Il y a les groupes qu'on chronique et qu'on ne croisera jamais et ceux qui proviennent de votre patelin. INSURRECTION, quintette Death Mélo de Gatineau (ouest du Québec), fait partie de cette deuxième catégorie.

Comme 99% des formations métalliques, ses membres ont un job (un bosse même comme fonctionnaire au gouvernement fédéral) et jouent de la musique pour se distraire et se produire dans les festivals ou pour organiser eux-mêmes des shows avec invités. Le lieu de prédilection d'INSURRECTION pour un show est dans un sous-sol d'église. L'ironie… Ils seront aussi cet été du très populaire D-TOX Rockfest de la Petite-Nation, auquel participeront aussi des pointures comme MASTODON, COF et MESHUGGAH.

Ce n'est pas pour rien qu'INSURRECTION côtoie les grands comme ça. OK, il y a la question de stimuler la relève, mais avec trois albums sous le coude, le groupe est dorénavant connu au Québec et affine sa facture sonore de plus en plus. "Prototype" en est la preuve. Selon le chanteur Stéphane Jomphe, le disque a été créé dans la bonne humeur et dans un esprit d'équipe jamais vu au sein du combo, ce qui augure bien pour le futur, si toutefois INSURRECTION arrive à garder le cap et à pondre des combos aussi tranchantes.

"Prototype", c'est ce que "Prologue" et "Fracture" offraient, mais en plus couillu. Du bon gros Death Mélo groovy, chanté en français et en anglais, pas trop violent ni trop véloce. L'efficacité dans la simplicité. On dit ça de bien des formations et INSURRECTION obtient mon vote. Il représente une scie circulaire bien aiguisée qui coupe dans le lard pour ne garder que la viande. Sa musique inspirée de notre société automatique est directe, offensive et sans prise de tête. Un peu comme ce que VADER s'évertue à vomir depuis deux décennies.

Ce manque de prises de risques provoque inévitablement une certaine homogénéité. Le versant glissant de la montagne chez INSURRECTION est ce sentiment qu'il n'y a pas de moments beaucoup plus marquants que d'autres. Certes, il y a "Abattoir" et son très bon refrain, "Checkmate" qui fait lever le toit, le jeu de basse inventif sur "Sueurs Froides", la fédératrice pièce-titre et "Bruits Sans Fin", qui offre d'intéressants passages mélodiques que j'aimerais davantage bouffer à l'avenir. Pour être clair, il serait souhaitable que les Québécois capitulent sur cette dernière plage et amènent leur créativité à un niveau supérieur pour le prochain méfait. Il faut y aller, les gars !

En attendant, ce troisième effort reçoit aisément la note de passage, car il offre 40 minutes de Metal de qualité qui ne pourra qu'être sublimé dans quelques années. INSURRECTION possède un Death bien riffé qu'on n'entend pas souvent, ce qui devrait attirer les curieux.

Sans paraître trop dramatique, le quatrième skeud pourrait être celui de la révélation… ou de la stagnation pour INSURRECTION.

Le groupe se produira le 23 avril à Ottawa en compagnie de… NILE, qui pourra enfin franchir la frontière canadienne grâce à sa nouvelle agence de booking !