Dire que le doomster impressionné par "Sorrow And Extinction" attendait de pied ferme la nouvelle livraison des Américains de PALLBEARER relève du doux euphémisme. Le groupe, devenu le chouchou de l'underground est attendu au tournant. Si le quartette accuse déjà un changement de line-up avec le départ de Zack Stine, ce n'est pas tellement là que les évolutions se feront le plus sentir. En effet, Joseph D. Rowland, l'un des deux maîtres à penser de PALLBEARER, rejoint son acolyte Brett Campbell au chant. En outre, si l'on suit les crédits, on remarquera qu'une plus grande place semble allouée aux claviers.

Commençons par l'atmosphère, l'un des gros points forts de "Sorrow And Extinction". Je dirais que l'on retrouve très vite ses marques, notamment sur le très mélodique "Foundations". La batterie du nouveau venu Mark Lierly est infiniment plus produite que sur le premier opus, ce qui a un avantage et un inconvénient : le tout sonne plus puissant mais perd en cachet, l'aspect roots s'effaçant en grande partie. Mais d'un autre côté, PALLBEARER a approfondi son travail sur les textures des guitares, qui se font plus Heavy, plus riches aussi et plus bavardes en soli. Brett Campbell a toujours le don de délivrer des leads simples et parfaitement sentis, et il ne s'est pas gêné pour en garnir "Foundations Of Burden", pour notre grand plaisir.

Le travail sur le chant ne saute pas immédiatement aux oreilles, car on conserve ce côté passager des lignes vocales qui était aussi surprenant qu'envoûtant sur le premier opus. Il en est de même pour les claviers ; si Joseph Rowland a lui aussi repoussé la minutie dans les arrangements, comme on le remarque au mieux sur la simple et stellaire "Ashes", ce qui donne à "Foundations Of Burden" un aspect global pas si différent de son premier album, mais plus léché, il a conservé ce son de basse vrombissant qui assoit radicalement les morceaux dans les profondeurs tonales.

En ce sens, PALLBEARER ne désarçonnera pas les aficionados qui ont été séduits par "Sorrow And Extinction" mais il s'offre une plastique plus avantageuse qui pourra diviser. Personnellement, c'est plus le manque de prise de risques que je retiens, tant les deux albums sont interchangeables. Ce qui veut dire aussi que "Foundations Of Burden" parvient à (quasi) égaler la qualité de son prédécesseur, même si l'émotion fait davantage place au travail de mélodiste, et l'ambiance quelque peu horrifique à l'esthétisme sonore (comme le break à 6:15 sur "Watcher In The Dark", où piano et claviers viennent seconder et envelopper la guitare lead inaltérable de Devin Holt).

Une affaire de goût en somme. "Sorrow And Extinction" était plus intimiste, "Foundations Of Burden" est plus majestueux. L'aspect Heavy, privilégié par rapport au Funeral fera lui aussi pencher la balance. Si "Sorrow And Extinction" était plus proche d'un ESOTERIC, "Foundations Of Burden" se rapproche davantage d'un SAINT VITUS ou d'un CANDLEMASS. À vous de faire votre choix, PALLBEARER signant une deuxième réussite qui lui assure une place de choix sur la scène Doom traditionnel, même si on est un poil en-dessous de la première œuvre la faute à un "The Ghost I Used To Be" qui ne parvient jamais totalement à délivrer son message, avec un aspect parfois plus purement Heavy Metal un peu désarçonnant.