A l'instar de la collaboration avec les irlandais d'ALTAR OF PLAGUES ce split entre BAGARRE GENERALE et YEAR OF NO LIGHT se sera fait attendre. L'habitude a pris le pas sur la frustration néanmoins, de même que le fonctionnement artistique des bordelais, qui sortent un split pour faire patienter d'ici leur prochaine véritable offrande. Cela n'exclut pas la surprise bien sûr, et ce split s'avère pour le coup le plus intriguant de tous, eût égard à l'univers développé par BAGARRE GENERALE, avec lequel YEAR OF NO LIGHT s'accouple comme Zeus avec les mortelles. De là à savoir qui est Zeus dans le lot, vous n'allez pas tarder à le savoir.

Il faut dire que YEAR OF NO LIGHT ne s'est pas arraché l'esprit avec " Sar Ha-Olam ", morceau qui repose sur un riff efficace mais dont la progression sans surprise entache la volonté de nous sortir de notre quotidien. On retrouve le groupe comme il nous avait laissé sur " Tocsin ", la fièvre des cuivres célestes en moins, l'inspiration de même. Rien de neuf ni de croustillant donc. Aussi l'avez-vous deviné, le Zeus dans le lot est l'autre, j'ai nommé le fracassant et épique BAGARRE GENERALE.

Oui vous avez bien lu, ce n'est pas l'incroyable YEAR OF NO LIGHT qui supplante son camarade de jeu sur ce split. Il se fait même écraser violemment par tout le génie du groupe-orchestre, impressionnant sur "Furvent", longue plage tout en retournements de situation et autres crescendos larmoyants prompts à faire chavirer le cœur d'un Golem. Déjà incroyables sur leur album éponyme, les BAGARRE GENERALE montrent une nouvelle fois leur propension à faire d'un morceau une action narrative et presque cinématographique intense et sans pareil. Que ce soit dans la construction, dans les mélodies ou les arrangements, "Furvent" est une merveille, qui justifie à elle seule l'écoute de ce split. La maîtrise de l'Ambient est démente, les évasions Doom soufflantes, et la fin est un monument de puissance et d'illustration du mot " gloire " dans son inspiration Space-Rock triomphante. Bref, un soufflet pour YEAR OF NO LIGHT, qui en plein XVIIIème siècle aurait fini comme un petit marquis de province mouché en plein vol par un noble arrogant un soir de dîner mesquin à la Cour.

Rendons justice tout de même en précisant que le morceau "Chapelle Ardente", collaboration musicale entre les deux entités, est très bon. YEAR OF NO LIGHT vient apporter du massif à des orchestrations sublimes, et il est clair que les deux univers sont faits pour se marier (je parlais d'accouplement, ce n'est pas pour rien). Si ce split est donc excellent, surtout grâce à l'apport de BAGARRE GENERALE, il est là aussi pour nous assurer qu'il apparaît indispensable que les deux groupes étendent cette union guerrière au cours d'un album entier, dans l'esprit d'une alliance entre princes chrétiens contre les barbares du Nord. Et ce sera une domination sans partage dans le monde des musiques instrumentales.