C’est dans une accueillante crypte milanaise que nous allons à l’instant exhumer CROWN OF AUTUMN. Celui-ci, tombé dans un oubli proprement injuste malgré son petit succès de l’époque, avait attiré les auditeurs friands de complaintes ancestrales et désenchantées. "The Treasures Arcane", sorti sur le jeune label ELFNOR n’a pas joui d’une distribution satisfaisante nonobstant sa qualité indéniable. Comprenons que nos Italiens ont fabriqué une potion savoureuse, dont la recette mêle habillement un Black Atmosphérique accompagné de claviers variés et un Metal Épique aux ambiances médiévales du plus bel effet. Cette mixture se trouve en sus couronnée de nombreuses guitares acoustiques inspirées que n’auraient pas renié les premiers EMPYRIUM. Il s’agit d’une vision pour le moins originale qui marie également les chants clairs, écorchés et black avec bonheur. Emanuele Rastelli, unique compositeur, signe des mélodies ouvragées, souvent marquantes et hautement mélancoliques, lesquelles tissent un habile canevas au vif pouvoir évocateur. De surcroît si la voix de Diego Balconi n’a rien d’exceptionnelle, elle parvient à dispenser une étonnante part d’émotion salutaire.

Le mémorable "Towers Of Doleful Triumph" proche du Speed Metal, ouvre l’album de manière majestueuse. La pièce est notamment marquée par un break acoustique remarquable repris d’un thème traditionnel. La lente et sereine progression de "A Lyre In The Vesper’s Calm" à la fabuleuse mélodie d’une délicate tristesse, saura envoûter les esprits les plus désabusés. "Nocturnal Gold part 1" voit des orgues solennels et lunaires dessiner une fresque mystique digne d’un départ pour les croisades, tandis que l’ingénieuse construction de "Nocturnal Gold part 2" utilise divers rebondissements et airs irrésistibles qui font de lui l’un des sommets du disque. Citons également le réussi "The Nettle Path Of Grief" et ses guitares lead addictives ou encore l’ambivalent "Thou Mayst In Mee Behold", lequel jongle avec justesse entre des couplets à la guitare sèche et une seconde partie plus virulente. Le titre éponyme quant à lui rappellera aux connaisseurs l’énigmatique GOLDEN DAWN sur "The Art Of Dreaming" (1996), de part sa construction qui alterne des passages rapides gorgés d’orgue d’église et des respirations plus classiques. Les dernières salves deviennent malheureusement anecdotiques, mis à part l’instrumental cinématographique final proche de l’heroic fantasy.

L’application et le talent des auteurs ne sont pas à remettre en cause, néanmoins nous déplorons une forme de redondance dans les enchaînements et les structures des morceaux. En outre, quelques fulgurances supplémentaires auraient sans aucun doute contribué à propulser l’œuvre à un niveau supérieur. Certains titres éprouvent toutes les difficultés à élever leur propos en dépit d’idées lumineuses et d’honorables intentions.

"The Treasures Arcane" conserve toutefois ses attraits sur le long terme et saura donc satisfaire les adeptes de Spleen médiéval et les fouisseurs du Metal polymorphe. Un gisant au son dépoussiéré et réédité en 2011, dont il conviendra de réviser les mélopées dans les hautes tours des forteresses d’antan.