Manque de chance, mais certainement pas manque de talent, CHINA a toujours été le mouton noir du Hard Rock suisse. Le groupe, qui a notamment compté en ses rangs le chanteur Marc Storace (KROKUS) et le bassiste Marc Lynn (GOTTHARD), débute pourtant sa carrière sur les chapeaux de roues en 1987, publiant deux premiers albums forts convaincants sur la major Phonogram. Néanmoins, d'incessants changements de line-up feront prendre au groupe un retard non négligeable sur ses compatriotes, parmi lesquels les deux groupes précités et les plus récents SHAKRA ou CRYSTAL BALL. Une poignée d'albums passés inaperçus dans le courant des années 90, et voici que le groupe met sa carrière en suspens jusqu'en 2010, date à laquelle il refait surface par le biais d'un "Light Up The Dark" à l'identité très marquée par AC/DC, influence majeure des 5 membres du groupe. Trois ans plus tard, "We Are The Stars" fait office de petit exploit, puisqu'il n'est marqué par aucun changement de line-up, exercice dont CHINA est pourtant coutumier.

Reste que si les membres du groupe restent inchangés, ce n'est pas le cas de la musique. Si la base reste un Hard Rock classique, le combo décide de prendre son monde à contre-pied en incorporant un important nombre d'éléments Modern Rock, voire Pop. Une volonté de sonner jeune et actuel, qui a vu le groupe collaborer avec Corey Taylor (oui oui, celui de SLIPKNOT) pour les paroles du single "Everywhere You Are", sucrerie Rock Moderne taillée pour les radios, qui doit beaucoup à ses mélodies foisonnantes et immédiates ainsi qu'au chant à la fois puissant et clair comme de l'eau de roche de d'Eric St Michaels, qui parvient à rendre superbe un refrain qui semble par ailleurs vite ficelé. Comme une rencontre contre-nature entre AC/DC et U2, CHINA propose ainsi un lot de morceaux proposant à la fois des riffs couillus et des mélodies très policées, une formule qui offre son lot de bons moments, à l'image de "Kisses On Fire" et son harmonica bluesy, ou "Inside Out", qui doit beaucoup à la force de son riff et de son refrain.

Tout cela se fait raisonnablement intéressant, et l'on se prend à apprécier de Modern Rock parfaitement maîtrisé par le groupe. L'énergique et entraînant "That's A Lot Of Love", son duel de guitares façon THIN LIZZY, "Remember My Name" ou le titre final "We Are The Stars", à la fois percutant et aérien, démontrent toute la capacité de CHINA à se faire à la fois inspiré et bien ancré dans son époque. La durée courte de l'album (à peine plus de 30 minutes) participe également à l'impact de ce dernier, et permet d'éviter tout remplissage inutile, même si "Circles In The Skies" et sa Pop mollassonne, façon The SEER, n'est pas du meilleur goût.

On retient donc de "We Are The Stars" un album surprenant d'un groupe qui n'hésite pas à remettre sa musique en question et à innover, et qui parvient ainsi à se démarquer de sa concurrence directe. Chose peu aisée au vu de sa longue histoire, CHINA livre un album audacieux qui satisfera les amateurs d'un Hard Rock soft et accessible. Un retour qui se doit être salué.