Pour peu on les aurait cru perdus. Et vu comment leur dernier album ici présenté n'a pas fait plus parler de lui que ça, on risque pas de les voir citer partout. JEX THOTH est de retour, et oui. Cinq ans, une durée honnête dirons-nous. Depuis leur opus éponyme, le groupe a bien fait attention de lâcher quelques EPs sur son passage et si, rétrospectivement, ils annonçaient doucement les changements futurs, musicalement ça n'allait pas vraiment chercher très loin. C'était maigre, on va pas s'éterniser. On préférera d'ailleurs vite les oublier.

Donc de retour : "Blood Moon Rise" qu'il s'appelle et encore une fois la nature. La nature dans le titre, encore une fois dans la pochette de l'ami Sami Hynninen — ou un des seuls illustrateurs qui n'a absolument pas de patte reconnaissable entre les différents groupes avec lesquels il a collaboré — qui d'ailleurs signe sa plus belle œuvre... et donc je reviens à ma nature : nature également, et bien dans la musique ! Rappelez-vous ce premier album qui vous fait danser à moitié nu, piétinant la terre avec fougue. Et oubliez-le aussitôt parce que comme je l'ai brièvement mentionné au dessus : changements il y a.

"Jex Thoth" était le jour, "Blood Moon Rise" est la nuit.

Jex, la chanteuse, tient toujours son rôle de prêtresse totalement outta here, mais se fait ici beaucoup plus maternelle. Elle couve l'auditeur, n'oublie pas de déclamer toujours son texte, mais prend également, lorsque le cœur lui en dit, des intonations bien plus intimes, guidant l'auditeur dans la forêt dressée par le reste de la troupe. Jex se fait ici la Fever Ray du Doom qui, sur une musique beaucoup moins délurée que par le passé, susurrant à l'oreille de l'auditeur, assure son paisible voyage. Sa paisible procession ? On aurait envie de le dire tellement ce second album prend des aspects, si vous me permettez, funéraires.

En effet, mise à part l'accès de groove de la très bonne "The Places You Walk", "Blood Moon Rise" est beaucoup plus éclairé à la faible lumière de la lune qu'à celle d'un feu de camp. Et ça ne va pas en s'améliorant : l'album se fait de plus en plus lancinant, se clôt sur un "Psyar" on ne peut plus soupiré, précédé par le titre évocateur "The Four Of Us Are Dying". L'humeur n'est certes pas à la fête, mais rappelons que "paisible" reste l'adjectif le plus adéquat pour vous représenter le voyage qui vous attend. Si les guitares ne partent plus dans des explosions psychédéliques dignes des premiers soldats de la fleur, elles conservent cette teinte (le solo de "Ehjä") et cette fugacité. Et si l'orgue n'est plus aussi provocant, il berce comme il a pu nous bercer sur un "Stormcrowfleet".

Un halo chaleureux, voilà ce qui émerge de ce second album de JEX THOTH, aussi placidement accablé peut-il être. Avec le dernier album de SUBROSA, on tient ici les deux albums de Doom rêveur de l'année : des sonorités qui vous serreront assurément le cœur (je vous encourage à aller écouter le meilleur titre de la galette : "Keep Your Weeds"), montant tranquillement et sereinement vers le ciel. Pas nécessairement ascensionnel, mais fondamentalement protecteur.


It holds you in its arm. Keeps you safe from harm.