Au fin fond de l’Auvergne dans la commune de Saint-Sandoux, naît en 1989 l’un des fleurons de la région et du Metal Progressif auvergnat. Quoiqu’AWACKS (nom inspiré par le célèbre avion américain, dont le nom revenait souvent aux infos en cette période de Guerre du Golfe) n’est pas encore porté vers le Prog à sa naissance. Agité par sa jeunesse et un changement de batteur, le groupe semble trouver son équilibre au milieu des années 90 avec l’arrivée de François Briançon, toujours fidèle près de vingt ans après, et c’est le fruit de quatre années de composition que le groupe nous livre près de dix ans après sa formation. Ce premier album enregistré au Factory Studio c’est "Panorama".

L’acte de naissance discographique d’AWACKS montre un groupe alors inspiré par TOTO, MARILLION, mais aussi VANDEN PLAS, EDGUY. À la fois guidé par les grands des eighties et ses contemporains directs (AWACKS suivra d’ailleurs une trajectoire similaire à celle de VANDEN PLAS, partant d’un Hard Mélodique peu avare en arrangements pour ensuite se tourner vers le Progressif), la formation auvergnate délivre sur "Panorama" un florilège de dix compositions de haute tenue, qui sans aucun doute fera remarquer la formation – les 500 exemplaires de "Panorama" sont d’ailleurs épuisés depuis longtemps.

Bénéficiant d’une mise en son propre avec cette chaleur analogique incomparable, "Panorama" bénéficie d’une grande homogénéité qui n’a d’égale que sa tenue. En effet la qualité est maintenue tout au long du disque et chacun assure ses parties avec brio. Steve, totalement autodidacte, envoie le bois et sa guitare domine l’album, tant lors des arpèges en son clair ("I Just Say To You Good-Bye") que dans ses soli tantôt planants, dans un style Steve Rothery revendiqué ("In The Wind"), tantôt bien enlevés, à l’image de celui de "Pègre Légale" agrémenté de wah-wah.

On sent que le groupe se connaît bien, les claviers s’imbriquent parfaitement et occupent l’espace qui leur est alloué sans en foutre partout, accentuant le côté FM de certains titres ("Assault Of Love" par exemple) alors que Steve occupe déjà bien l’espace : ils sont les protagonistes de "Panorama" avec un chanteur, Crock, particulièrement en verve et dans un registre aigu assez rocailleux qui donne une identité immédiate à AWACKS. Particulièrement à l’aise, tant sur l’anglais que le français ("Pègre Légale" est assurément l’un des titres-phares de l’album), il apporte le plus important a un album de musique : des mélodies qui font mouche. Il faut dire qu’il peut aussi s’appuyer sur des chœurs efficaces ("In The Wind" ou "Assault Of Love").

Comme VANDEN PLAS, on sent le groupe tiraillé par une envie de planer et de développer ses atmosphères, et AWACKS semble avoir des compétences dans le domaine. Les intros de "S.I.D.A." et "In The Wind" préfigurent déjà l'atmosphère de "Sandrillon" ou encore de "Vivre Sans Lumière". "Panorama" porte son nom à merveille, puisqu’il nous permet d’entrevoir toutes les facettes de ce nouveau-venu sur la scène française où il n’a pas d’équivalent. Si on ajoute à cela que la qualité reste constante tout au long de l’opus, on peut aisément affirmer qu’AWACKS a l’étoffe d’un leader.

Reste à savoir s’il va conserver à l’avenir ce melting-pot d’influences, parfois visibles (le solo de "In The Wind" semble tout droit tiré des sessions de "Misplaced Childhood" par exemple, ou bien "Assault Of Love", sorte de "Father" pour le groupe). Néanmoins c’est un premier effort remarquable que sort AWACKS au crépuscule du siècle dernier.