Je ne connais pas d'albums issus du Moyen-Orient qui m'aura autant dépaysé que "Sudden Death Syndrome" des Jordaniens de BILOCATE. Le disque trône dans mon top 10 de référence et c'est pas volé. J'avais aussi apprécié le premier album du sextette, "Dysphoria", qui, sans arriver à la cheville de "Sudden Death Syndrom" au niveau de la production, offrait de belles trouvailles mélodiques.

Alors quand "Summoning The Bygones" a vu le jour en 2012, quatre ans après mon chouchou, je me suis exclamé : « Enfin !» Sauf que j'ai déchanté assez rapidement quand j'ai vu de quoi il en retournait. Et je vous avertis, cette chronique ne s'étendra pas pendant des siècles sur le contenu de l'album, car la véritable histoire dont il faut parler est le format de cette galette.

Donc, il est où l'os ? "Summoning The Bygones" contient sept réenregistrements de "Dysphoria" et trois nouvelles pistes. Au menu des nouveautés sur ce curieux « album », on compte "Beyond Inner Sleep", une reprise de PARADISE LOST ("Dead Emotion") et "Hypia". Le reste ? Du réchauffé.

Quand j'ai vu ça, il y a deux ans, je n'y comprenais rien. Et même si le groupe a énuméré ses raisons - dont la meilleure qui était de représenter "Dysphoria" qui faisait maintenant pâle figure après le chef d’œuvre de 2008 -, je ne saisis toujours pas l'utilité de cet exercice. Ce n'est pas comme si BILOCATE ne surfait pas sur une vague de succès après "SDS", alors pourquoi reculer ainsi de trois cases au lieu de créer du matériel inédit et tenter de capitaliser ? Eh non... C'est son choix et ce fut très douloureux pour les fans d'avoir seulement deux compositions nouvelles à se mettre sous la dent après avoir attendu quatre ans. C'est pour cela que j'ai hésité si longtemps à pondre cette chronique, qui, comme le disque, vous ennuiera un peu.

La deuxième tare de ce "Summoning The Bygones" est le mix de Jens Bogren ; il n'est pas aussi dense et immaculé que sur "Sudden Death Syndrome", gros monolithe étincelant au soleil. Là, on se situe entre la facture sonore des deux premiers albums et une fois encore, on se questionne sur ce choix. Deux retours en arrière pour un groupe avec tant de promesses ?

Bon, parlons de "Beyond Inner Sleep" et "Hypia", car c'est bien là la seule raison d'écouter ce choix artistique damné. La première est assez bonne, assez rêveuse et triste, comme sait l'être BILOCATE, combo sachant instaurer des ambiances ethniques moribondes et passionnantes. "Hypia" débute tranquillement avec Dan Swanö au chant et déboule ensuite dans le moule de "Sudden Death Syndrome" (planant sur les soli, lourd et nostalgique), même si, je le redis, la production est loin d'être à son niveau. C'est foutrement dommage. Quant à "Dead Emotion", elle est pas mal... Les autres plages, ben pour les connaître davantage, je vous invite à lire ma chro de "Dysphoria", j'ai pas vraiment envie de me répéter... Je suis assez échaudé comme ça.

Au final, je ne peux démolir BILOCATE parce que la qualité des morceaux de "Dysphoria" est grande. Alors, en toute objectivité, je serai bon juge. Cependant, je ne peux aller au-delà de trois étoiles, car les Jordaniens ont selon moi commis une grave erreur en revenant dans le temps comme ça. C'est peut-être plaisant pour ceux et celles qui avaient raté leurs débuts, mais pour les autres, c'est chiant.

Podium : vous déconnez ?