C'est en 1980, alors que débute la New Wave Of British Heavy Metal et que le son du hard rock commence à se transformer que les frères Reiner et Dieter Keich fondent leur groupe de Heavy dans la ville d'Elbert, capitale des serrures et de la plomberie à l'allemande, digne concurrente des sidérurgistes Birminghan et autres Sheffield où les grands monstres britanniques verront le jour. Il y a toujours une certaine logique sociologique dans la genèse des grands courants musicaux. Car oui, mes biens chers frères, nous sommes ici en quête de la reconnaissance de LIVING DEATH comme de l'un des principaux tenants de l’extrême en Allemagne, préalablement à KREATOR ou SODOM, bin ouais... Mais nous sommes dans la patrie d'ACCEPT les gars, "Fast As A Shark", titre sorti en 82 sur "Restless And Wild" a ostensiblement influencé de manière durable ses compatriotes. La musique pratiquée par le groupe est donc d'obédience Thrash, mais contient aussi d'autres éléments, plus extrêmes, qui concourront à l'émergence des courants à venir.

S'il ne fallait retenir qu'un titre de ce premier opus, ce serait indubitablement le morceau "Labyrinth", un instrumental dynamique et puissant qui tient largement la dragée haute aux cadors de l'époque. On y retrouve des structures proches de celles utilisées par MERCYFUL FATE, sur "Melissa", une capacité technique évidente qui explique souvent le rattachement à un genre qui est déjà pérenne : le Thrash, alors que les fondateurs extrèmes - exceptés les danois précités - sont tous de médiocres musicos : voyez plutôt Tom Warrior de CELTIC FROST ou Quorthon de BATHORY...

Le groupe est donc catalogué Speed Thrash, et il est vrai que les cavalcades proposées ici sont bien de cette nature, on citera la tuerie qu'est "Heavy Metal Hurricane", la poétique "Riding A Virgin" - ouais, c'est tout dans la finesse -, inutile de préciser qu'à l'époque, les métalleux n'ont rien à voir avec les gravures de mode swaggeuses qu'on voit aujourd'hui dans le Metal, les traditions se perdent... Mais non c'était pas mieux avant, juste différent ! "My Victim" est un autre hybride Speedo Thrash assez sympa, même si la production pêche pas mal par instants. Les riffs et l'allure de "Watch Out" annoncent carrément l'arrivée des voisins de CORONER trois ans plus tard.

C'est toutefois bien Heavy Métallique tout ça ! L'intro de "Nightlight" clin d’œil à EXCITER, et avec ce chant nanti d'un accent à couper au couteau de Toto Bergman, on croirait évoluer sur le playground d'ACCEPT. Reiner, lui, est bien loin des futurs shredders mais on sent qu'il a envie de bien faire, ce qui à l'époque n'était déjà pas si mal, il se démène le bougre, et pas qu'un peu ! On a aussi de belles rythmiques bien grasses comme sur "Hellpike", globalement, nos petits teutons sont pressés d'en découdre, c'est donc rapide, et le morceau sonne comme du SATAN plombé, notez-y les soli très réussis, ils ont fière allure. Enfin, l'éponyme "Living Death" est un vrai titre de Speed en revanche, nul doute.

Du Heavy de chez lourdingue avec "Vengeance Of Hell", somme toute assez classique, une belle rythmique à étriper les bœufs, avec un joli palm mute à apprendre à l'école du Metal pour les petites têtes blondes, le chant est en revanche bien faiblard, comme souvent sur ce premier opus. Cela peut aussi sonner cheap pour les oreilles d'aujourd'hui, c'est fait avec trois bouts de ficelle mais en 84 les gars on était là à la pointe du combat, ça rigolait pas !

Bref, c'était l'instant d'histoire de la journée ! Qualitativement, c'est une joyeuserie Speed concoctée avec des moyens du bord fort limités. Ça se laisse bien écouter, mais ne faites pas trop vos difficiles sur la production, bordel ! Et puis surtout ne partez pas sans écouter cette perle qu'est "Labyrinth" !