Des fois, je crois que je suis devin. Est-ce parce que j'écoute beaucoup de musique et que je viens à connaître les patterns et à prévoir les destinées des groupes ? Mes prédictions s'avèrent souvent véridiques, comme si j'avais flairé la bonne affaire ou... le « flopus monumentalus » vers lequel un groupe se dirige. Tout cela pour dire qu'à la fin de ma chro de "Monolith", j'écrivais ceci: « Oui, IN MOURNING est déjà un monolithe. Ne lui reste plus qu'à se développer un talent pour la sculpture. ». Bref, je voyais dans ma boule de cristal (holà, cliché !) que les Suédois avaient tout le potentiel pour devenir un groupe de premier plan s'ils arrivaient à transformer leur glaise de première qualité en œuvres d'art.

Avec "The Weight Of Oceans", c'est mission accomplie. Ma prémonition s'est avérée exacte et tout le monde est content !

Les observateurs remarqueront que la pochette et le concept de l'album se rapprochent un peu des homologues finlandais d'OMNIUM GATHERUM ; un océan, un Death Mélo inspiré des grands espaces marins... J'avais parfois l'impression de manger à la même auge, surtout que j'écoutais les deux albums simultanément... Mais non, les deux groupes sont très différents, IN MOURNING s'éloignant de son voisin par le chant moins caverneux, son côté Prog, son rythme un chouïa plus lent et sa production moins hollywoodienne. Je ne dirais pas que c'est nécessairement mieux ainsi, chaque groupe réussit à jongler habilement avec ses choix et à nous foutre une raclée, alors on ne se mettra pas à râler...

"The Weight Of Oceans" raconte les péripéties d'un phobique de l'océan, qui se fait mettre au défi par de vieux boucs style Capitaine Haddock de vaincre sa peur en prenant le large. Ok, pas de points pour le concept, mais bon, on explique l'image du poulpe géant sur la pochette du moins, non ? Ah non ? Bien. Passons à la musique, parce qu'il y a en masse à se mettre sous la dent...

Death Mélo et Prog font bon ménage chez IN MOURNING, encore plus que Sarko et Carla, bien plus que Hollande et son ex. J'ai tendance à considérer le quintette comme un DARK TRANQUILLITY qui aurait trop écouté de Prog à la ANUBIS GATE ou autre pointure progressive, sans le ploumploum robotique ou les effets de synthé. Car IN MOURNING arrive à fasciner sans artifices ; trois guitares, un chanteur polyvalent qui se fait épauler par un autre de temps à autres et voilà tout ce dont il a besoin. Sa richesse, son secret, se trouve dans la dualité « riff qui annihile sa race et passages aériens style on décompresse en écoutant un prodige de la guit' sur le bord de la mer en vacances ». Wow, l'image... C'est là que les Suédois sont mystifiants, ils manipulent l'auditeur sans cesse en le martelant de coups de boutoir, pour ensuite lui apposer un baume typiquement Prog, à la limite du Blues lyrique tellement les notes s'envolent loin de leur ligne de départ.

N'oublions pas que, Death Mélo oblige, IN MOURNING gratte comme un chef avant de partir sur ses délires style « mélodies nostalgiques inspirées d'un bateau qui dérive vers la tempête avec un étron apeuré à la barre ». Et je ne parle pas juste du riff démentiel de "A Vow To Conquer The Ocean", grand vainqueur du « plus impressionnant déployeur de moshpit 2012 », ou des mastodontes "Convergence" et "The Drowning Sun". Fouinez un peu et vous verrez que cette étendue verte et sauvage cache habilement des eaux calmes et d'autres plus agitées.

Bon, avant d'abuser des métaphores maritimes, je vais clore ce charabia en vous conseillant fortement de ne pas rater la chance de vous laisser bercer par les flots tumultueux de cet album, car "The Weight Of Oceans" et son petit minois Prog/Doom intercalé d'un contagieux Death Mélo bien organique, vous donnera envie de plonger, quitte à vous faire bouffer par les requins.

Encore une fois, un immense 4, aussi gros qu'un Titanic qui n'aurait pas coulé et ramené Jack et l'autre connasse à bon port.

Bon, ça suffit. Allez vous ébouriffer et planer en paix !