Il y a des groupes comme ça, des chefs de file, on attend juste qu'ils faiblissent pour pouvoir les fouler au pied, les traîner dans la boue, sauf qu'ils tiennent bon. Il y en a même qui changent assez peu, parfois c'est un peu moyen mais jamais mauvais, SICK OF IT ALL fait partie de ces irréductibles. Leur discographie est assez incroyable, prenez n'importe quel album studio, vous ne serez pas déçu, bien sûr en les comparant les uns les autres vous en trouverez des meilleurs que d'autres mais globalement ils sont d'une constance impressionnante, et ce depuis plus d'un quart de siècle !

Le précédent effort de SOIA, "Based On A True Story" n'échappait pas à la règle même s'il était parfois gras et rond comme si SOIA avait un peu trop mangé de Metal au fast-food et se sentait un peu lourd. Quatre ans plus tard, on sent que SOIA a bien travaillé pour dégrossir ce Metal, c'en est fini du pesant, le groupe nous sort un album excellent (encore !?!) tout sec et énergique.

"The Last Act Of Defiance" est une bombe de guitares électrisantes, de riffs agressifs et clairs, de rythmiques rapides et saccadées qui vous donneront envie de sauter partout. Cet album réintroduit des aspects Skate Punk dans ses morceaux, voyez "DNC", qui couplé aux nombreux, que dis-je, innombrables chœurs Hardcore donne une pèche incroyable. C'est ça : ce disque est un condensé d'énergie positive, une sorte d'amphétamine sonore parfaite pour démarrer la journée. Le fait qu'au niveau batterie, la caisse claire et les cymbales soient bien plus utilisées que la grosse caisse allège les morceaux tout en gardant leur ardeur vindicative via les tempi élevés. En fait les morceaux sont tellement punchy et de bonne humeur qu'on s'imagine facilement parmi les chœurs en train d'accompagner Lou Koller pendant l'enregistrement. Ceci est certainement dû au fait que les vocaux et notamment ceux des choristes qui répondent abondamment à Lou sont largement mis en avant.

Cet album donne l'impression d'être plus léger, bien qu'il soit mordant, les compos ne perdant pas en abrasivité, on ressent quelque chose que NOFX aussi sait bien transmettre, une sorte de foutage de gueule général et convivial. Plutôt que d'exprimer une colère mortellement sérieuse contre la société, cet album prend le parti de se moquer de façon insolente comme on peut faire entre copains hilares et irrévérencieux.

D'ailleurs les thèmes abordés, toujours aussi graves sont habilement pris à la rigolade, comme on dit, mieux vaut en rire qu'en pleurer. "2061" parle clairement du onze septembre 2001 et se demande qui sera là dans soixante ans quand la vérité sera révélée, si les responsables seront jugés, drôle de manière de parler d'un sujet si controversé sur un ton aussi dérisoire. Évidemment on n'évitera pas la piste qui parle de l'histoire du groupe, "Road Less Traveled", un hymne revigorant qui raconte comment SOIA a toujours dénoncé les agissements des USA et que tu peux faire pareil ! Je me moque mais j'aime beaucoup les thèmes abordé par SOIA, les paroles de "Part Of History" accusent quand même le gouvernement des USA de sacrifier leurs citoyens et de s'entretuer ("eat their own") pour les besoins de plus grands desseins ("dark agenda"), c'est pas des accusations mineures.

Et franchement je ne pense pas que les SICK OF IT ALL écrivent leurs paroles à la légère, s'ils le chantent c'est qu'ils en sont convaincus ; la preuve, le premier morceau "Sound The Alarm" est là pour nous rappeler de nous réveiller de notre confort où tout parait nickel et de commencer à se poser des questions en rapport avec ce qu'ils dénoncent.

Voilà ce qui est génial avec SOIA, ils allient de très bons textes engagés et acerbes, toujours d'actualité, avec des compositions hyper efficaces, agressives tout en étant accrocheuses. Ce "Last Act Of Defiance" m'a vraiment enchanté. Là où MADBALL s'empâte un peu, SOIA est encore sur la brèche, énergique comme si c'était leur premier disque, si j'étais né de la dernière pluie, j'aurais dit que ces types-là avaient la vingtaine, le Hardcore conserve apparemment. Longue vie aux SICK OF IT ALL, qu'ils ne perdent jamais leur verve dissidente !