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1986 666

KAT - 666 (1986)
Par CITIZEN le 7 Janvier 2015          Consultée 3219 fois

3 lettres- KAT ("bourreau" en polonais) ; 1 chiffre, le seul qui compte, trois fois répété - 666 ! Facile d’en faire la propagande (apprenez par cœur cette phrase super utile pour emmerder vos amis : "haaaan mais tu connais po six six six de KAT ???"). KAT, un nom qui n’évoque rien à la plupart, est pourtant un des plus célèbres groupes de l’ancien bloc soviétique, qui se remue depuis 1979 et peut encore être aperçu sur scène de nos jours. Une scène presque à portée de main et dont on fait pourtant peu de cas ces jours-ci, alors que les pays d’Europe centrale et de l’Est ont eux aussi engendré leurs légions de sales combos qui pratiquent tout le spectre du Metal contemporain jusqu’à atteindre en temps honorable les avant-gardes du proto Thrash/Black, et si le vent n’a pas trop porté la plupart de ces noms vers l’Ouest (même phénomène qu’avec les scènes françaises et toutes les autres non-anglo-saxonnes) le nom est tout ce qu’il y a de plus culte en Pologne (le Nightfall local a sans doute son citizen local qui fait des tartines à leur gloire). Pour vous éviter d’avoir à défricher ce genre de combos au petit bonheur la chance en vous cassant le dos à vous pencher sur des bacs de vieux vinyles dans les festivals du coin (sérieux comment on fait pour entendre parler d’un DEBUSTROL autrement ? Si quelqu’un a seulement rencontré un type qui connait un type qui écoute (un peu) ça signalez-le je me coucherai moins bête), je commence par le plus facile, le plus brillant, le plus ostentatoire (aaargh l’illustration de la pochette), le katissime KAT !

Hélas niveau bio on va déjà mettre la hola now, à moins d’avoir des amis collectionneurs de zines c’est plutôt difficile d’avoir des anecdotes à raconter, vous ne saurez pas si le batteur s’est cassé un ongle en studio ou si le chanteur a renversé sa verveine sur la console, et de manière plus générale n’aurez pas de détails concernant l’existence pour des jeunes assoiffés de Metal dans le bloc soviétique, vu depuis l’Europe de l’Ouest et vingt ans plus tard c’est assez ténébreux surtout quand nos images sont celles de la Stasi dans les pays d’à côté, des queues de cent mètres pour des lacets et les cassettes des ROLLING STONES à se faire passer clandestinement, donc comment ces mecs ont pu intégrer cette esthétique et assurer à ce point c’est un mystère, la réalité doit être trop complexe pour le cadre d’une chronique et je continuerai à me trimbaler ces questions qui n’intéressent pas grand monde jusqu’à ce qu’un gars ponde une thèse genre "Speed Metal from hell in Warsaw pact countries, 1980-1990" (camion noir si t’es là ça nous changera de la Xème biographie de Lemmy).

Là où je voulais en venir, en un mot comme en cent, c’est que rétrospectivement un tel album produit dans les circonstances que l’on connaît paraît assez déplacé. Mais KAT a l’artillerie nécessaire pour exploser nos idées préconçues, même si pour l’essentiel seul le public local a su en profiter, lors de tournées aux côtés de groupes plutôt classes tels que oh METALLICA, OVERKILL, RUNNING WILD... Avec lesquels je dirais qu’ils faisaient jeu égal ! "666" vous renvoie aux mêmes sensations primitives avec un son bien déchiqueté qui me rappelle celui d’un "Suprématie" ou "War And Pain", excusez du peu, ultra daté et limite insupportable selon les standards actuels ! Et SURTOUT qui met l’accent sur un riffing super serré, nerveux, qui fourmille dans ce disque qui ne cesse jamais jamais d’impressionner dès son départ en trombe, un début d’album des plus douloureux et des plus mémorables que je peux citer là tout de suite.

KAT est sauvage dans ses délires rapides et se lâche complètement sur des titres comme "Noce Szatana", écoutez-le et profitez-en pour vous vous attarder sur la violence avec laquelle le solo de "Morderca" déboule ou sur l’efficacité insensée des sifflets complètement hors sujet qui sortent de nulle part sur "Czarne Zastepy"... quelques-uns seulement des détails de titres speeeeds qui me mettent à terre à chaque fois. Et KAT sait se faire mystique lorsqu’il ralentit, ce qu’il fait assez souvent sur des marches épiques comme "Czas Zemsty", une ambiance également émulée sur "Morderca" avec ses chœurs majestueux, à moins que ce ne soit le vent dans les sapins, qui à quelques secondes près cohabitent avec des cris de douleur : KAT est versatile et surprend à tout va, démontrant une inspiration dense, un sens de l’urgence constant, des ingrédients condensés au maximum qui cristallisent une ambiance hystérico-morbide également portée par une voix folle qui alterne entre vampirique et sépulcrale ou cris étranglés sur des rythmes insensés, écoutez un peu Roman égrener les trois chiffres "6… 6… 6…", dites que vous voyez pas un mec desséché en train de crever sous le cagnard !

Puis avec les paroles en polonais et les vociférations incompréhensibles, l’album étant la version locale de "Metal And Hell" (dont le titre est tout aussi approprié), vous avez l’impression d’être tombé nez à nez avec Nosferatu ! La traduction faite, c’est-à-dire le surcroît de w et de z viré, " ces titres passeraient parfaitement un peu plus à l’Ouest chez les cousins allemands de la même époque. Une ambiance qui renvoie sans doute à VENOM mais avec des musiciens incomparables même si l’attitude est moins délirante ; hémophiles rangez vos membres qui traînent, l’acier raffiné de KAT explore les mystères de la nuit loin des villes, un truc qu’on voit plus situé dans les montagnes de Transylvanie voisine qu’en Pologne: tours effilées, pierres humides, chaînes qui pendent des oubliettes, couloirs oppressants où rôde la Comtesse Sanglante, bref une question de patrimoine ! De la sorte ça sonne peut être un peu austère, mais l’envie des musiciens de faire constamment flamboyer leurs excellents soli ou revenir sur les tempi maxi balayent régulièrement les ambiances les plus cryptiques et imposent des champs de bataille hauts en couleurs.

Je n’en dis pas plus, m’effaçant devant la grandeur de "666", le monument de Metal que KAT ils ont piqué tout l’acier du rideau de fer et des tanks du pacte de Varsovie pour l’élever, le secret de l’acier version pays de l’Est en somme ! Redécouverte obligatoire et gaule massive garantie, et si vous avez plus de soixante ans vous devriez quand même avoir des picotements ! Alors aujourd’hui je vous file clés en main votre nouvel album de chevet, passez pas à côté !

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- Piotr Luczyk (guitare)
- Roman Kostrzewski (chant)
- Wojciech Mrowiec (guitare)
- Tomasz Jaguś (basse)
- Ireneusz Loth (batterie)


1. Metal I Piekło
2. Diabelski Dom Cz. I
3. Morderca
4. Masz Mnie Wampirze
5. Czas Zemsty
6. Noce Szatana
7. Diabelski Dom Cz. Iii
8. Wyrocznia
9. Czarne Zastępy
10. 666



             



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