Les frères Casali ou les DREAM THEATER italiens ? N’est-il jamais réducteur, ou en tout cas mauvais signe, de devoir résumer le travail de deux artistes à celui de ses maîtres ? Le premier opus d’ASTRA tentait d’exister sans pouvoir s’affranchir de la présence prégnante des fleurons du Metal Progressif, lorgnant beaucoup sur PAIN OF SALVATION et DREAM THEATER. Trois années seraient sans aucun doute salutaires pour réviser sa copie et laisser mûrir son art.

"From Within" vient nous montrer le chemin qui peut être parcouru pendant ce temps-là. On a fait fi de toutes les influences voyantes pour proposer un Metal Prog plus efficace, direct qui lorgne clairement vers le cousin DGM. La prestation d’un Titta Tani au sommet de son art n’y est sans doute pas étrangère. Plutôt que d’essayer à tout prix de sonner différemment comme c’était le cas sur le premier album, on retrouve le grand Titta de "Misplaced". Cela se fait au prix d’un gros sacrifice : le vocaliste décide à ce moment-là de quitter DGM pour se concentrer sur ASTRA, ce qui explique aussi le retour de flamme vocal perceptible sur les dix titres de "From Within".

Du coup on se retrouve, au vu du style pratiqué, dans un état d’esprit étrange ; car ce sont peu ou prou deux incarnations de DGM que nous avons là. Emanuele Casali, s’il glisse encore quelques plans à la Derek Sherinian ("Save Another Day") a adapté ses sons et sa technique de jeu, identique à celui qu’il pratique dans DGM. Et malgré l’impulsion plus nette de Simone Mularoni sur la formation romaine, on retrouve à peu près les mêmes composantes dans ASTRA. À peu près ; car ce dernier est sans doute un peu plus soft, rehaussé parfois de lignes de chant assez FM, impression renforcée par les chœurs des frères Casali. Comme un DGM qui n’aurait justement pas pris le virage moderne de "Different Shapes" impulsé par Mr EMPYRIOS.

Disons qu’Emanuele a trouvé le bon moyen de continuer à sortir de la musique régulièrement sous deux avatars. Quel petit malin ! Si je ne parle pas de lui, Silvio D’Onorio De Meo est un guitariste fort compétent, qui quand il part en solo de concert avec son claviériste/guitariste, possède ce jeu à la fois précis et fin, seyant parfaitement au Prog d’ASTRA. Et plus j'écoute cet album, plus j’ai l’impression d’écouter le DGM de la période "Hidden Place"/"Misplaced".

Les compos sont admirablement agencées, efficaces et surprenantes, et tentent néanmoins d’allier un côté DREAM THEATER latent par endroits ("Save Another Day", "Road To Nowhere") apportant pour le coup de la variété à la musique du groupe. C’est vraiment du côté vocal qu’ASTRA emporte la timbale avec ce deuxième opus. L’alliance des chœurs et de Titta Tani s’avère redoutable. Et c'est même délicieux sur le final "Never Say Goodbye", QUEEN-esque au possible. Ce chanteur a le sens de la mélodie qui tue, et fait plein étalage de son talent sur "From Within". Le jour et la nuit avec "About Me: Through Life And Beyond". Voilà un album réjouissant et varié, qui ne sonne pas prise de tête et mérite bien ses quatre étoiles à la fois pour la qualité et l’évolution épatante réalisée en trois ans.

Il réussit mieux en 2009 que DGM avec son "FrAme" qui a le défaut de sonner hétéroclite et déséquilibré. ASTRA avec ce deuxième opus, apparaît un peu comme le GAMMA RAY du Heavy Prog italien, avec vingt ans de décalage.