Pan pan, les Australiens redébarquent avec ce premier album, dont j’ai soumis la chro’ en priorité haute pour la déconne, et se font pistoleros, choix de thème un peu chelou pour un pays dont l’allure de far west a surtout été le théâtre d’une campagne militaire contre des émus fauteurs de trouble, et je crois avoir aussi lu un truc sur un gangster qui s’était bricolé une armure métallique au début du siècle dernier… Des mythes qui suffisent à titiller l’imagination de CONVENT GUILT et à lui fournir assez de matos pour un album entier.

Dans un style déjà assez avare en surprises, on atteint vraiment le niveau zéro en matière d’évolution entre la démo et cet album. Vraiment rien, pas le plus petit gout d’inattendu, pas d’astuces, pas de ressources créatives insoupçonnées, on creuse droit dans le même filon de punk jouasse et de heavy metal rock’n’roll NWOBHM, vite écouté et vite chroniqué, c’est dire que là après quelques écoutes qui s’accumulent vite vu le runningtime de 36 minutes, je suis déjà en train de faire mon rapport sans tout à fait connaitre la bête par cœur mais dans la confiance absolue que les écoutes suivantes me feront rien découvrir de particulier qui méritait pas déjà d’être relevé et que je tripperai sur les exacts mêmes moments. Je dois être un pro ! ou super blasé. Mais non, y a quand même eu un petit seuil, je kiffe significativement plus depuis la troisième écoute à peu près, les premières étaient quand même assez revêches.

Même son assez amateur mais tout de même puissant et qui sait faire de la place à tous les instruments, les nombreux tics n’ont pas été balayés et y a une absence d’arrangements parfois assez criards qui donnent vraiment une impression de produit un peu bricolé, comme cette tendance des morceaux à finir assez brusquement, cela dit on a tendance à sursauter lorsque les chansons passent d’un plan à l’autre sans transition, ce qui recapte l’attention directement même si du coup les morceaux ne sonnent pas très fluides. Ah et le chanteur maitrise un poil mieux sa voix ou alors la pousse un poil moins tout en s’essayant à pas mal de variations qui pimentent certains morceaux, ce "Perverse Altar" entre voix sévère et gémissements plaintifs, un des morceaux les plus forts bien qu’on sent que CONVENT GUILT ne fait pas grand-chose de plus qu’appliquer sa formule (enfin "sa" formule) riffs directs/ rythmique en avant-toute, avec un gros plan plus sirupeux intercalé à tout bout de champ (surtout la face A : "Don’t Close Your Eyes", d’ailleurs ce morceau, bien dynamique au demeurant, m’a déjà renvoyé à l’univers de deux autres combos avant même que le refrain n’arrive faute à des riffs déjà entendus. Surtout CG a tendance à se jeter avec une franchise désarmante dans l’occasionnelle ballade électro-acoustique énergique et foireuse ("They Took Her Away" qui boucle la face A).

La face B redonne du souffle grâce à l’inévitable morceau-titre qui s’ouvre avec un entrain qu’on réserve d’habitude aux pistes chargées de commencer un album, aussi trippant que son confrère de la démo avec ses "shoot shoot" (qui sonnent "tchouk tchouk") au refrain, suivi par l’engageant
"Desert Brat", et s’achève sur le seul morceau réellement speed de l’album, le trippant "Stockade".

Certainement pas du matos à peupler les tops de fin d’année (enfin de l’année dernière), sauf dans le mien vu que j’ai pas trop eu la main heureuse sur les nouveautés que j’ai choppé en 365 jours, et pis je peux bien leur faire un peu de place, c’est toujours ça que MESHUGGAH n’aura pas comme dit la devise familiale. S’il a beau partir dans la mauvaise division (celle dont on se cogne), "Guns For Hire" s’en sort très bien et constitue la différence subtile entre l’album qui va moisir sur l’étagère et le pas-album-de-l’année sympa qu’on peut pas s’empêcher de faire tourner en boucle pendant un temps, qui livre provision raisonnable de refrains soit qu’on laisse nous envahir le crâne avec plaisir, soit qu’on peut extirper de sa mémoire facile après 2 écoutes semi conscientes, puis pensez à l’alternative- ne pas écouter l’album de CONVENT GUILT ? impossible. Un album qu’après quelques écoutes vous allez peut être ranger pour longtemps mais qui procure des échos bienvenus de temps bien plus anciens que sa conception, un condensé de classique quoi. Ceux qui ont aimé la démo auront de quoi se mettre sous la dent, même si je suis pas sûr que ça représente grand monde (sinon faites moi signe j’me sens si seul...).