Douze ans après, il est amusant de lire les kros-express qui ont été rédigées au fil de l’eau au sujet de "Time I" de WINTERSUN, y espérant une suite dans les meilleurs délais au regard du résultat en demi-mesure qu’a été le premier volume, en vain. Et je partage à moitié ce constat.

Car autant l’attente est foutrement longue et on n’en voit pas le bout -à se demander si on le verra un jour-, autant cet album est court en titres, mais est absolument dantesque. Oui, je fais partie des fans aveuglés par la brillance de Mäenpää, bourreau de travail et monomaniaque s’il en est.

Car ici, rien ne respire la simplicité ou le laisser-aller, quitte à, je le concède, tomber dans l’excès de tout, mais surtout de prod’ quand même. Malgré tout, une fois cela à l’esprit et sachant à quoi s’attendre, il est évident que la construction de ce monument a été pensée dans ses moindres recoins, jusqu’à la poussière sur les bibelots. Rien n’est précipité ou n’arrive comme un cheveu sur la soupe. On sait que la sauce va être lâchée à un moment, on sait à peu près quand, car cette galette est d’une prévisibilité criante, et pourtant l’epicness nous laisse sur le cul. Et bon Dieu qu’il m’en faut car beaucoup de skeuds jouant dans la même cour ou sur la même corde me laissent de glace, tentant de vendre des plans glorieux et conquérants, sans succès.

Mäenpää est convaincant dans son chant délectablement Black à vociférer des banalités affligeantes, mais après tout on s’en fout, car le quatuor a la puissance d’un orchestre philharmonique (grâce aux quinze millions de pistes qui tournent en même temps au montage). Mäntysaari, monstre de rigueur et d’application contrebalançant toute audace dans son jeu fournit une prestation carrée au possible, la moindre transigeance aurait de toute façon été sanctionné par le fier blondinet. Et que dire de Hahto, suant à grosse gouttes derrière ses fûts en toute fin de "Time" à en juger par leur prestation lunaire au Sonic Pump Studio à Helsinki, fier comme un coq mais moins frais que le gardon qu’il était à l’introduction instrumentale de "When Time Fades Away".

D’ailleurs, cet album de cinq morceaux ne contient réellement que trois titres "concrets". "Sons Of Winter And Stars" : épique et convenu, mais épique quand même, "Land Of Snow And Sorrow" : plus posé dans un souci d’équilibre mais sans tomber dans la mollesse, et enfin "Time" : qui assume son statut d’éponyme, WINTERSUNien par excellence, enfant Saint de l’esprit tatillon et torturé du leader scandinave.

Et voilà, emballé c’est pesé. Rien jusqu’alors n’a su étancher la soif apéritive induite par ce premier volet, sans fratrie depuis plus d’une décennie. Si l’on contextualise l’album avec ses promesses non tenues et cette maudite attente, on pourrait conclure d’un amer "tout ça pour ça", mais en tant que tel, il est presque panthéonisable.

Note réelle : 4,999[...]/5.

Morceau préféré : "Time", comme le temps qui court… et qui pour le coup n’est pas sérieux, et a un poil rendu orgueilleux un certain frontman…!