : tentez donc l'écoute du mouvement reptatif perpétuel présent sur "Screaming From A Chamber"; il présente bien des qualités malgré sa simplicité, les divers éléments retrouvés ici sont de nature à établir une fusion des plus intéressantes, un aspect dark en ressort, des licks thrash à la SLAYER, une section rythmique qui ne pratique pas la surenchère, mais se pose en surpuissant métronome... Au résultat, une capacité à réunir plusieurs styles en un. Ce n'est clairement plus du speed, la voix reste d'une facture classique mais s'adapte mieux. Je conseille vivement son écoute.

Au final, sans être une déception car tous les morceaux sont sympas, on peut légitimement arguer que le potentiel détecté dans le premier album de LIVING DEATH reste ici sans réponse. Les frères Keich, à la tête des teutons, s'enfoncent littéralement dans le genre alors le plus en vogue : le speed, sans trop chercher à piocher les éléments spécifiques qu'ils avaient auparavant développé. L'imagerie du groupe allait dans ce sens. C'est vraiment dommage, il y avait sans doute la capacité de créer autre chose. Si on ajoute à cela le fait que la voix du chanteur Thorsten est bien en deçà de celle des grands cadors du speed, on comprend aisément le pourquoi de la non postérité de ce groupe pourtant très chouette.