« Qui veut mon super groupe, qui veut ? je vous fais un bon prix ! ».
C’est la criée ce matin, faut pas être en retard, je vous le dis…
Le nouveau produit du jour nous vient d’Amérique du Nord, d’appellation KXM contrôlée et a la particularité d’avoir trois têtes !

Fabriqué et assemblé aux États-Unis donc, le produit est composé de Ray Luzier, nouveau batteur émérite de KORN, d’ou le K à la batterie, de dUg Pinnick des fabuleux KING’S X à la basse et au chant, d'où le X, vous suivez ou bien ? Et enfin de George Lynch de LYNCH MOB à la guitare, d’où le M, qui a officié au sein de DOKKEN dans ses années de gloire.

Ok, pour un éleveur le pedigree est excellent, lofé comme il faut avec une traçabilité marquée… Pour autant, il s’avère qu’un chien, un chat ou album de race n’est pas toujours à recommander. On a beau avoir une génétique extraordinaire, le caractère, lui, n’en a cure et peut s’avérer mauvais…

Dans un registre différent, CHICKENFOOT, mené par Sammy Hagar, Joe Satriani, Chad Smith et Michael Anthony ne casse pas trois pattes à un canard, sans grande recherche artistique, mais ce n’était pas le but. Autant dans ce dernier l’on peut ressentir le plaisir que les musiciens ont de jouer ensemble, autant avec KXM l’on est au point mort, avec une musique un brin présomptueuse et par moments prétentieuse.

Votre chroniqueur est embarrassé… D’abord parce qu’il aime profondément le travail de dUg, que ce soit avec son groupe KING’S X ou en solo, et aussi parce qu’il n’aime pas s’immiscer dans une chronique (enfin vous me comprenez), à la première personne.

Je vais donc déroger à la règle et dans un souci d’objectivité, je vais être très sévère, il ne peut en être autrement…
KING’S X est MON groupe, celui pour lequel j’ai une adoration sans bornes, tant sa musique m’a marqué. Bien entendu, ses albums ont grandement perdu en qualité depuis le début des 2000’s, mais quand même, il y a toujours eu une âme, une ligne directrice, un truc.
Seulement voilà, dans ce contexte je ne peux pas approuver quoique ce soit, tant le talent des trois « gus » est trop souvent terni dans ce projet.

La musique proposée est mauvaise, écrite (?) à la va-vite par des musiciens qui ne se connaissent pas si bien que ça…. Ben non les gars, excusez-nous, mais c’est franchement pas terrible. On est loin du compte de ce qu’on pouvait attendre de musiciens comme vous, et ça ne fait pas plaisir de l’écrire…
Je vous ai prévenus, je ne suis pas un « béni oui-oui » qui dit « amen » aux groupes dont il est fan, et encore moins un collectionneur, donc je vous parle en toute franchise !

Parlons du fond maintenant. George Lynch, qui est pour moi le guitariste le plus fin, le plus doué, et le plus subtil que le milieu Hard Rock ai jamais porté est le principal imposteur à mettre en défaut ici. Le guitariste de DOKKEN/ LYNCH MOB etc n’est plus que l’ombre de lui-même depuis des années maintenant. Proposant des riffs ultra heavy sans la moindre qualité d’écriture, détruit à lui (presque seul) la réussite artistique qu’aurait pu être la réunion de musiciens talentueux, unis pour le meilleur.

Au lieu de ça, des titres Heavy pénibles au possible, laborieux, ou chacun y va de son grain de sel sans que jamais rien ne se passe…

Le single "Rescue Me" en est malheureusement le parfait exemple. Des couplets ratés avec un riff très lourd, une basse qui l’est aussi, et un batteur qui en fait des tonnes inutilement puisque ça tombe complètement à plat. S’ensuit un refrain qui arrive sans crier gare, avec dUg qui hurle pour rien puisqu’il est déjà sous l’eau. C’est bien simple, on dirait du mauvais KING’S X joué par des anciennes stars du Hard Rock à la carrière qui sent le sapin signé sur un label du genre « Cleopatra », vous voyez ?

"Stars" est pire encore avec ce riff de Lynch (encore lui !) qui nous rappelle combien les heures creuses de sa « MOB » doivent rester dans la tombe… On a une fois de plus droit à un refrain typique du groupe de dUg, mais du plus mauvais effet, servi par une production Heavy Metal qui dessert plus la formation qu’autre chose.

Ray Luzier est peut-être bon dans son groupe, mais n’est pas à sa place ici en usant des fûts à foison pour une musique qui nécessite de la simplicité. Son jeu est indigeste et pas du tout à propos dans ce registre.

Finalement, on comprend un Don Dokken, pas si pédant que ça, (je l’ai rencontré au « Plan » de Ris Orangis en 2001 et a été très aimable) ne voulant en aucune façon réintégrer Lynch dans son groupe. Si l’homme a été un formidable guitariste en son temps, il est devenu une sorte d’éponge de ce que la musique consensuelle a de plus détestable.

Mais que fait donc dUg Pinnick dans cette galère ? on se le demande, tant son talent indéniable de chanteur/bassiste/compositeur est immense et est ici amenuisé à ce point.

"Gunfight" est construite de la même façon, un riff ultra heavy qui tourne en boucle, ce batteur qui est insupportable, puis ce refrain, toujours le même, avec ces chœurs sans cœur, ou on se fait suer à cent sous de l’heure, c’est est trop…

À mon corps défendant, le constat est là, après 5 écoutes tortueuses, ce disque est une grosse bouse, un fourre-tout Heavy Metal sans âme qui dégaine le même titre poussif sans passion.

Une intro étrange, des couplets servis par un riff heavy en rotation (merci « Pro Tools »), un refrain où la mélodie du chant est absente, puis un solo sans grande magie, indigne d’un tel guitariste. Voilà le schéma type de tous les titres de cet album de KXM…

Déçus seront les fans de dUg, Ceux de Lynch ne le seront plus car ils l’ont quitté depuis longtemps, quant à ceux de Luzier, il n’est pas sûr qu’ils prêtent une oreille à cet album.

La plus mauvaise sortie du genre de ce premier trimestre 2014, et c’est la mort dans l’âme que je vous l’annonce.