Quelques notes au piano… des guitares fatales… puis une voix grave au loin, peu discernable, comme un murmure. L'ambiance est posée. Le Prologue de toute une histoire est là, obscur, tranchant presque, et sans faille. Puis viennent quelques notes de guitares tirant vers le Post-Rock et… tout commence. L'histoire de Lucifer commence.

Dire qu'Alex CF, chanteur de la formation, aime bien créer des récits, des histoires qu'il narre sur plusieurs albums, ne serait pas une nouveauté pour tous les fans et/ou connaisseurs de FALL OF EFRAFA son ancienne formation. Autant prévenir tout de suite d'ailleurs, il n'y a aucun rapprochement à faire entre FALL OF EFRAFA et LIGHT BEARER. Là où le premier groupe d'Alex CF tendait pas mal vers une forme de "Neocrust" enragé et particulièrement épique, LIGHT BEARER manie à merveille le Post-Rock et le Sludge Atmo, la voix de Alex CF — reconnaissable entre toutes — totalement déchirée par dessus.

Durant 4 volets, LIGHT BEARER va s'entretenir à nous conter l'histoire de Lucifer. Lucifer signifiant "Porteur de Lumière" en latin, le nom du groupe est tout trouvé. Le premier volet de cette saga est donc ce "Lapsus" rêveur mais aussi torturé par moments. Pour faire le tour du pitch, Lucifer refuse de s'incliner devant Adam car il ne vit, ne respire, que pour Dieu (qui n'est pas appelé comme tel dans cet album). Ce dernier y voit un acte de défiance et non un acte d'amour et va donc le faire juger puis expulser, lui et ses partisans, de son royaume. A la fin, Lucifer se promet de trôner à l'égal de Dieu, dans son propre royaume, avec les siens.

Revenons à présent sur la musique proposée par le combo. Comme je le disais précédemment, LIGHT BEARER mélange à sa guise des éléments de Post-Rock et de Sludge Atmo. Aucun instrument n'est laissé en retrait, la batterie est même un poil surmixée, au dessus de guitares qui savent se faire vaporeuses. Les passages calmes, plus speed et explosifs se suivent de manière somme toute classique, mais l'auditeur n'a pas l'impression d'un pilotage automatique ou encore moins d'un groupe qui suit un plan de morceau pré-mâché. Tous les éléments de la musique du combo s'allient et s'enchaînent de la manière la plus naturelle qui soit, créant une sorte de magma auditif cohérent et, ma foi, bien agencé.

"Lapsus" se compose de quatre véritables morceaux. "Beyond The Infinite" nous mettant dans le bain et "The Metatron" faisant office d'interlude. En l'espace de 59 minutes, le groupe nous donne à entendre une musique chargée d'émotions. Et j'insiste sur ce point. "Lapsus" n'est autre qu'un sac de 80 kilogrammes d'émotions. Même si l'auditeur est plus spectateur qu'acteur, le spectacle est tellement bien mis en scène que l'on ne va pas râler. Le pic émotionnel étant atteint lors de la chanson "Prelapsus" et sa voix claire juste splendide (moi qui croyait que c'était un guest féminin, que nenni, c'est un membre du groupe) en fin de morceau ! On remarquera également le travail captivant de Tim Bowen au violoncelle, que l'on retrouve un peu partout dans l'album, tantôt tragique, tantôt reposant. Sans oublier Isobel Williams qui a porté main-forte à M. Bunkell pour le piano et le glockenspiel. Ça peut paraître un détail, mais ce genre d'interventions ne fait que renforcer la puissance émotionnelle de cette galette.

Pour sûr, ce premier effort de LIGHT BEARER est une des meilleures sorties Sludge Atmo de 2011. Si ce n'est la meilleure. Jeter une oreille sur cet album est donc très fortement conseillé si vous êtes fan du genre. Un disque qui aurait pu finir en sélection du site, mais je suis sûr que le groupe peut mieux faire. Rendez-vous au prochain volet.


We are the sons of fire ! We are the daughters of light !