Après avoir tenté de devenir SAXON à la place de SAXON au début des années 2000, Graham Oliver et Steve Dawson ont fini par se faire à l'idée. La carrière du mastodonte du Heavy britannique se déroule très bien sans eux, Biff Byford régnant en maître sur l'institution. Finalement, les deux qui font la paire parviennent à faire de OLIVER/DAWSON SAXON un groupe qui avance, et qui cesse de regarder dans le rétroviseur. Si "Motorbiker", publié en 2012, est pétri de l'identité de l'ancien groupe des deux bonhommes, ces derniers proposent du matériel neuf loin d'être déshonorant, synonyme de nouvelles perspectives.

Ce "Blood And Thunder Live", qui contient du matériel enregistré sur diverses dates allemandes en 2013 (ainsi que lors d'un show à Barnsley), renvoie O/DS à son statut du tribute-band de luxe. Sur les 14 titres qui constituent cette nouvelle offrande des vétérans brittons (parmi lesquels deux interludes instrumentaux), seuls deux titres ne sont pas tirés du répertoire de SAXON. Lorsque l'on tente de se construire une carrière sous son nom propre, voici qui pose un léger problème. D'autant plus que ces deux titres sont fort bien choisis : "Past The Point", tiré de l'album de SON OF A BITCH de 1996, est une véritable tuerie. Un titre énergique au refrain imparable qui, s'il souffre d'un mixage approximatif (mais malgré tout potable), voit le groupe proposer une ouverture bluffante. Le nouveau chanteur, Brian Shaughnessy, remplace fort avantageusement le poussif John Ward qui ne manquera pas à grand monde. Cette voix charismatique, imposante, évoque bien entendu celle de Biff, mais force est de reconnaître que ce Brian est un vrai bon chanteur, qui semble parfaitement à son aise sur le deuxième morceau non issu d'un album de SAXON, "Whippin' Boy", titre un peu bourru et bourrin qui fait le job sans bluffer.

Restent donc 8 titres tirés du répertoire de SAXON. C'est beaucoup, d'autant plus que O/DS se contente d'aligner les classiques comme des perles. Si la première moitié de l'album laisse naître un espoir, le groupe jouant les rares "Everybody Up" (album "Innocence Is No Excuse") et "Redline" (album "Power & The Glory"), il se met ensuite à enchaîner les évidences. "Crusader" et "Dallas 1 pm", bien sûr, il faut du mid-tempo, "Motorcycle Man" et "Denim & Leather", bien sûr, il faut du tube historique, "Princess Of The Night" et "And The Bands Played On", évidemment, il faut du fédérateur. Tout cela est joué avec une véritable virtuosité et une authentique envie de rendre hommage au patrimoine musical de SAXON, ce qui fait passer la pilule avec une décontraction certaine, et permet de passer outre certaines libertés prises avec le mixage, le public étant parfois "oublié" comme sur l'instrumental "Fetzen Fliegen V" qui sent bon le réenregistrement studio.

Reste que le public visé est assez restreint. Que l'on soit amateur de la musique de SAXON et que l'on apprécie cette mouture du O/DS est tout à fait envisageable, il serait même dommage de passer à côté au vu de la qualité du line-up actuel du combo. Que l'on envisage ce groupe comme une finalité et un objet d'attention à part entière reste néanmoins bien peu probable, puisque Graham Oliver et Steve Dawson semblent engoncés, et ils le prouvent sur ce Live, dans une saxonite aiguë qui ne permet pas de les envisager autrement qu'en tribute-band de luxe. Une sortie bien foutue et sympathique malgré tout.