Le Thrash, c'est globalement pas ma tasse de thé. C'est un de ces genres que je peux grandement apprécier en concert, et détester écouter chez moi, ou alors tomber dans un grand ennui. Il reste malgré tout des exceptions, comme SODOM, qui finalement, représente à merveille les meilleures parties du Thrash d'après moi, du coup, j'ai pas forcément de raison d'aller voir ailleurs. Néanmoins, j'apprivoise peu à peu le Black Thrash qui semble réussir à créer un beau terrain d'entente entre deux styles qui m'intriguent particulièrement.

Alors peut-être qu'un jour, je commencerai à approcher un style que je ne connais pas par des groupes reconnus et représentatifs. En attendant, il y a BESTIAL HOLOCAUST. Ce groupe bolivien qui mêle Thrash et Black Metal, finalement très peu connu, a actuellement sorti plusieurs Splits, EPs, et trois albums, dont ce "Temple Of Damnation" en 2009. Pourtant, il a tout pour se faire connaître : une allure ultra méchante-sataniste, une chanteuse assez originale (Sonia Sepulcral, si c'est pas super cliché ça), un visuel accrocheur... Ouais, on passera rapidement sur cette sublime pochette de luxure et de ténèbres. Mais finalement, ça représente plutôt bien le contenu musical : crasseux, obscène, bestial (oui, sans blague, le groupe s'appelle BESTIAL HOLOCAUST, encore bien cliché d'ailleurs).

Par contre, c'est un peu comme s'ils ne s'étaient concentrés que sur ça. L'originalité, connaissent pas. La plupart des titres ont une fâcheuse tendance à faire tourner le même riff assez longtemps, par exemple "Oscena Aberracion" qui garde quasiment le même du début à la fin, ce qui est assez ennuyeux. Le seul avantage sur ce titre, ce sont les samples de voix malsaine, le genre de truc que tous les groupes font pour combler les minutes, mais qui est ici finalement plutôt plaisant, dans le sens où ça s'adapte bien à l'image que le groupe veut donner.

Heureusement le groupe garde comme qualité de savoir varier les riffs sur les autres morceaux, je pense notamment à "Witches Sacrifice" ou "Fornication In The Land Of Death", où le tout s'enchaîne plutôt bien, avec un fil assez accrocheur.
Malheureusement les bons morceaux ne sont pas majoritaires, car il y a peu d'originalité, peu de bons riffs (et ceux-ci ont un bon goût de déjà-vu et de manque d'inspiration). BESTIAL HOLOCAUST est un groupe qui donne l'impression d'un rassemblement de potes, jouant pour le fun et pour se défouler, rassemblant les plus gros clichés du Metal Extrême, mais qui auraient par pur hasard trouvé de bons riffs lors d'une soirée alcoolisée, sans même forcément les chercher. Les compositions sont peu recherchées, mais finalement l'écoute d'ensemble de l'album envoie du lourd, accessible, et c'est ce qu'on attend d'un groupe comme celui-là.

Le seul point original se retrouve dans le fait qu'on a une chanteuse ici, qui gère plutôt bien son chant, le parsemant de hurlements stridents style vilain succube qu'on voit sur la pochette (on s'y habitue vite, ne partez pas dès les 17 premières secondes). Peu soigné, spontané, sale. C'est ce qui pèse le plus dans l'atmosphère sombre et brutale que le groupe a à offrir. Cela, et la composition très lourde et simple, souvent menée par une seule mélodie que suivent guitare et basse, mais qui se suffit à elle-même dans ce contexte-là. La basse est d'ailleurs bien audible, et omniprésente. Sans être spécialement intéressante, ça donne tout de suite un bon plus à l'album.

Bon, malgré quelques presque-mauvais morceaux, et un album globalement accessible par son côté relativement banal, on retrouve plusieurs points forts. "Witches Sacrifice" d'abord, qui donne plutôt bien l'eau à la bouche en tant que premier titre accrocheur, sur le style du groupe, et ferait presque croire qu'on a affaire à un groupe inspiré. A l'autre bout de l'écoute, en dernier, "Espectros" qui est tout aussi bon et présente les mêmes qualités. En fait, il aurait peut-être fallu retravailler tout ce qui se passait entre ces deux morceaux, à part "Pasaporte Al Inferno", le tube brutal de l'album et ses textes vociférés qu'on retient plutôt bien.

Ah, oui, évidemment, presque tout l'album est écrit en Espagnol. Hispanophobes s'abstenir... Ça a beau être une langue que j'apprécie pas vraiment, ça donne un côté assez peu commun sur ce plan-là, et je trouve que l'Espagnol a un côté non pas chantant, mais un peu brutal, incantatoire, dans la manière qu'a Sonia Sepulcral de l'utiliser.

Ce qu'il faut en retenir, c'est que c'est pas le genre d'album qui vaut un achat. Technique, inspiration, originalité, c'est l'autre porte. Comme s'il n'y avait pas vraiment d'effort de la part des musiciens. Malgré tout, ça reste selon moi un bon album, entraînant, violent, sans prise de tête, et qui va là où il veut aller.