Une plaine riche couleur d'émeraude, une vallée où seul le vent semble vouloir percer le silence, puis le son déchiré de l'écume contre les falaises... Parfois paisible, et enfin passionnel, patriote. Voilà ce que m'évoquait auparavant le projet d'Andy Marshall.
Si le nom de SAOR ne vous dit rien, sachez que c'est simplement la nouvelle appellation du one-man band écossais ÀRSAIDH. Si cela ne vous évoque pas grand chose de plus, et bien vous avez raté un des albums phares du Black Atmo/Folklorique de 2013.

C'est pour cela que j'attendais avec impatience "Aura". "Roots" mêlait de nombreux éléments qui, lorsqu'ils sont bien dosés, font toujours des merveilles : un Black Atmosphérique intense, une présence folklorique et plus particulièrement celtique savamment amenée et mesurée, le tout dans une atmosphère complètement envoûtante.
Si "Aura" n'a pas gardé l'héritage entier de son prédécesseur et peut décevoir pour cela, il reprend de l'avance sur un point : un artwork qui fera fondre tout esthète amoureux de la nature. Cela prouve également que si le changement de nom semblait anodin, on peut maintenant le lier à une évolution plus nette dans l'idée même du groupe et de sa musique.

SAOR se fait alors plus sucré, on imaginerait presque des rires d'enfants qui courent après des moutons dans la campagne écossaise (… clichés, vous dites?). Là où certains verront un ensemble presque plus majestueux grâce à la nouvelle dominante folklorique, "Aura" m'apparaît comme plus jeune, plus innocent que le précédent opus. On sent aussi de la fougue, mais si peu proche du côté destructeur de "Roots". C'est une fougue difficile à contenir, mais douce malgré tout. Elle se transcrit par un travail nouveau sur le rythme, mené par une batterie surprenante : parfois métallique, parfois plus résonnante et proche d'une percussion traditionnelle. Les riffs suivent, rythmés et rapides, pour un ensemble bien plus influencé Heavy. Plus mélodique également, avec un soutien de claviers et de mélodies d'ambiance omniprésent et valorisé.
SAOR n'a plus rien d'un groupe de Black Atmosphérique. On n'a gardé ici qu'un Metal Folklorique un peu extrême, dont le chant est plutôt Black, rien de plus. On arrive à reconnaître le groupe grâce à ses éléments distinctifs, comme sa flûte ou son chant. Mais la recette d'ensemble est complètement différente, retransmise avec une production beaucoup plus claire et éclatante.

Tous les éléments que je n'aime pas dans un groupe de Folk Metal s'accumulent ici. Cet album avait tout pour me déplaire, mais il reste une ligne directrice, une manière de composer qui diffère du reste des groupes de Folk pouet pouet, la patte singulière d'Andy Marshall qui résiste.
Les coups de cœur de l'album se sont faits naturellement car SAOR garde les éléments les plus poignants et qui feront craquer les fans de "Roots", dont ces mélodies de flûte dont je parlais, qui viennent ponctuer des élans plus violents. Ce nouveau souffle beaucoup plus dynamique et lumineux fait presque un sans faute sur quelques pistes, notamment "Children Of The Mist" qui reste un titre incroyablement fort, ainsi que le titre éponyme dont le retour final redonne foi en cette batterie qui partait du mauvais pied.

On peut tout de même regretter que la voix soit si reculée lorsqu'il ne s'agit pas de chant clair. Les hurlements puissants et parfois torturés d'Andy passent vite à la trappe et se noient dans les cordes et les chœurs de fond. Le chant clair quant à lui prend donc majoritairement la forme de chœurs. Et ils sont parfois un peu lourds, complètement prévisibles, et on a l'impression de les avoir déjà entendus mille fois ("The Awakening" et sa mélodie chantée qui me ferait presque crier au plagiat si j'arrivais à retrouver de quel groupe cela peut bien venir).

On retrouve des éléments qui vont très vite énerver les fans de Black Atmosphérique et ravir les amateurs de Folk Metal. "Aura" a du surprendre de nombreux auditeurs, personne n'avait du s'attendre à cela. Mais on peut tout simplement le prendre comme une nouvelle teinte apportée au projet. Une seconde facette de SAOR, flamboyante et colorée, s'éloignant volontairement de la déchirure lente mais enivrante de "Roots".