Entre le ciel et la terre, shaman, prêtresse et divinité à la fois, on ne sait pas vraiment où se situe Jex Thoth dans son délire cosmique, ritualiste et somme toute transcendant. Après un split plus que rapide avec PAGAN ALTAR faisant quasiment office de single, la dame de la nature présente au monde son premier album longue durée, sa première marque floue mais envoutante, timide mais sauvage. Ça fait beaucoup de contradictions, mais on verra que cet album en contient quelques unes, des superpositions.

Et le plus gros bout est bien la principale problématique de toute écoute : comment est-ce que ça sonne ? Puisque même si la musique des Américains sert plus à soutenir le chant angélique, incantatoire et déclamé de Jex, elle a quand même sa part à jouer dans le binz général. Ces mélodies à la fois enchanteresses et aériennes peuvent laisser place à des riffs chargés qu'on ne peut se figurer autre que "terreux". Sentiment compliqué que la représentation de se prendre en pleine poire un pot de terre rouge, de se figurer la sauvageonne piétinant vigoureusement un sol encore vierge dans une danse ascensionnelle. Les mélopées alternent donc entre les envolées Folk Psychédélique et les chargements mats et grondants des guitares étrangement lourdes par moments. Et comme tous les plaisirs sont permis, on ne se gène pas pour inviter quelques sons d'orgue (presque sinistre sur "The Banishment"). De tous ces éléments, JEX THOTH va en tirer un magma instrumental qu'il va diriger au gré de ses envies et, surtout, de ses impulsions ; faisant escalader progressivement les basses fréquences pour exploser dans un bouquet fleuri ou laissant vomir un solo bref mais fugace à la guitare ("Obsidian Night") avant de muter le tout en une foire colorée et endiablée.

Et sur ce cocktail pour le moins atypique et "fort" vient se poser la voix de Jex Thoth qui, pas conne, a bien compris que si elle voulait appeler le groupe par son nom, bah fallait briller sur le devant de la scène. Je parlais plus tôt d'incantations, de danse du feu et tout ce qui va avec. Et qui parle de danse naturaliste appelle immanquablement à l'érotisme des forêts, celui sauvage avec des poils partout. Jex se fait à la fois suave et dominatrice, comme porteuse de présages plus ou moins lumineux, celle qui veut te connaître, celle qui veut t'attirer à elle, au fond (de la lisère? peut-être bien oui). Cette femme guerrière insuffle à la recette toute la volupté dont elle avait besoin, avec cette pointe d'insolence par moments, de dédain exacerbé. On se la figurera à la fois comme une présence fantomatique et la présence elle-même, qui te domine et te regarde de haut, attirant ton regard et tes mains désireuses. On revient à la multi-facette non exhaustive du début.

JEX THOTH propose une recette mariant aussi bien les vieux sons de synthé des années révolues, que peu de groupes de Rock Psychédélique auraient encore les cojones de ressortir des tiroirs, à des guitares immanquablement "marron" (ce sentiment de terre) qui peuvent à tout moment éclore et laisser échapper des senteurs à la fois estivales et tourbées ; sans oublier de se la jouer plus calme et reposée à des moments opportuns. Ce qui donne finalement un premier jet plus que satisfaisant qui offre un bon moment d'évasion dans un rite peu commun dans le Metal des années 2000.


When the raven calls...


Note réelle : 3.5/5