Depuis le temps que je veux vous parler de ce combo… Faut dire que je chronique très peu de de Death Metal, et il a fallu que je tombe sur un groupe qui prend un malin plaisir à retrousser ses manches pour aller fouiller dans diverses niches de l’extrême…
Il faut dire qu’avec cet artwork de Stan W.Decker et la présence derrière les fûts d’Aurélien Ouzoulias (MÖRGLBL, SATAN JOKERS), il y avait de quoi me motiver. J’écoute cet album à intervalles réguliers depuis sa sortie et je vais essayer de vous décrire le plus fidèlement ce que "The Time To Do Better", deuxième opus des Parisiens, m’a évoqué.

Déjà la première chose évidente, c’est le riffing de forcené de Pierre-Jean Toty, infatigable avec son goût prononcé pour la vitesse. C’est ainsi qu’on pense assez vite à AT THE GATES, mais surtout The HAUNTED pour le côté plus arraché et Hardcore. Car oui, LOKURAH est a priori une formation plutôt Death (avec une bonne dose de DEATH et de MORBID ANGEL), on retrouve parfois quelques passages moins brutaux hérités du Swedish Death. L'album contient d'ailleurs une reprise du "Bleed" non pas de MESHUGGAH mais de EDGE OF SANITY. En sus vous y ajoutez des rouleaux-compresseurs interrompus par des harmoniques, et vous vous retrouvez avec un "Last Resort" ou un "Rewriters Of Truth" à la croisée des chemins, quelque part entre MACHINE HEAD et GOJIRA. Ajoutez à cela un bon concentré d’énergie Hardcore et vous avez LOKURAH.

Reposant visiblement sur des musiciens aux goûts variés, la performance de LOKURAH est d’avoir réussi à façonner un mélange stylistique digeste et très énergique. Rien que le fait d’écouter Julien Da Silva éructer tout au long des onze titres (je ne compte pas l’instrumental "From 10PM To 1AM") épuisera n’importe quel coreux vu qu’on va plus chercher du côté des Tomas Lindberg et Jamey Jasta que des horripilants Oli Sykes ou autres metalcoreux qui me font saigner des oreilles par leur manque de personnalité. Les morceaux sont ainsi surprenants, et on ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre au détour d’un riff, car l’enchaînement, sans désarçonner l’auditeur, donne un second souffle aux titres. On a ainsi la sensation d’écouter des titres à tiroirs alors qu’ils sont tous relativement courts.

Ainsi "The Time To Do Better" fait un peu le même effet qu’une baffe de Bud Spencer et son écoute plaisante vous videra tout de même de votre énergie. Le seul reproche que je ferai au groupe tient au manque de passages proprement marquants. En effet si Pierre-Jean Toty est un riffeur-né, il n’y en a pas beaucoup qui vous donnent envie d’être fredonnés après écoute de l’album. J’ajouterai que l’adjonction parcimonieuse de vocaux clairs arrachés façon Hardcore a une fâcheuse tendance à donner l’impression que le groupe s’essaie maladroitement au Metalcore, histoire de sonner actuel… Mais n’est pas AUGUST BURNS RED qui veut. Surtout que LOKURAH n’a pas besoin de passages en son clair ou de chant mélodique pour fourbir ses armes. Si les Parisiens parviennent à rendre leur riffing mémorable (efficace il l’est déjà), et qu’il continue de développer son potentiel, je pourrai sans doute leur délivrer une quatrième étoile dans le futur.