C’est au cours d'une soirée en 2006 au Québec que NORDHEIM fait ses premiers pas et aiguise ses armes. Warraxe et Benfok (qui formeront aussi plus tard VALKNACHT) composent les prémices de ce qui deviendra le morceau "Far Far Away". Ils trouvent que c’est génial et que ça "botte le cul". Ainsi, leur passion devient un véritable projet. Après avoir stabilisé leur line-up, une démo en 2009 composée de "Nightborn", "Sailing the Drakkar" et "Old Crazy Man" fera son apparition tandis qu’en 2010 paraîtra leur premier full-length, "Lost In North". NORDHEIM fait donc partie de ces nombreux jeunes talents (NORTHLAND, FÄNGÖRN, WINDRIDER…) qui souhaitent prendre la relève du Metal Païen. Et, ma foi, le quintet s’en sort avec honneur !
Nous avons là du Folk Metal épico-bourrino-guerrier un peu fou. Les riffs sont remplis de ferveur héroïque, les chœurs sont là, le rugisseur assure d’un bout à l’autre, les instruments folkloriques (synthétisés) sont également présents, surtout l'accordéon. Attendez-vous aussi à de glorieuses paroles stéréotypées, mais lorsqu’on aime, cela importe peu !

L’album s’ouvre directement sur un hymne : "Nightborn", dont les guitares reprennent avec ferveur la chouette mélodie de l’introduction. Il s’enchaîne avec le furieux "Far Away" suivi de la première chanson à boire, "Beer, Metal, Trolls and Vomit!" qui rappelle "Happy Little Boozer" de KORPIKLAANI. Oui, l’album dépote dès le début ! Et que dire de "Glorious March" ? Le nom suffit à lui-même. Un refrain emporté, plein de vaillance et de courage : le drakkar fend les flots déchaînés. Assis sur la proue à tête de dragon, je brandis vers les cieux un pichet d’hydromel bien mousseux !
Nos gaillards se sont amusés en faisant ce disque et on le ressent dans la musique. Ils n’ont pas hésité à introduire des passages humoristiques. Ainsi, à la fin de "Sailing the Drakkar", nouvel hymne maritime ponctué par des chants de matelots, un vieillard à la voix chevrotante s’emporte un peu trop, rêvant de bastons dont il n’a plus l’âge. Lorsque la seconde chanson à taverne se termine, "Old Crazy Man", le pauvre vieillard est balancé par la fenêtre. C’est immoral, mais ça m’a bien fait marrer, qu’Odin me pardonne. Ce morceau reprend d’ailleurs la même mélodie que celle de la précédente piste alcoolisée, mais jouée différemment. Manque d’inspiration ? Peut être pas. L’ambiance festive et cohérente du skeud est renforcée. Vous aurez envie de bouger votre popotin et garderez cette mélodie en tête un bon moment. "Promise To The God", "Beyond the Howling North" et "Blessing From the Star" sont un peu plus sobres, mais réservent leur lot de riffs emportés et épiques.

En fin de compte, nous sommes en terrain connu et le groupe continue de râteler là où tant d’autres sont déjà passés avant. Nous ne faisons pas face à une révélation, mais plutôt à un groupe qui reste fidèle aux pontes du genre. Les trolls de la couverture (bien qu’il s’agisse pour moi d’orcs et de gobelins) rencontrent les pirates d’ALESTORM, font une halte dans une taverne nommée KORPIKLAANI, se font pourchasser par les Barbares de TURISAS, participent à quelques aventures en compagnie de ENSIFERUM et finissent par se paumer dans les océans cristallins nordiques. Ils découvrent alors l’existence de trolls d’une autre race, plus ancienne, plus âgée, plus expérimentée, mais aussi beaucoup plus délirante : FINNTROLL. Voilà, telles sont les sources d’inspiration de NORDHEIM.

Ceci dit, nous aurions tort de les considérer comme de pâles copies, leur musique étant suffisamment bien administrée - diffusant une sacrée dose de bonne humeur - pour ne pas lasser trop rapidement.
Pour un premier album, nos zicos font preuve d’une certaine maturité sans tomber dans les pièges du convenu et de la trop grande facilité.