Eh bien, un groupe de Black belge ! Ils ne courent pas les rues, alors quand on a la chance d'en croiser un... de cette qualité en plus, il faut l'accoster et l'interroger ! Avec SAILLE en plus, vous êtes certain d'avoir une conversation animée, constructive, qui vous marquera longtemps tant cette bête mélodique en a sous la peau.

"Ritu" est le second album du sextette et laissez-moi vous dire qu'on tient là un jeune taureau qui a envie d'embrocher rapidement tout ce qui bouge ! SAILLE a offert au monde un rejeton qui hurle avec assez d'aplomb pour être entendu haut et fort, pour être apprécié comme il se doit. C'est simple : "Ritu" est la symbiose de tout ce que vous aimez dans ce style, point barre. Un espèce de « meilleurs moments » du Black Mélo/Sympho réuni en un seul album de neuf morceaux et 47 minutes.

SAILLE est étiqueté Black Sympho, mais si vous voulez mon avis, il est davantage Black Mélo (au moins à 75%), bien que les éléments symphoniques injectés par le très doué Dries Gaerdelen soient assez nombreux pour tromper les néophytes. J'ai plutôt entendu un nouveau maestro d'un de mes sous-genres préférés : le Black Mélo épique, puissant et coloré de plusieurs instruments (cordes surtout et guit' acoustique), ce qui rend l'album universel et intemporel. Surtout beau et bourré de passages mémorables.

Contrairement à mon habitude, je vais détailler mon podium pour vous mettre le sang aux lèvres...

"Subcutaneous Terror" est possiblement une des meilleures pièces de Black Mélo que j'aie entendue. Quelle orgie, mes aïeux ! Une véritable avalanche de riffs et mélodies aussi épiques qu'angoissants, une agression aérienne des plus recherchées ! Pendant six minutes, on tournoie dans une tornade dont on ne ressortira que vachement secoué. La trame sonore de la fin du monde, d'un point de vue nostalgique... À vous envoyer sans ménagement, les yeux fermés, perdu dans ces couches de bonheur et ces soli déments.

"Sati" débute sur des notes tristes et magnifiques de violoncelle qui s'envolent pour laisser place à des grattes lentes et lourdes et un de ces instruments à cordes indiens dont je ne me rappelle plus le nom. Superbe mix. La pièce se poursuit avec une autre tempête mélodique offensive et passionnante comme on a toujours rêvé d'en écouter. SAILLE a vraiment trouvé ce qui se fait de mieux en termes d'ambiances pour du Black Mélo sur "Ritu", l'expérience est des plus plaisantes.

"Ritual Descent" clôture l'album avec la même énergie et noirceur que le reste du skeud. Elle donne envie non seulement d'y replonger, mais crée un besoin irrépressible chez l'auditeur conquis d'en bouffer davantage à l'avenir. Après une intro d'une minute, le morceau s'élève furieusement comme les autres, alors que l'orgue, les hurlements et les grattes instaurent un climat dantesque, intense, près du recueillement. Un final magique à un album aussi surprenant que palpitant.

Vous serez aussi impressionné par "Blood Libel", qui a fait l'objet d'un clip, l'espèce de « western Black » en mid-tempo "Fhtagn", et les mélodies incendiaires et solennelles de "Upon The Idol Of Crona" et "Runaljod". Que de jus en neuf titres ! Et quelle densité sonore, quelle richesse au niveau des arrangements, chaque détail a été pensé et repensé pour assurer un voyage extraordinaire.

SAILLE a tout ce qu'il faut pour se rendre dans les sphères supérieures du Black Mélo, voire Sympho. Sa facture n'est peut-être pas unique, mais les subtilités dont elle est pimentée rendent "Ritu" incontournable. Un classique en devenir.

Note : 4,5/5.

Podium : (or) "Subcutaneous Terror", (argent) "Sati", (bronze) "Ritual Descent".