"Seuls les cons qui cherchent à nous épingler comme des papillons sur des morceaux de liège verront l’intérêt de n’y voir qu’un "alboum de reprises" ". Ainsi parla Heinrich (guitare) lors d'une interview pour Pavillon666.

THE CNK, spécialistes de la provocation, professionnels de l'attitude élitiste, et pourtant, on se retrouve bien face à cet album de reprises. Rien ne sert d'espérer une grandiose apogée du groupe français, une agréable surprise d'une recomposition hors du commun... On est bien là face à un album de reprises assez fade. Alors oui, reprendre le tube de NICK CAVE & KYLIE MINOGUE, ou encore LEONARD COHEN version Metal Industriel, c'était plutôt bien tenté. Mais reprendre des classiques du Metal de MÖTLEY CRÜE à EMPEROR... c'était plutôt risqué, pour ne pas dire de mauvais goût. Car plutôt raté.

Si on ne peut leur reprocher d'avoir fait un massacre en révisant leurs classiques, on ne peut pour autant pas dire que le COSA NOSTRA KLUB nous surprenne et nous épate. Dans les structures, on retrouve un gros côté du passé avec le même aspect fun de l'Electro Indus que sur "Ultraviolence Über Alles" (bien moins sérieux que sur "L'Hymne A La Joie"). Et pourtant, dix ans après ce premier album, le groupe s'est largement assagi, le vieux Black Industriel massif s'est bien estompé pour ne devenir qu'une façade. Même le chant de Hreidmarr n'a plus le même timbre singulier, qu'on ne retrouve qu'à peine dans la reprise d'EMPEROR, "I Am The Black Wizards". Le choix des guests n'aide pas non plus à garder l'esprit dangereux et élitiste qu'on connaît de THE CNK. SNOWY SHAW, le guest principal de cet opus, ainsi que Swan de BLACKRAIN et Pills de PRIME SINISTER, ce ne sont pas des choix que je trouve utiles. Pour moi "Révisionnisme" ressemble plus à un album pour le fun entre potes qu'à une véritable sortie musicalement intéressante pour la carrière du groupe français.

Le résultat est rarement exceptionnel. Pour commencer, la reprise de "Too Fast For Love" avec Swan, me semble vraiment horrible. Cette entité du Glam tournée à la sauce Metal Industriel est vraiment bancale, le mélange Glam/Industriel est en fait très mal fait, je ne saurais même pas vous dire s'il est possible, il est en l'occurrence raté.
Même goût d'amertume avec la reprise de RAMMSTEIN. Un "Weißes Fleisch" un peu plus lourd mais sans changement conséquent, une intro intéressante qui préparait déjà à une nostalgie liée à des souvenirs de découverte du Metal... Et puis finalement, rien, un grand vide, on est content de retrouver une version inédite qu'une chanson qu'on a trop écouté il y a bien trop longtemps. Mais vraiment rien de plus.

La révision qui m'intriguait le plus de la part du KLUB était celle du titre romantique "Where The Wild Roses Grow" (de NICK CAVE & KYLIE MINOGUE). Et c'est bien le seul morceau qui m'a vraiment plu. Pas parce que je suis particulièrement fan de cette chanson, mais car la reprise a un véritable intérêt ici, avec des sonorités Metal extrêmement bien placées, d'une certaine évidence avec un côté massif crescendo et élégant à la fois, sans pourtant changer l'univers du morceau qui reste d'un romantisme certain même si bien plus noir. Le jeu de voix aurait mérité de garder cette opposition femme/homme pour coller aux paroles, mais les chants ont cette qualité de rester dans un registre assez sensible et émotionnel.

J'ai donné dans les extrêmes, reste un album plutôt plaisant finalement mais qui n'a rien de vraiment original ou d'étonnant, à l'exception peut-être de la reprise de LEONARD COHEN qui donne un nouveau souffle à "Everybody Knows" qui me fait penser aux atmosphères lourdes et sombres de "L'Hymne A La Joie", mais en un peu trop répétitif.

Si je devais retenir un morceau qui m'a marquée, sans que ce soit extraordinaire ou abominable, c'est la reprise d'EMPEROR, c'est à dire "I Am The Black Wizards". Il faut être audacieux et provocateur pour reprendre ce genre de titre au beau milieu de noms comme RAMMSTEIN ou les BEASTIE BOYS. Mais c'est bien le cas de THE CNK, c'est ce qu'on apprécie chez eux, cette attitude décalée, élitiste, osée, parfois incohérente. Et si cela signifie donner envie de danser sur un morceau d'EMPEROR, pourquoi pas ? De toutes façons quels puristes du Black iraient écouter du Metal Indus qui reprend les morceaux les plus improbables ? C'est sans doute le dernier souci du groupe que d'avoir leur avis.

Je qualifierais bien "Révisionnisme" de facile. Facile car il y a peu d'originalité, facile car les titres défilent en ne suscitant qu'une curiosité, qu'une surprise, ou qu'une amertume. C'est facile aussi pour l'auditeur, de juger que c'était mieux avant, en regrettant le dernier album, de trouver qu'il manque toute cette élégance, ce côté épique et majestueux que le groupe avait. Et pourtant c'est mon ressenti. La surprise est toujours bonne à prendre quand on est curieux, mais une fois l'effet passé, il ne reste pas grand chose.

Note réelle : 2,5.