Tant de pertes humaines… La plupart du temps en vain. Ce qu'on devait considérer comme des sacrifices jadis (au Dieu du soleil ou au feu nourri des avions allemands Messerschmitt) passent maintenant pour des martyrs de l'imbécilité de la race humaine. Des sacrilèges. Et il n'y a pas de meilleur style que le Death Metal traditionnel, polonais de surcroît, pour nous le rappeler.

De la colère trempée dans le type de Death le plus accrocheur qui soit, voilà de quoi vit le jeune CALM HATCHERY. Après avoir joué les bons petits soldats avec "El Alamein" en 2006, le revoilà quatre ans plus tard avec la même bonne vieille formule. Si sa musique est encore teintée de cette indélogeable empreinte war metal, autant dans les compos que les textes, le cadre s'élargit et dresse un portrait plus global des conflits ayant strié l'histoire. Ça se ressent peut-être peu quand on est frappé de plein fouet par le groove meurtrier des Polonais, mais comparé à "El Alamein", ce disque laisse des marques plus bariolées. Il n'est pas nécessairement meilleur, mais s'éloigne des roulières du premier effort du quintette, qui n'a subi aucun changement depuis quatre ans, un bon signe.

Après la petite et agréable intro désertique "Rattlesnake's Dream", CALM HATCHERY reprend là où il avait laissé avec "El Alamein" et se fraie un chemin à travers une mer d'influences. Impossible de ne pas citer une fois de plus NILE, CANNIBAL CORPSE, VADER ou BOLT THROWER, le groupe en est un vibrant condensé. Les habitués du Death polonais seront ainsi surpris, car on est loin de la vague technique ou death/black ; on demeure dans le traditionnel, mais boursouflé de soli et cassures constantes, de guitares hurlantes de disto, d'une griffe exotique à l'occasion et surtout, d'une rythmique menée tambour battant afin de ne pas s'éloigner de la thématique principale : la guerre.

CALM HATCHERY exploite ainsi divers tableaux, de la débâcle charcutant tout sur son passage comme un tank ("Sea Of Truth", l'excellente "We Are The Universe", "Them" et "Lost In The Sands" et leur parenté NILienne) aux mid-tempos et morceaux plus recherchés ("Messerschmitt", "Hymn Of The Forgotten" et "The Blood Of Stalingrad", une conclusion idéale à la HAIL OF BULLETS). La majorité des pièces sont courtes, sans flafla, du bourrinage en règle ne laissant pas beaucoup de place aux respirations d'aise.

"Sacrilege Of Humanity" ne passionne évidemment pas du début à la fin, rares sont les albums de Death trad' qui réussissent. L'hétérogénéité des textes n'englobe pas entièrement la musique, même si ça part dans tous les sens, et les mélodies sont parfois immolées sur l'autel de la gratte enflammée. Un peu dommage. Des pièces comme "Mirror Giants" auraient pu être effacées au profit de dominatrices telles que "We Are The Universe", davantage colorée. Idem pour "Lost In The Sands", malgré un plagiat presque trop flagrant sur les dieux du Death égyptien. Le plagiat, involontaire, se fait aussi entendre sur "Shine For The Chosen" One", dont le génial riff est cloné sur du VADER, à moins que j'hallucine...

CALM HATCHERY continue donc sa route, sa recherche sonore. Si "El Alamein" était plus enclavé dans un blindage guerrier, "Sacrilege Of Humanity" montre plus de visages de l'hydre. Les Polonais devront toutefois trancher quelques têtes pour ne garder que celles qui lui conviennent vraiment. Je demeure confiant qu'ils sauront élaguer avec précision.

Note: 3,5/5.