Je n'ai pas chroniqué beaucoup de EP parce que c'est évidemment beaucoup moins excitant que de se farcir un album, que ça me laisse souvent sur ma faim et que c'est une perte de temps. Sauf… quand le EP est déguisé en mini-album, comme ce fut le cas pour "Mafia" de FLESHGOD APOCALYPSE avec ses cinq titres à se repasser en boucle, ou quand le groupe qui le sort vous est cher. Ce "The Malefic" est un savant mélange des deux catégories pour moi.

D'abord, il offre vingt minutes de musique, ce qui déjà est pas mal si on considère que le premier album du groupe, l'excellent "In The Flesh", faisait 29 minutes !

Et ce groupe, c'est NADER SADEK, projet fort original d'un type, Nader Sadek, qui écrit les morceaux, imagine le concept et s'occupe de la direction artistique sans jouer une seule note. Il a plutôt réuni des musiciens de grand talent pour accoucher de monstrueuses pièces Death Metal bien pétrolifères et violentes. Flo Mounier (CRYPTOPSY) derrière les fûts, Travis Ryan (CATTLE DECAPITATION), qui remplace Steve Tucker au micro, et Rune Eriksen (AURA NOIR) à la guitare. Avouez que…

"In The Flesh" m'avait complètement jeté par terre avec son ambiance caverneuse que j'aurais bien vue en bande sonore du film There will be blood. La qualité des compos s'alliait à merveille avec la fresque peinte par Sadek, alors on était en droit d'exiger du matériel aussi géant trois ans plus tard. Aussi unique dans le fond, devrais-je ajouter.

"The Malefic" livre la marchandise musicalement parlant, mais côté conception, difficile de s'y retrouver. Oui, la patte organique et bestiale de ce Death des catacombes plane encore, grâce au riffing véloce d'Eriksen et à la double pédale mémorable de Mounier, mais il manque évidemment l'enrobage d'un album. Et à part "In The Flesh", il n'existe aucun autre comparatif, alors il est clair que la sève des morceaux ambiants qui instauraient ce climat terrifiant qui m'a tant marqué est absente.

Je me contente tout de même de cette offrande de Sadek à ses fans, car elle est de bonne qualité. Il y a assez de groove, de saleté et de technicité sur cet EP pour casser des dents et estropier des cervicales. J'apprécie particulièrement les deux derniers morceaux, "Entropy Eternal" pour ses riffs boueux et cinglants, et "Descent", qui montre ma foi un « nouveau » visage plus calme, plus aérien, chez NS. Espérons que c'est le premier de plusieurs futures réussites de cette teneur, toute aussi malsaine que le NS énervé et possédé.

Si vous voulez avoir une idée de ce que NADER SADEK a dans le ventre, allez mater la vidéo d'enregistrement de "Deformation By Incision". Vous (re)découvrirez que ces zicos sont de sacrés matadors, surtout Ryan et sa gorge de taré et Mounier, grand maniaque technique capable de tout telle la pieuvre qu'il est.

Allez, un gros 3,5/5 arrondi à l'inférieur parce que… Référez-vous à la première ligne de cette chro !