L'introduction était toute trouvée. Vous, pauvres lecteurs assoiffés qui n'avaient rien à vous mettre sous la dent depuis la sortie de "Lapsus", à part un Split avec NORTHLESS contenant une unique piste de vingt minutes tragique et pesante, êtes sauvés par... moi, qui vous déterre le premier EP du groupe en attendant la sortie du sacrosaint "Silver Tongue" ce Printemps. Le temps passe et je ne m'attèle toujours pas à la tâche... et voilà que LIGHT BEARER décide de proposer son album en intégralité en téléchargement gratuit le 8 Février... Malédiction. L'introduction vient de tomber à l'eau...

Il n'en reste pas moins que l'objectif principal de cet écrit reste intact : déterrer le premier EP du groupe : "Beyond The Infinite: The Assembly Of God". Le groupe avait prévenu : chaque enregistrement a une place dans notre concept. Rappelons que les Anglais se sont fixés pour objectif de sortir une tétralogie narrant l'histoire de Lucifer, le bien nommé "porteur de lumière". Et donc comme on est ici en présence du premier EP, et premier enregistrement studio en général, on a le droit à une grosse introduction de l'histoire. Introduction très rapide dans les paroles de la chanson mais beaucoup plus longue dans tout le texte explicatif fourni par le groupe, comme à son habitude, aussi bien sur l'objet physique que sur son site internet. En deux mots : Dieu est en train de créer notre Monde et tous ses habitants. Il y choisit un fidèle, le porteur de lumière, qui lui sera dévoué, puis d'autres : Gabriel, Belial, Michael... Puis un jour, pour évaluer leur dévotion il décide d'élire Adam, l'Homme, comme étant la créature qu'il aime le plus de toutes celles qu'il a créées, plus que les anges, et leur demande de s'incliner devant lui. La suite dans "Lapsus"...

Vous aurez remarqué que j'ai écrit "la chanson". En effet ce premier EP n'est constitué que d'une seule et unique piste de dix minutes. Commercialisé exclusivement en vinyle pour plus de dix boules, vous êtes en droit, comme moi d'en attendre quelque chose de chiadé, autant sur le plan matériel (l'objet) qu'immatériel (le son puisque c'est de ceci qu'il est en majorité question, zut!). Loin d'un "Unsilent Death" (EP/Album (on sait pas trop) récent ayant le rapport durée/prix le plus élevé du marché. Southern Lord oblige...) terriblement sobre dans son packaging, "Beyond The Infinite" est d'un classieux sans précédent. Faut dire que la formation compte quand même Alex CF au poste de chanteur qui est également ni plus ni moins qu'un illustrateur très doué. Au programme : une pochette au recto aqueux et mouvant, un véritable bouillon de vie, et au verso tout aussi beau et troublant, comme deux hommes en fin de mitose (oui étrange), un carton protecteur méchamment classe avec logo grand format d'un côté et paroles, explications puis blabla usuel de l'autre... puis le clou du spectacle lorsque l'on sort la rondelle noire : la face B du vinyle est sérigraphiée, recouverte d'une sorte de roue aqueuse et hypnotique. Non vraiment ils ne se foutent pas de nous.

Venons-en à la musique. L'unique titre de cet EP ne sera une surprise pour aucun auditeur de "Lapsus". L'introduction de "Beyond The Infinite" a été reprise sur la première piste de "Lapsus" (qui porte le même nom, tiens donc !), elle est donc familière : quelques notes de guitares en suspension pendant que la batterie se réveille petit à petit, puis le titre évolue dans des contrées plus tourmentées avec l'apparition de la voix d'Alex CF, tout d'abord claire et esseulée puis se dirigeant vers son timbre habituel : un cri déchiré, rauque. La production est, comme sur l'album à venir, irréprochable, offrant un rendu clair, tout à fait limpide, mais qui sait devenir brumeux et comme "indéfini" lorsque les guitares décident de sortir le bout de leur riff touffu. L'osmose Post Rock / Sludge Atmosphérique fonctionne à merveille, dévoilant aux yeux de l'auditeur tout un large paysage émotionnel et sensoriel qu'il pourra goûter plus en profondeur sur l'enregistrement longue durée à paraître. On retrouve également Tim Bowen au violoncelle et Matthew Bunkell aidé par Isobel Williams au piano et glockenspiel. Je dois d'ailleurs avouer que j'ai plus de mal à les cerner sur cet EP.

Vous l'aurez compris, si vous n'avez encore jamais posé une oreille sur LIGHT BEARER je vous conseille ardemment de commencer avec ce premier EP, excellent amuse-bouche pour les événements à venir. Par contre si vous connaissez déjà le premier méfait des Anglais, même si l'écoute sera plaisante vous n'aurez rien de nouveau à vous mettre sous la dent étant donné que les gimmicks et autre modus operandi sont très proches si ce n'est les mêmes que sur le premier album de la formation. On notera également que dix minutes de morceau c'est décidément trop court, la fin en queue de poisson nous fait désirer plus. Dommage. Mais ne boudons pas notre plaisir cela dit et repartons pour un tour de sillon.


Kneel low and bow humble


Note réelle : 3.5/5