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DEATHCORE  |  STUDIO

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2019 The Valley
2021 Kin
 

- Style : Job For A Cowboy, After The Burial, Carnifex
 

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WHITECHAPEL - Kin (2021)
Par DARK BEAGLE le 3 Février 2022          Consultée 1808 fois

Si aujourd’hui le quartier londonien de Whitechapel attire bon nombre de touristes, c’est grâce à ce bon vieux Jack qui taillait dans le gras des prostitués à la fin du XIXème siècle tout en narguant les autorités policières. Il existe de nombreux ouvrages à ce sujet, mais j’avoue que le "From Hell" d’Alan Moore m’avait particulièrement scotché. Le dessin d’Eddie Campbell est rêche, abrasif, mais les suppositions de Moore sont des pistes qui, si elles peuvent légitimement être mises en doute, méritent d’exister et rajoutent encore plus à ce mystère qui ne sera probablement jamais élucidé. Autre attraction, mais américaine cette fois-ci, le groupe WHITECHAPEL, dont le nom est un clin d’œil évident à ce quartier, publie avec "Kin" son huitième album, qui reprend les affaires là où "The Valley" les avait laissées.

Depuis 2016 et "Mark Of The Blade", la formation évolue vers des choses bien plus mélodiques, avec notamment ce chant clair qui se veut toujours un peu plus présent et des incursions dans des univers sonores auxquels nous ne nous attendons pas forcément. Le Deathcore des débuts n’a pas été gommé pour autant, mais ce n’est pas "Kin" qui va rassurer sa fan base originelle, celle qui suit le groupe depuis ses débuts en 2007. Pourtant, le succès est toujours au rendez-vous pour la bande à Phil Bozeman ; pour un vieux fan de perdu, elle en récupère deux, voire trois. Nous pourrons évoquer que les musiciens vieillissent, qu’ils veulent passer à autre chose, défricher de nouveaux horizons pour ne pas stagner, tourner en rond. Nous pouvons également supputer que les modifications se font en fonction de l’aspect émotionnel que cherche à véhiculer le groupe ; WHITECHAPEL n’est pas que colère à l’état brut, il est également déchirures et blessures profondes, qui ne cicatriseront jamais vraiment.

C’est pourtant à une espèce de suture que se livre Bozeman ici. Ou peut-être à un exorcisme, si nous préférons chercher quelque chose de plus spirituel. Dans "The Valley", il évoquait sans phare sa jeunesse, absolument terrible et horrifiante, du genre que Stephen King aurait pu imaginer, mais en pire. Si vous cherchez d’où provient sa colère, qu’il retranscrit parfaitement dans son growl, vous trouverez la réponse dans les textes du précédent album, qui ressemble de plus en plus à une catharsis à mesure que le temps s’écoule. "Kin" s’inscrit dans cette lignée, avec toujours une recherche mélodique plus marquée, mais cette fois-ci, Bozeman se place dans une espèce de "What If?" : cette façon de réécrire l’histoire en fonction de choix différents, de décisions importantes qui connaissent d’autres dénouements. Cela reste douloureux, certaines choses étaient trop mal engagées pour présenter d’autres conclusions, mais pourtant "Kin" va se montrer plus lumineux.

Ne vous fiez pas aux arpèges qui ouvrent l’album. "I Will Find You" s’inscrit dans un schéma Deathcore auquel WHITECHAPEL nous avait habitués même si nous avons déjà connu le groupe plus vindicatif. Bozeman est égal à lui-même derrière son micro, c’est-à-dire qu’il livre une prestation très convaincante. Son growl a toujours été assez intelligible et cela reste une de ses qualités majeures. Quand tu veux véhiculer quelque chose, tu fais attention à ce que l’on puisse te comprendre. Mais très vite, il apparaît que ce dernier se plaît de plus en plus dans un standard plus clair. Et à ce niveau, il assure également, là où il aurait pu ne pas évoluer en l’espace de deux ans. Non, au contraire, il s’est grandement amélioré et le contraste entre le monolithique et brutal "A Bloodsoaked Symphony" et le plus Alternatif "Anticure" s’apparente à un véritable fossé stylistique. Si des growls ne s’invitaient pas sur "Anticure", nous pourrions presque penser qu’il s’agit de deux groupes différents, WHITECHAPEL et un combo plus Folk dans l’âme, quelque part entre les CRANBERRIES et Jeff BUCKLEY.

Aussi, des moments de fortes intensités et d’autres plus intimistes se côtoient, parfois au sein de la même composition, comme des explosions ou, a contrario, comme des pauses parfois bienvenues. Mais toutes ne concernent pas que le chant, les guitaristes sont aussi à mettre à l’honneur, ils ponctuent les différents titres de petites interventions, de soli souvent courts, mais qui s’intègrent parfaitement à l’ensemble. "Kin" est très coloré, il se complaît aussi bien dans la vélocité de riffs dopés de blast beats que dans des passages plus émotionnels qui n’ont, en définitive, rien de choquant ("Anticure", le morceau-titre…). Il n’y a pas de temps morts, la copie rendue, bien qu’imparfaite – cela sautera rapidement aux oreilles que "Kin" embrasse tellement la direction prise par "The Valley" qu’il en serait un Part II à peine déguisé, vu la concordance des sujets – mérite clairement que nous y posions une oreille attentive tant ce disque, ainsi que son grand frère, semblent poser les bases d’un futur possible pour WHITECHAPEL.

En effet, maintenant que nous pouvons admettre que WHITECHAPEL pratique un Deathcore Alternatif (et vlan, une nouvelle étiquette qui ne veut rien dire ! Ne me remerciez surtout pas), qui pourra en effet prédire quand l’appellation Deathcore quittera définitivement le style du groupe ? D’ici un, deux albums ? Difficile à dire, mais il n’est pas non plus aisé d’imaginer la formation du Tennessee revenir à quelque chose d’ouvertement brutal et définitif comme elle pouvait l’être par le passé. "Mark Of The Blade" était une première tentative de faire évoluer le discours, de façon assez maladroite par moments, mais "The Valley" et "Kin" semblent confirmer que les Américains sont beaucoup plus à l’aise aujourd’hui quand il s’agit de ne pas faire parler la poudre, même s’ils se montrent toujours très efficaces quand il s’agit de distribuer les uppercuts sans autre forme de procès.

Bien que moins définitif dans le genre que son prédécesseur, "Kin" est une des petites perles de 2021, sortant à une période où la concurrence était pourtant assez rude, tous styles confondus. Encore une fois, WHITECHAPEL prouve qu’il est l’un des chefs de file du Deathcore, s’il ne peut s’adjuger ce titre à son propre compte. "Kin" est un disque intelligent et par moments émouvant, que nous nous attardions ou non sur les paroles. Il dégage sa mélancolie, que ce soit à travers une brutalité non feinte ou des passages propices à l’introspection d’un chanteur à la vie brisée, mais qui tient le coup, vaille que vaille. Nous n’allons pas parler de leçon de courage ici, mais de catharsis. Phil Bozeman et ses troupes livrent encore une très bon disque. Gageons qu’il ne sera pas le dernier.

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   DARK BEAGLE

 
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- Phil Bozeman (chant)
- Alex Wade (guitare)
- Ben Savage (guitare)
- Zack Householder (guitare)
- Gabe Crisp (basse)
- Alex Rüdinger (batterie)


1. I Will Find You
2. Lost Boy
3. A Bloodsoaked Symphony
4. Anticure
5. The Ones That Made Us
6. History Is Silent
7. To The Wolves
8. Orphan
9. Without You
10. Without Us
11. Kin



             



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