À force de chroniquer des trucs provenant de partout dans le monde, on oublie souvent que des groupes poussent dans notre propre cour. Je suis ainsi heureux de partager avec vous ce premier album d'INSURRECTION, formation de Death Mélodique couillu provenant de… ma ville de résidence ! Gatineau, capitale de l'Outaouais, à l'ombre de la capitale fédérale du Canada, Ottawa. Oui, mes amis, ces types demeurent près de chez moi et ça me fait tout drôle de le dire. Car notre point en commun, à part notre proximité, est que NiME sera le véhicule de promotion de leur musique. Un site européen pour relier deux Québécois. Drôle la vie parfois…

Le quatuor ne s'est pas cassé la noix pour se présenter ; "Prologue". Comme porte d'entrée, on ne pouvait pas trouver mieux. Et à écouter cette musique lourde, bien produite par l'ingé de NEURAXIS, composée avec ferveur, on comprend mieux ce titre aussi. Sept pistes ne totalisant même pas 30 minutes, pas trop de prises de risques, les Gatinois ont joué sûr. Mais ils ont laissé une empreinte et creusé un sillon avec les moissonneuses-batteuses leur servant d'instruments. Eh que oui, INSURRECTION laboure sévère. Pas comme un HYPOCRISY ou un ARCANE ORDER, mais ça passe la gratte !

Ils décrivent leur Death comme étant « brutalement technique » (i.e. de nombreux breaks, mais pas de structures super compliquées encore) et à la fois simple et binaire (i.e. exécuté avec précision et enthousiasme, avec toutes les platitudes que ça implique dans un langage de chroniqueur). "Prologue" est effectivement ce mélange de désir d'aller loin, ces guitares « charcuteuses » aux couleurs changeantes, cette batterie qui sonne comme une tonne de brique et qui ne croule presque pas sous la gêne. Le chant de Stef Jomphe toutefois est déjà très ample, gras et sans merci. Étonnant même pour une rampe de lancement, le type a un organe enflammé qui veut hurler. Bref, INSURRECTION était sur la bonne voix en 2008 en sortant ce court album, précis, concis, sans fioritures. Un exercice essentiel à la poursuite de leurs activités et un acte de courage louable quand on connaît tous les efforts et les coûts reliés à cela.

INSURRECTION offre un Death bien noir, carré, assez violent mais pas trop. Les grattes sont loin d'être épileptiques, car le groupe mise plutôt sur la lourdeur. Il retient plus d'un BLOODBATH ou un ARCH ENEMY qu'une école plus complexe. Tout est vibration et suie chez ces Gatinois, mélodies facilement ingérables ("Four More Years", "Méphisto", "Prologue To Our Demise") et refrains fédérateurs ("Festin d'Entrailles", "Blackened Pages"). Une musique directe, capable d'insuffler une énergie à une foule amorphe ("Dialogue Avec La Bête" est taillé sur mesure pour cette fonction), du Death martial rebondissant juste bien assez pour se rassasier.

Le meilleur est toutefois à venir, car leur effort suivant emprunte les mêmes armes en les affûtant davantage. Allez, un petit clin d'œil à mes compatriotes, on doit encourager les produits du terroir comme on dit ! Mais à lire mon argumentaire et sa longueur, vous comprendrez que… peut mieux faire !