Tu parles d'un départ canon… Trois albums en quatre ans et pas des merdes. Faut le faire, surtout en Black Sympho, style où il est facile de tomber dans la redite. Pourtant, SYN ZE SASE TRI est encore quasi inconnu au bataillon, malgré ses exploits précoces. Mais bon, c'est un peu normal quand tu es nouveau sur la scène extrême et que tu proviens de Roumanie… Les zicos ont quand même la chance d'avoir signé chez Code666, ça devrait les aider.

J'avais zappé le second album du groupe sorti en 2012, mais je vous rassure, c'est dans la même veine que le premier, donc de très bonne qualité. Voici donc le troisième effort de SYN ZE SASE TRI qui paraît en cette fin de février, après un laps de temps plus long. Bon signe ? Toujours. Après tout, sortir deux skeuds en 13 mois, ça épuise la besace d'idées un brin… Raison de plus d'applaudir la réussite de ce "Stapîn Peste Stăpîni", qui au lieu de sentir le réchauffé, nous procure une savante dose de Black Sympho personnel, enroulé dans les racines des Roumains. Celles qui nourrissaient déjà fortement les premiers méfaits du quintette mené par l'ex-NEGURA BUNGET Corb, multi-instrumentaliste de grand talent.

La musique de SYN ZE SASE TRI tourne autour de trois axes majeurs. Les deux premiers sont communs : des riffs lourds et efficaces et un synthé au langage universel, sonnant un peu vintage dans les couplets, moins dans les refrains, qui sont souvent plus épiques. L'autre axe est ce qui gagne mes tympans de fan absolu de Black Sympho : les ingrédients particuliers, voire exclusifs, qui teintent les compos de SZST.

Ici, on ne parle pas de ces chœurs ou de ce synthé omniprésent, mais bien des instruments et percussions traditionnels qui me passionnent tant chez les musiciens roumains. Quand je me farcis un groupe du Moyen-Orient, je veux avoir chaud et apercevoir en mirage des dunes et palais scintillants, alors que la Roumanie envahit mon casque, j'exige que le Metal soit austère, terreux, noir, triste à la limite. Sur "Stapîn Peste Stăpîni", je retrouve presque tout cela, couplé à ces pianotages kitsch et des mélodies nerveuses. Je découvre aussi un chant féminin qui arrive à ne pas trop trancher avec ces ambiances viriles, ce qui n'est pas sans me déplaire, car il ajoute une couche de couleurs vives projetées par les chœurs aériens.

Dans la forme, SZST ne fait pas dans la dentelle ou l'occulte. Ça demeure franc, direct et pas vraiment vaporeux comme Black Sympho. On ne sort pas trop du cadre, les pièces ont une moyenne de cinq minutes et envoient la sauce rapidement pour que l'auditeur profite amplement de chaque seconde. Non pas que "Stapîn Peste Stăpîni" soit transcendant ou s'arroge le titre de roi du revival Black Sympho, mais on peut aisément le classer dans le haut de la hiérarchie du genre. Il a les reins assez solides pour planter la concurrence, surtout les vieux papis du style qui peinent à se défaire de leur marchette.

SZST et sa saveur typiquement roumaine (ah, ces formidables percussions et cette flûte…), ses trop rares soli et sa "simplicité dans la complexité", a tout pour plaire aux fans du style. Et même aux maniaques de Metal un tant soit peu exotique.

Une longue carrière se dessine au feutre noir pour les Roumains. J'ai déjà hâte au prochain…

Podium : (or) "Stăpîn Peste Stăpîni", (argent), "Rascrucea Timpului" (bronze) "Strajerul Timpului".