Le voilà enfin ce quatrième opus d’AWACKS ! La formation auvergnate n’est pas réputée pour être pressée (formation en 1989, premier opus en 1999). Si "Atmosphere 136" et "The Third Way" espacés de seulement trois ans avaient permis au groupe de se faire remarquer sur la scène internationale (j’avais à l’époque acheté mon exemplaire de "The Third Way" à Wacken), il aura fallu patienter presque huit ans pour voir venir le successeur de ce dernier. L’album maquetté depuis 2010 a dû attendre son heure pour voir enfin le jour après quelques remous notamment le départ du fabuleux claviériste Nach qui sur ce "Resilience" effectue une nouvelle fois un boulot remarquable. Il faut dire que le challenge était de taille car "The Third Way" revigoré et porté aux cimes par ces deux nouvelles recrues (avec Stan-W) était déjà de très bonne tenue.

Et AWACKS a encore trouvé moyen de progresser. Toutefois il paraît évident que "The Third Way" a défini plus clairement le style AWACKS mélangeant avec bonheur influences de la scène progressive, quelque part entre DREAM THEATER et VANDEN PLAS et incartades plus FM pouvant rappeler des formations comme PRETTY MAIDS ou EDGUY. La recette, plutôt originale, fonctionne plutôt bien. La nouveauté c’est le chant cette fois-ci intégralement en anglais, faisant un peu taire les ressemblances qu’on pouvait trouver au groupe avec MANIGANCE, Crock partageant avec Didier Delsaux une implication sans commune mesure dans ses textes en français avec des intonations parfois similaires (les deux formations sont d’ailleurs en excellents termes). Nous proposant neuf nouvelles compositions ainsi qu’une saisissante reprise du "Mama" de GENESIS où Crock est étonnant de mimétisme avec Phil Collins, dynamisée par la guitare heavy de Steve qui effectue un boulot remarquable. Ses soli, toujours à propos, pas forcément toujours impressionnants mais très mélodiques font mouche à tous les coups ("Mirror Mirror", "Hey You"). AWACKS a également modernisé un peu son propos et on découvre des textures sonores auxquelles on n’était pas habitué ("Madness", "Hey You", "Field Of Roses") plus Électro et côtoyant avec bonheur les nappes et autres leads plus habituels pour nos oreilles.

La diversité des ambiances est de mise également. On passe de l’agressif riff mélodique de "System Crash" aux rythmiques de mammouth de "Millenium Ghosts", des approches symphoniques que ne renierait pas AVANTASIA ("Mirror Mirror" et son pont dantesque) au gris urbain mélancolique de "Disappear" qui avec son introduction dans le style de SONATA ARCTICA (je pense à "The End Of This Chapter") vous met dans l’ambiance direct. Si la diversité est bien réelle, "Resilience" est très homogène et compact malgré la relative longueur de certains titres qui avoisinent ou dépassent régulièrement les six minutes ("Mirror Mirror", "Field Of Roses", "Hey You"). Et c’est en général sur les titres les plus longs (qui n’en n’ont pas l’air, pas d’emmerdement à l’horizon) que la formation clermontoise se révèle la plus percutante, les deux titres se détachant clairement du lot étant pour moi "Hey You" et surtout "Ashes Of Life" avec son motif principal en mesures composées typiquement Prog revenant à intervalles réguliers tel un leitmotiv. Si vous n’êtes pas amateur de Prog, vous trouverez peut-être quelques longueurs sur certaines répétitions de motifs (je pense à "Field Of Roses" et "Millenium Ghosts" un peu en-dessous du niveau très élevé du reste de l’opus). Pour les autres c’est caviar et l’album passe d’une traite avec facilité malgré la densité de la musique proposée par AWACKS, peut-être grâce à l’alternance de plans et de morceaux qui aèrent le tout, sans compter l’alternance de soli toujours bien amenés et pas prétentieux pour deux sous mais diablement efficaces ("Hey You" contient à la fois l’un des plus beaux soli de guitare et de clavier de l’album). On notera par ailleurs que Nach s’est fait plus sobre sur "Resilience", pas de démonstration technique échevelée à la "Rêve" ("The Third Way") cette fois-ci même s’il dégaine avec autant de maestria sur "Field Of Roses" ou "Mirror Mirror". Cela contribue à gommer le côté DREAM THEATER que le groupe pouvait avoir par certains côtés sur son précédent opus.

Une excellente sortie française rehaussée d'un packaging magnifique (Stan-W Decker, graphiste de renom a effectué un boulot de dingue) qui ne trouvera sans doute que peu de concurrence et peut rivaliser sans problème avec les grosses cylindrées du genre puisqu’il en fait désormais partie avec deux albums de haut niveau consécutifs !

4,5/5.