Généralement, ces formations "recomposées" ne font pas bien long feu. Autant le dire tout de suite. Tout au plus elles font illusion et basta. En tout cas, peu d'entre elles (sinon aucune ?) peuvent se targuer d'avoir une grosse discographie ou tout simplement d'avoir sorti ne serait-ce qu'un chef d’œuvre, un ovni. Au mieux, des disques de bonne facture, plutôt sympathiques mais sans plus, honorables mais rarement éblouissants. Je veux bien évidemment parler de ces formations qui sont composées d'anciennes (ou pas) "gloires" ou de "vieux" (ou pas) briscards officiant (ou ayant officié) dans d'illustres combos.

LEASH LAW en fait par exemple partie avec Wade Black (ex-CRIMSON GLORY), Richard Christy (ex-ICED EARTH) ou encore Emo Mowery (ex-NOCTURNUS). Bilan du groupe : un unique album sorti ("Dogface" en 2004), plutôt très moyen, et pis c'est tout. Disparu de la circulation. Hop, au suivant... Plus récemment ? On a DUSK MACHINE avec Russ Bergquist (ex-ANNIHILATOR), Joe Comeau (ex-ANNIHILATOR, ex-OVERKILL) et Randy Black (ex-PRIMAL FEAR, ex-ANNIHILATOR) auteur d'un album de Thrash somme toute très respectable en 2013 ("Dusk Machine"). Idem pour DUBLIN DEATH PATROL où sévissent Chuck Billy (TESTAMENT) et Steve Souza (à nouveau membre d'EXODUS depuis juin 2014) avec leur "Death Sentence" de 2012, disque plus que correct mais sans plus. Une liste non exhaustive, bien évidemment, à laquelle on pourra donc rajouter aussi et désormais ASHES OF ARES qui regroupe non seulement Freddie Vidales (ex-bassiste de ICED EARTH), Van Williams (ex-batteur de NEVERMORE) et... J'ai gardé le meilleur pour la fin, Matthew Barlow (l'ex-chanteur de ICED EARTH et même de... PYRAMAZE mais ça c'est légèrement secondaire non ?).

Forcément et en premier lieu les deux premiers noms ne m'ont pas dit grand chose (F. Vidales, V. Williams... c'est qui ces gars-là ? Allez citez-moi là tout de suite les albums des anciens groupes dans lesquels ils ont joué ? Plutôt difficile non ?). En revanche, Matthew Barlow forcément rien que le nom... Ça intrigue, ça intéresse de suite. Le type qui a plié deux fois les gaules chez ICED EARTH. En 2003 et 2011. Le mec, en plus d'être couillu de laisser sa place dans ICED EARTH, par deux fois donc (mais deux fois pour la bonne cause), est faut-il encore le rappeler un excellent vocaliste. Sinon l'un des meilleurs de la scène Heavy Metal. Il a en tout cas marqué à jamais l'histoire de ICED EARTH en y contribuant à ses plus belles heures ("Burnt Offerings", "Dark Saga" ou encore "Horror Show"). Alors forcément moi qui suis fan de ICED EARTH, de Barlow, je ne pouvais pas passer à coté de ASHES OF ARES (enfin j'ai bien failli quand même ! J'ai découvert le groupe il y a un mois alors que l'album est sorti en septembre 2013 !).

La bonne nouvelle c'est que Matthew Barlow n'a rien perdu de sa voix, de sa superbe. Deux ans après son départ de ICED EARTH, il marque littéralement de son empreinte ce premier album (peut-être déjà le dernier étant donné que l'espérance de vie de ce type de combo est généralement plutôt limitée !) de ASHES OF ARES. Un premier opus qui, à l'instar d'un "Death Sentence" ou d'un "Dusk Machine" est plutôt pas mal dans l’ensemble, qualitativement, sans pour autant être étincelant. Bien évidemment, il y a déjà Matt Barlow qui assure donc comme un grand derrière le micro (déjà un bon point forcément) que ce soit sur les titres les plus pêchus tels que "Move The Chains", les thrashy "Chalice Of Man" et "What I Am" ou sur des morceaux et/ou passages plus calmes tels "On Warrior's Wings" ou la jolie power ballade "The Answer" (d'ailleurs bien plus sympa dans sa version acoustique - bonus track disponible sur l'édition digipack de l'album -). On y retrouve le Matt Barlow des grands jours, fort de son grain si caractéristique, de ses vocaux à la fois puissants, tantôt rageurs, tantôt chaleureux et parfois donc tout en émotion. On saluera d'ailleurs le très bon travail réalisé sur le disque au niveau des voix tels que sur "The Messenger" où Matt semble tour à tour se répondre, ou bien sur "Chalice Of Man" suppléé par des chœurs.

Irrévocablement, on pense immédiatement à ICED EARTH à l'écoute de ce "Ashes Of Ares". Forcément. Matt Barlow oblige. Mais pas seulement. La zique proposée ici est également proche de celle de ICED EARTH. À l'instar de la bande à Jon Schaffer, le groupe américain officie dans un style Heavy/Thrash mélodique, navigant également dans des teintes relativement sombres mais il évite soigneusement le vulgaire et éhonté copier/coller. Un bon point pour lui.
Les compositions sont travaillées, plutôt pêchues de manière générale, voire percutantes ("What I Am", "Chalice Of Man", "Move The Chains") et sont plutôt de bonne facture dans l'ensemble. Même si certains passages pourront vous paraître convenus ("Dead Man's Plight"), si certains riffs pourront vous paraître recyclés (sur le lancinant "Punishment" par exemple), le groupe réussit assez souvent à maintenir l'intérêt de l'auditeur et ce grâce à quelques belles intros ("The Messenger", "The One Eyed King"), à des breaks plutôt bien sentis (sur "On Warrior's Wings" aux alentours des trois minutes - c'est plutôt bien foutu -), à des intermèdes tout en nuance soit acoustiques ou électro-acoustiques ("This Is My Hell"), ou bien encore à quelques petites trouvailles musicales assez ingénieuses ("Dead Man's Plight").

Bilan ? "Ashes Of Ares" est un disque tout à fait honnête (les fans de ICED EARTH pourront apprécier), d'un bon niveau qualitatif (à défaut bien sûr d'être génial) dont l'intérêt (soyons lucides) réside avant tout dans la présence de l'ancien frontman d'ICED EARTH. Un Matthew Barlow qui excelle d'ailleurs de bout en bout sur ce disque. Même si les compositions proposées ici tiennent la route, sont pour la plupart efficaces et possèdent aussi quelques bonnes idées, il est difficile de croire malgré tout en la pérennité du groupe. Personnellement je n'y crois pas. Reste à savoir maintenant et dans ce cas, ce qu'il adviendra de Matthew Barlow dans les mois à venir...


PS : Soulignons que la production de l'album, pourtant réalisée aux fameux Morrisound Studios (Jim Morris aux manettes) n'est pas des plus optimales (c'est parfois un chouia brouillon) mais reste néanmoins correcte.


Morceaux préférés : "The Messenger", "What I Am", "Move The Chains"