Le voilà enfin le successeur de "The Weight Of Oceans". Le quatrième album des Suédois d'IN MOURNING. Le quatrième, celui que je me plais à appeler l'album de la maturité, car d'habitude, après quatre disques, on sait si un groupe est sur la bonne voie ou non. Certes, il est encore possible de réajuster la barre à ce stade-ci d'une carrière, mais à notre époque ingrate, la concurrence étant forte et la patience des amateurs réduite à peau de chagrin, les zicos doivent enfoncer le clou dans un espace temps de dix ans, maximum. Je sais, ce n'est pas la première fois que je vous en parle, mais c'est selon moi une des colonnes inébranlables du temple métallique.

Formé en 2000, IN MOURNING a sorti son premier skeud en 2008, ce qui nous fait quatre albums en 8 ans, une bonne moyenne. Et de très haute facture en plus… Alors oui, les Suédois font partie de la crème de cette nouvelle vague Death Mélo/Prog à la sauce épique et mélancolique. De la puissance lyrique, du muscle saillant qui sait attiser la passion des rustres et des poètes, bref, un agent fédérateur absolument contagieux. Et quand on exploite la thématique maritime, avec ses immensités mouillées, ses catastrophes, ses beautés et ses dangers, on peut être certain que le champ lexical s'étire aussi loin qu'aux étoiles. Une thématique déjà prisée par de nombreux groupes et qu'IN MOURNING a savamment réinventée avec "The Weight Of Oceans".

La remarquable pochette de cet "Afterglow" nous promet un léger changement de registre par rapport aux envolées dramatiques de la claque précédente, dont les couleurs plus froides nous conviaient à un bal de guitares éplorées. Ici, on anticipe plus de fougue, de colère, de feu, tout en sachant pertinemment qu'IN MOURNING ne se mettra pas à alourdir radicalement la cadence. Sorte d'émule entre OMNIUM GATHERUM, INSOMNIUM et BE'LAKOR (dont le dernier album est magnifique, au passage), qui a délaissé ses influences OPETHiennes depuis plusieurs années, IN MOURNING sait manier le gros calibre comme le plus petit pour atteindre sa cible. Ce n'est ni un pachyderme qui écrase nos cervicales ni un rapace qui nous arrache quelques lambeaux de chair ici et là, il se situe sur la mince ligne du bon goût en Death Mélo. C'était vrai sur "TWOO" et c'est encore plus vrai sur "Afterglow", dont la saveur prédite ne s'avère pas si calcinée.

Bien sûr, l'exaltation du quintette prédomine, le sens de la mélodie sirupeuse à la INSOMNIUM est affûté comme jamais, mais ce brasier aqueux enveloppant les vaisseaux et phares sur cette mer enragée ne consume pas tout. On aurait pu espérer plus d'explosions, mais bon, ce Metal ne se met pas à nu facilement, pour compenser ; il faut de multiples et savantes écoutes pour bien entrer en communion avec la sève énergisant l'ensemble, surtout que les Suédois piochent pratiquement au même quai qu'en 2012 !

On retrouve les élans grandioses ("The Grinning Mist", "Below Rise To The Above", "Ashen Crown") qui font d'IN MOURNING un leader de la scène Death Mélo, et des riffs percutants ("Fire And Ocean", "The Lighthouse Keeper", "The Call To Orion") nous assurant un divertissement de la tête à la queue de cette gentille bête. Seule la pièce-titre me reste un peu en travers de la gorge ; je pense que les Suédois auraient pu achever leur périple de manière plus poignante et punchée.

Mais n'allez pas croire que les six autres morceaux sont dépourvus de substance, car "Afterglow" est la preuve formelle qu'IN MOURNING a une longue et jolie route pavée devant lui. Il devra éviter les secousses de ses homologues, mais son bateau a dompté les océans les plus déchaînés une seconde fois sur ce solide album, alors je n'ai aucune crainte.

Podium : (or) "The Grinning Mist", (argent) "Below Rise To The Above", (bronze) "The Lighthouse Keeper".