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2012 Psymbolik

LUSTRATION - Psymbolik (2012)
Par CITIZEN le 5 Septembre 2014          Consultée 1339 fois

Rituel du Metalleux le matin : shampooing pour dissiper les grumeaux de vomi de la veille. Deuxième rituel du Metalleux le matin : se shampooiner à fond l’intérieur du crâne avec le cd qui doit être le plus crade de la journée pour être en forme pendant son cours d’histoire géo/tournée de ramassage de poubelle/séance à l’assemblée nationale/chômage (avec ça je dois couvrir à peu près tout le lectorat).

Un rôle que LUSTRATION remplit avec merveille. Avec suffisamment d’élégance pour qu’on n’hésite pas à ressortir l’album en cours de journée, quand les méninges sont déjà secouées et mûres pour des écoutes plus subtiles. "Psymbolik" est un pur produit de cette scène extrême australienne, à savoir le fait d’une alliance de musiciens qu’on retrouve aussi éparpillés dans pas mal de combos, parfois avec des line-up quasi-identiques, avec à la clé souvent un son décharné et une volonté d’agression inaltérable. On a effectivement affaire à un groupe relativement jeune puisque le seul membre issu d’un groupe à la réputation bien établie est Camazotz, qui, par la magie noire parfois un peu incompréhensible qui préside à la formation de groupes de Metal, se met ici derrière la batterie, se voyant confier un poste un peu plus discret que celui de guitariste/vocaliste occupé de longue date chez SPEAR OF LONGINUS.

La consanguinité entre combos est ici "un rien" plus poussée puisque bien même avec ce changement de poste et un processus créatif davantage partagé, LUSTRATION sonne beaucoup comme une émanation de ce que SoL a pu faire dans la deuxième moitié des années 90, à tel point qu’on pourrait limite se demander pourquoi ce combo s’est constitué (relancer le processus créatif d’un SoL dont les sorties sont très espacées ?). Mieux, certaines chansons sont carrément des adaptations de titres de SoL : "3061 BC, Land Of Nod, Somewhere East Of Eden" est ainsi une version bestiale d’un vieux morceau acoustique bien ténébreux, et dont le titre n’a pas fini de me faire me creuser la tête ; "Fall Of The Rebel Angel" a été enregistrée dans une version différente et sortie par SoL… l’année d’après "Psymbolik". "Cosmik Devastator" est en revanche apparemment sans lien avec un vieux titre nommé "Cosmic Devastator"… subtil ! La chanson dont un musicien qui se tire s’attribue la parenté pour la réenregistrer ailleurs, un phénomène dont SoL était d’ailleurs déjà coutumier avec un "Neutron Hammer" qui s’est retrouvé chez VOMITOR… choisissez votre version, faites comme au marché.

Un combo asservi autour d’une personnalité forte, intéressant pas en tant qu’entité propre mais comme réceptacle de l’âme d’un autre combo ? Malgré tout, le changement d’équipe impulse une interprétation forcément assez différente : si la violence et les tempi épileptiques restent la clé de voute de la manière de composer, on a ici affaire à un album où le côté assez punk qui se dégageait de la saleté des enregistrements de SoL s’efface emporté dans une tempête de violence plus monolithique. Comme beaucoup de ses compatriotes (en pratique de ses potes), le combo se positionne quelque part sur le spectre du Metal extrême, déchainant une mixture cacophonique primitive qui empruntera ici ou là à l’une ou l’autre des chapelles du Metal ténébreux sans qu’on puisse toujours trancher lesquelles, l’idée est de libérer une violence explosive en continu et de ne jamais s’imposer le choix cruel de se fermer la porte à ce que l’un ou l’autre genre propose de plus morbide.

En particulier, cette soupe volcanique australienne se cristallise chez l’entité LUSTRATION en une base Black très sauvage doublée d’un côté monolithique, d’où un album qui poutre à la première écoute avant de vous faire deviner des aspérités une fois acclimaté à la tourmente. Sur le plan de l’agression c’est vite vu, beaucoup de ces compos font en-dessous des deux minutes et vous étouffent avec une guitare bourrine et répétitive qui ne se prive pas pour balancer des soli inquiétants qui clignotent quelques secondes par-dessus le toutim pour allumer un feu étrange. Entre deux gros blasts bestiaux et bien saturés dont l’urgence est dopée par un chant empreint d’une folie très dynamique - le mec gueulant comme s’il était traqué par une bête sauvage et que son existence en dépendait-, des ralentissements viennent imposer une ambiance plus occulte, avec un chant qui va alors parfois tenir plus d’une respiration rauque avec cette note de bête piquée de folie (voix doublées, éructation black avec un growl au second plan). Sans oublier une texture de gratte propice à bien restituer l’intérêt des riffs, c’est bien raw mais il y a un grain intéressant et c’est loin d’être trop dégueulasse, il y a même une basse qui ronfle nettement dans un coin humide. Il y a aussi des effets bizarres : "Algolrythem" et sa batterie schizophrénique si syncopée qu’on a pendant quelques secondes l’impression que le cd est rayé, les cymbales font le même cliquetis. Et dans tout ça de la place pour un morceau plus martial développant le même genre de sentiment angoissant né de ce mélange d’inconnu, de sauvagerie et de possession manifeste.

L’occultisme, c’est ici le propos ; la présence d’un gars de SoL ne s’est pas traduite par une importation des délires "spéciaux" de ce groupe ; mais si LUSTRATION semble se poser moins de questions et faire dans l’antireligieux faussement primitif, on est plutôt à deux doigts de basculer dans des conceptions foutraques mariant joyeusement pleins de trucs complotistes (notez la soucoupe volante sur la pochette) dans un mélange qui n’est probablement même pas très bien compris par les membres du groupe eux-mêmes (à moins qu’ils aient effectivement rencontré des anciens astronautes et qu’ils détiennent une clé cosmique qu’ils s’appliquent à délivrer petit à petit au fil des albums et qu’il appartient à chaque auditeur de décrypter). Davantage un cas de crâne coiffé d’un bonnet de papier alu que d’un casque de la Wehrmacht. En attendant on ne peut qu’être frustré et émerveillé à la fois devant des titres tels que "He Ru Ha Ra On The Horizon", qui emprunte à la mythologie de Crowley. Fusionnés dans ce creuset énigmatique, même les titres faisant appel à l’imagerie la plus exploitée parviennent à se l’approprier sans leur faire perdre de leur mystique originelle et en renouvellent l’intérêt en l’espace d’un album grâce à cette relecture relativement fraîche, en tout cas ça fait bien plaisir de ne pas avoir l’impression d’avoir des textes aux thématiques passe-partout dans lesquels on a disséminé deux ou trois figures evil prises au pif.
On notera aussi que le groupe tire son nom d’une cérémonie de purification romaine (et moi qui pensait à première vue que c’était juste une deathmetallisation du mot "lust" en rajoutant la terminaison qui va bien).

A part ça, le groupe se laisse jouer selon son bon plaisir, ce qui nous vaut des injections non stériles d’influences variées selon l’humeur : au long de l’album c’est surtout BEHERIT qui domine pour le côté lancinant (le break de "Cosmik Devastator"), mais un titre, "Campaign Demoniac" m’a également fait penser avoir affaire à une reprise de SLAUGHTER avec son entame brusque, et je me suis aussi trouvé quelques instants de vieux MORBID ANGEL façon soli barrés et vicieux d’"Altars" au détour d’une autre piste chaotique.

Ce genre de Black Metal ne vous prend définitivement pas par la main pour aller rêvasser devant la majesté des forêts norvégiennes, mais si pour vous changer les idées vous êtes partants pour entrer dans une voiture de safari blindée observer les étranges rituels barbares et autres atterrissages extraterrestres qui ont lieu la nuit au plus profond du bush australien loin de la quiétude urbaine… vous pourrez goûter à une délectation sadique.

A noter pour finir que les cinq derniers titres sont tirés de la seule autre sortie du groupe à l’époque, la démo "Goetic Invokator". Inutile de dire qu’on ne ressent pas de différence nette et que l’ensemble s’avale comme un tout.

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   CITIZEN

 
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- Nekrobogan (basse)
- Camazotz (batterie)
- J. Godkiller (guitare)
- Minesweeper (chant)


1. Crushed By El (lord Of Saturn)
2. Psymbolik
3. Baptism Of Blasphemy
4. Algolrythem
5. Cosmik Devastator
6. Fall Of The Rebel Angel
7. Satanic Victory
8. Campaign Victory
9. Campaign Demoniac
10. He Ru Ha Ra On The Horizon
11. Bundle Of Energy
12. Warrior Of A Future Reich
13. Goetic Invokator
14. 3061 Bc Land Of Nod Somewhere East Of Eden



             



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