Bon, on arrête un peu de creuser le Death Metal en Finlande et au Mexique et on se concentre sur l'autre bon gros foyer, à savoir les USA. Et on s'intéresse cette-fois à REVENANT, autre spectre des débuts du Death Metal quand même méchamment rattaché au Thrash, ayant sorti un unique album (une compilation d'absolument tout le reste ayant vu le jour en 2005 par le biais d'Xtreem Music) et étant depuis totalement tombé dans l'oubli, pas si à tort que ça hélas...
Mais, on peut d'office noter une particularité : REVENANT fut le premier groupe de John McEntee, dieu vivant du Death Metal ayant néanmoins fichu le camp au moment de la sortie de "Prophecies Of A Dying World" pour fonder l'entité INCANTATION. Déjà un beau plus-value qui donne un certain intérêt au combo et par extension à l'objet, rien que pour l'affinité historique...

Bref bref, retour dans le New Jersey du début des années 90. La scène Death New-Yorkaise, tous ces trucs ultimes là, si vous vous tapez mes publications vous voyez bien de quoi je parle. Paru dans le catalogue d'un petit label du moment de l'autre côté de l'atlantique (bien qu'ayant déjà sorti des trucs sympatoches, DISMEMBER, MASTER, BENEDICTION, voilà quoi), j'ai nommé Nuclear Blast, ce premier et dernier full-length de REVENANT se pare d'office d'une pochette que je trouve magnifique, avec un côté apocalyptique irréel mais réaliste qu'on dirait une photo d'un champ de bataille Warhammer. Aucun rapport avec la musique évidement, mais c'est toujours un bon début et ça donne envie d'aller plus loin.
Mais, il faut le savoir, cet album a été un bide retentissant à sa sortie, souffrant de problèmes de forme ainsi que de son cul entre les deux chaises Thrash et Death qui n'a au final pas pu contenter grand monde en son temps...

Mais, y a un truc qu'on ne peut pas nier, l'album démarre très très fort. Le titre éponyme qui ouvre les hostilités est une sacrée perle de Thrash méchant, frontal et dopé au Death sec et nerveux. Riff superbe, batterie qui martèle, lignes de chant crachées spectrales et beau tissage d'ambiance de fin du monde (entre les trémolos foutus un peu partout et le break ambiant à samples, on y trouve carrément notre compte pour sûr). Bref, tout frétillants que nous sommes, impatients de découvrir le reste malgré quelques défauts. Et puis tout tombe un peu à plat.
Déjà, la production ne va pas trop. Non pas que ce soit mauvais, ou que ça manque de puissance, c'est surtout un son purement typé Thrash très agressif mais sacrifiant totalement la lourdeur des guitares et amputant REVENANT de l’intérêt de son côté Death Metal pourtant extrêmement prononcé. Dommage. Et la batterie, merde quoi, dés que ça accélère c'est assez souvent une cacophonie monstrueuse qui martèle tellement n'importe comment avec un mixage ultra foireux qu'on finit par plus entendre grand chose d'autre ("The Unearthly", excellent morceau bourrin de base, en est quasi totalement massacré sur ses trois premières minutes).

Ensuite, REVENANT est salement amoché par un sérieux problème de composition. Tout ça pourrait être cool, mais les morceaux sont pour la plupart pleins à ras bord, dépassant les 7min pour rien, avec une durée totale de plus de 55min juste épuisante. Surtout qu'au final, c'est pour surcharger le tout de passages mid-tempo chiants tournant à vide. Ils savent parfaitement tambouriner de manière tapageuse et effrénée en bon gros Thrash Punkoïde bien épaissi par l'influence Death Metal (en faisant un peu abstraction de la batterie parfois bien gavante), avec des bonnes grosses accélérations disséminées ça et là sur absolument tous les morceaux. Par contre quand ça ralentit la cadence ça craint du boudin, à cause d'une totale incapacité à pondre des riffs marquants qui auraient rendu ces passages intéressants. De la routine mille fois entendue, rallongée plus que de raison, loin de rendre l'album mou mais effilochant toute notre attention. Et ceci est d'autant plus vrai sur la triplette "Asphyxiated Times"-"Distant Eyes"-"Valedictions" qui se répète inlassablement sans jamais nous capter ou nous donner envie de remuer la tête, bien qu'on sauve les soli. Bonnes grosses 20min à vide qui font pas plaisir.
Et là, délivrance. La tornade "Degeneration" vient nous sortir de notre torpeur en envoyant enfin du lourd, plus relevé et avec des passages rapides chaotiques assez dévastateurs (et une batterie en retrait, LOLWUT) et une dernière ligne droite épique qui laisse se terminer l'album sur nos meilleurs vœux de bonheur.

Bon, je sens que je vais encore truster les charts de non-consultation du site, mais on s'en balance.
REVENANT, c'est du Thrash qui tire sur le Death, ou l'inverse je sais pas trop, et même si c'est coolos, c'est trop coincé entre les deux pour vraiment marquer. Du gros Death rapide amputé de sa lourdeur, ou du Thrash sur-bourrin qui part en sucette, on sait pas trop mais au final c'est que de la mi-molle. Reste une paire de titres formidables (au début et à la fin) qui peinent à faire passer un sacré ventre mou, et en faisant la moyenne de tout ça on a un album mitigé que personnellement j'ai un peu du mal à comprendre les fans acharnés qui hurlent et pleurent sur le fait que ce soit tombé dans l'oubli.
C'est pas qu'on avait mieux à écouter en 1991 mais un peu quand même, suivez mon regard...

Bouuuuh : Du Thrash/Death qui se cherche et ne se trouve pas. Tout comme son public. Et c'est bien dommage. Snif pleure larmes.