La surprise n'en est pas vraiment une. Quand on voit combien j'ai loué les bienfaits d'un "Lapsus" par le passé, voir apparaître mon avis sur ce second album une grosse année après sa sortie, et quelques maigres mais assez effroyables écoutes, ne peut signifier qu'une chose et pour la présenter poliment : on s'emmerde. LIGHT BEARER avait tout du nouveau chef de file, habile ouvrier qui bâtissait ses ambiances sur des pics et des falaises, homme du danger et plein de ferveur. Le voilà tomber dans la facilité immonde et la banalité affreuse.

Y a pas à dire pourtant, l'intro tenait toutes ses promesses, amenant un violon triste sur un violoncelle chaleureux et berçant l'auditeur dans une douce tristesse sucrée... C'était sans compter le début des hostilités qui, par contre, était annonciateur du pire. Les Anglais qui jusque là fournissaient leur Post Metal avec fièvre et conviction, sont réduits à délivrer de vieille rythmiques Hardcore passées à la moulinette, usées jusqu'à l'hypoderme et plus crédibles pour un sou. De leurs airs agiles et rusés, ils sombrent dans le lourd et le maladroitement pompier, tapant dans le too much sans vergogne et abrutissant l'auditeur là où on appréciait bien plus sa froide neutralité ou ses pulsions sauvages.

Là où tout sonnait naturel sur "Lapsus", "Silver Tongue" nous arrive en grandes pompes, théâtral et surjoué qu'il est, bien trop sûr de lui et appliquant sa sentence sans finesse aucune mais surtout avec la banalité de l'ouvrier à la chaîne. Alors je vous parle pas des moments où la voix claire plus du tout convaincante fait son apparition, du genre chevrotante, avec on côté Indie chemise à carreaux et motte de paille. Non vraiment "Silver Tongue" est un opus que l'on regarde avec ce regard désolé que l'on porte aux "try too hard", aux forcenés de la pesanteur et de la pseudo-catharsis portée disparue depuis que le premier sillon s'est déroulé.

Alors je râle, je râle, il y a quand même des moments que l'on apprécie dans tout ce marasme. Mais quand on t'a travaillé le chou pendant plus de dix minutes, ou plus d'une heure (notez que le présent album dure 1h20), il est tout de suite beaucoup plus compliqué d'apprécier ces petits cadeaux du Ciel (ah ouais on en est à ce niveau-là quand on arrive enfin à dégoter un passage sympathique) qui nous tombent dessus, anesthésiés que nous sommes, déjà bien loin. Alors oui il y a de la volonté de bien faire, oui il y a un semblant de sueur à l'effort mais on s'en contrebalance complètement neuf fois sur dix. Et non je ne jouerai pas à "Papy raconte-nous une histoire" cette fois-ci avec le concept et la narration du groupe, la foi (c'est le cas de le dire) n'y est plus, s'il ne devait rester qu'un unique survivant ici, il se dresserait pour mieux s'effondrer du haut de ses deux syllabes : le dépit.


I will climb atop, I will spread my wings


Note réelle : 1.5/5.