En 2005, SENTENCED, cédant à la tentation de ses textes, s’auto-sabordait après une dernière et poignante prestation scénique (captée sur le CD/DVD "Buried Alive") en guise d’ultime hommage à tous ses fans. Pouvait-il en être autrement étant donné le côté délétère de la formation ? Non certainement pas. Des différentes personnalités composant le line-up, chacune suivra son propre chemin, Ville Laihiala (chant) partant se consacrer à plein temps à POISONBLACK avec le succès que nous lui connaitrons, tandis que ses compères rejoindront/fonderont THE MAN-EATING TREE (Vesa Ranta, batterie) et KYPCK (Sami Lopakka et Sami Kukkohovi, respectivement guitariste et bassiste). Seul, préférant se retirer du monde du showbiz demeurera Miika Tenkula (guitare et principal compositeur), qui ne tardera malheureusement pas à succomber à une crise cardiaque (février 2009) reléguant définitivement au néant l’espoir éventuel d’une reformation future.

Laissant derrière lui un patrimoine riche de huit albums, d’un double live et de quelques démos, splits et EP en tout genre, il ne faudra guère de temps à Century Media pour comprendre qu’il lui reste encore à jouer la carte du ‘collector’ dans l'espoir de récolter quelques deniers supplémentaires … Pardon nous nous égarons, nous voulions bien sur dire, qu’il ne faudra guère de temps au label européen pour nous offrir un bon coffret rétrospectif en guise d’hommage posthume au guitariste décédé. Bref. En tout cas, l’objet sort bel et bien fin 2009 sous l’apparence d’un cercueil noir délicieusement sobre; et avec du SENTENCED à l’intérieur, quoi d'étonnant ? Faussement limité (4000 copies au bas mot) mais bien garni (16 CDs + 2 DVDs ainsi qu’un gros livret de 115 pages), ce recueil est évidemment un objet destiné aux collectionneurs, mais nous n'entrerons pas plus avant dans le détail car là n’est pas l’objet de cette chronique. De toute manière tous les enregistrements, hormis le "Dead Leaves" dont il va être question ici, ont précédemment déjà été édités sur supports physiques individuels, vous n'aurez donc qu'à vous reporter à la chronique adéquate pour en savoir plus.

Compilation de B-Sides de son état, ce "Dead Leaves" est donc là pour nous offrir de la rareté et de l’inédit à nous qui croyions tout connaitre de feu SENTENCED. N’oublions pas qu’au cours de sa carrière le combo à su butiner à gauche et à droite et en cela, le fait de présenter le tout sous forme de compile 'à thèmes' s’avère fort avisé. Ça démarre donc logiquement par du gros swedeath de velus, pour ceux d'entre nous qui avaient déjà oublié ou qui ignoraient que les Finlandais ont d’abord fourbi et affuté leurs riffs sur la scène Death-Metal comme nombre de leurs camarades de l’époque (au hasard AMORPHIS et THERION), avant d’adoucir peu à peu le propos en se tournant vers ce Metal mi-gothique, mi-heavy que nous lui connaissons. En cela, "Amok Run" et "The Glow Of 1000 Suns" (et ses légères mais étonnantes touches électros sur l'intro et l'outro), tous deux enregistrés en 1994 mais laissés de côté au profit d'autres morceaux pour le tracklisting définitif de "Amok" (1995), en sont de bons exemples, avec ce qu'il faut de riffs incisifs d'époques et de soli véloces et endiablés. Avec "No Tomorrow" et de façon encore plus flagrante avec "Routasydän", nous accompagnons SENTENCED dans sa mue, le voyant agrémenter sa musique de parties acoustiques, de riffs mid-tempo plus Heavy (et donc moins vindicatifs) tout en assistant à l'arrivée de Ville Laihiala, qui va vite s'affirmer comme membre à part entière du groupe, grâce à son chant, pas toujours juste mais si reconnaissable.

Nous passerons rapidement sur la partie 'versions éditées' peu digne d'intérêt puisque présentant les titres "Ever-Frost", "Killing Me, Killing You" et "No One There" amputés de bonnes poignées de minutes dans le simple but d'en faire des singles (les clips accompagnant les deux derniers étant tout de même de belles réussites, ô combien poignantes). Il nous reste donc quatre reprises et deux extraits live pour clore ce recueil. Là aussi, les deux morceaux enregistrés en concert ont très peu d'intérêt puisque, à moins de raconter n'importe quoi, ils sont tout deux extraits du "Buried Alive" (également présent dans le coffret). Un jour, quelqu'un devra se dévouer pour demander aux labels les raisons de certains de leurs choix. En revanche les reprises, elles, sont déjà plus intéressantes à aborder puisque dans son travail d'adaptation, le groupe a su conserver le feeling original des chansons tout en sachant leur insuffler sa propre patte, ce qui en soit n'est pas un mince exploit. Alors certes, "Creep" (de RADIOHEAD) n'est pas la plus réussie (le chant un peu bancal de Laihiala sauf, étrangement, sur l'envolée finale, y étant pour quelque chose alors que cette chanson ne pardonne pas les approximations). C'est ensuite au tour de FAITH NO MORE et de W.A.S.P de passer à la moulinette scandinave pour un résultat honnête, assez proche des versions d'origine, mais avec un effort d'appropriation réel. Enfin, nous avouerons avoir un faible pour ce "House Of The Rising Sun" en mode alcoolique, débridé mais tellement à propos.

Nous n'épiloguerons pas davantage, SENTENCED est mort et tout a été dit à son sujet. N'empêche, que cette compilation d'inédits plutôt sympathique, malgré la relative inutilité de quelques titres, permet de tirer définitivement ce voile terne lui servant de linceul et de laisser enfin Miika Tenkula et son morbide de rejeton en paix. R.I.P.