Allez BOUM. Le fin fond de la suède. Le retour aux origines.
Il est étrange que personne n'ai parlé d'EXCRUCIATE jusque là. Qu'avec quelques 15 ans d'existence de NIME (!) aucun Possopo, Julien, Mox, Gorr ou que sais-je comme bestiau ne se soit penché là-dessus. Parce que pour être un groupe important aux origines ça l'est, bien qu'au moment de la sortie de "Passage Of Life" tous les aspects historiques et pionniers soient un peu derrière.
Parce que mine de rien, le groupe fondé en 1989 a quand même été plus ou moins le premier combo de Christofer Johnsson, le maître à penser de THERION et l'une des grandes figures du début du Death, présent sur les premiers enregistrements. Tout comme le bassiste émérite Fredrik Ikasson qui servira au sein du groupe pré-cité tout comme dans GRAVE. Je vous recommande d'ailleurs parfaitement les premiers travaux du groupe, bien vénères et officiant dans une veine ricaine bien palpable et puissante qui se perd totalement ici.

Car en 1993, pour leur premier full-length, EXCRUCIATE s'est au final contenté de faire comme tout le monde, mais après tout le monde. Bien qu'enregistré fin 91, les aléas ont bien retardé la sortie de l'opus, et au final ce dernier a frappé beaucoup trop tard pour être vraiment entendu. Ce qui est assez ballot au final vu qu'en y réfléchissant ils étaient presque là avant. C'est ça de prendre son temps, on se fait juste doubler et on rate le coche, en musique ça pardonne pas d'avoir quelques années de retard dans un genre tout juste amorcé, parce qu'on se fait juste qualifier de plagiaires même si l'intention était pas là.
Du coup, on prend le chemin du Sunlight Studio pour avoir strictement le même son que tous les groupes de Death Suédois de la terre, et on sort tout ça chez un Thrash Records sur le déclin orné d'une pochette superbe à l'esprit HR Giger bien prononcé malgré un logo hideux de chez hideux comme on en voit rarement. Et par derrière, c'est du classique de chez classique, et du coup bah... Bah ça rame un peu parce que ça a du mal à tenir la comparaison.

"Passage Of Life", c'est pas compliqué, c'est juste un autre "Left Hand Path" ou "Dark Recollections" en un peu moins bien. Certes ça blaste un peu plus façon GRAVE. Mais c'est tout ce qui démarque le combo. Et là c'est un peu dur parce que comment dire, les albums cités sont sortis quoi, 3 ans avant ? Ce qui est parfaitement suffisant pour tous les amateurs de Death Metal pour les connaître par cœur, personne a besoin de la même chose en moins bien avec en plus du retard. En 1993, heure où les grosses pointures commencent déjà à se détourner et où toute la scène part un peu en vrille tout en gardant sa suprématie (le Mélodeath et le Black Norvégien ont pas encore tout conquis), un tel album a quand même un mal fou à se faire une place et ce malgré ses qualités. Genre oki y a des titres juste énormes, l'opener "Confused Mind" étant une putain de tuerie et le hit "Eternal Incubation" avec ses riffs martelés et ses putain de gimmicks torturés faisant mouche à coup sûr. Et à côté c'est puissant, produit à la tronçonneuse avec brio, un chant très intelligible virulent dans ses éructations, tout ça, mais non.

Si "Passage Of Life" sortait comme un album de Revival en 2012, nul doute qu'il serait accueilli les bras ouverts. D'ailleurs c'est un peu comme ça qu'il a été accueilli dernièrement avec ses rééditions régulières qui le font tout le temps revenir sur le devant. Mais là en l'état, le tout est bien trop pépère pour marquer suffisamment les esprits. L'album dispose de ses tubes et reste carrément agréable à l'écoute de part sa puissance certaine, mais merde qu'est ce que c'est balisé tout ça. On nous envoie sans cesse à la tronche des riffs déballés tranquillement, alternés avec des déchaînements de batterie qui tabassent mais de manière trop prévisible pour vraiment nous rouler dessus ("Anatomical Self-Fertilisation" est totalement symptomatique) et au final manque de véritable déroulement, de spontanéité, d'esprit Punk que pouvait avoir un ENTOMBED au style pourtant bien trop proche ; ça finit par être fatal. Des riffs de qualité, quelques excellents titres, mais une manière de voir le truc au final sans génie et trop balisée pour tenir tête à la concurrence.

Donc voilà, "Passage Of Life" c'est pas dégueu quand on est pas exigeant. De loin y a de quoi manger, c'est la Suède, c'est le Sunlight, et y a des grosses séquences qui bourrent, alors du coup forcément on a de quoi être content. Sauf qu'en pratique le tout reste privé de toute forme de véritable génie et tout ça s’enchaîne au final trop simplement pour vraiment faire mouche.
Entre la musique cool mais au final ne transcendant rien et la valeur historique ratée de peu, EXCRUCIATE n'est tout simplement pas assez marquant pour attirer autre chose que le mordu terminé qui a trop saigné ses classiques et a besoin de sa dose impérativement. Et le split du groupe à peine quelques semaines passé la sortie de son opus n'a pas aidé...
Bref, pour la culture, pour faire genre on est incollable sur la scène du coin, mais guerre davantage. Lire cette chronique devrait suffire, vous dites que ça ressemble à CARNAGE avec des blasts si on vous pose la question dans une réunion entre patchés scandinaves et zob vous brillez amplement.

Zob : un album perdu dans les Suèderies ambiantes et, bien que regroupant tout ce qui faisait le succès de la scène, ne dispose tout simplement pas du génie suffisant pour faire la différence...