Christopher Lee est une figure unanimement reconnue dans le domaine artistique, ses incarnations de Dracula, Saruman, de Muhammad Ali Jinnah ou encore du comte Dooku ont fait de lui une légende du cinéma.

Oui mais voilà, Christopher Lee a toujours secrètement voulu chanter… RHAPSODY, après l’avoir utilisé comme narrateur pour sa seconde saga de l’émeraude, lui a donné la possibilité de se joindre à la fête pour un single, "The Magic Of The Wizard’s Dream" où la profonde voix de baryton de l’acteur trouvait sa place.

Et en 2010 il a franchi la limite… Lancé dans une quête de célébration de son supposé illustre aïeul Charles 1er le Grand, l’artiste s’est lancé dans l’élaboration d’un concept album ambitieux embrigadant un orchestre symphonique et deux groupes de Heavy Metôl ! Là où il y a eu tromperie sur la marchandise, c’est qu’il ne s’agit absolument pas de Metal Symphonique ! Plutôt d’une forme moderne d’oratorio partant de la fin et revenant par flashbacks sur divers évènements marquants de la vie du premier saint empereur germanique ; le second acte conte les évènements du siège de Pavie pendant la guerre contre les Lombards, l’acte III le massacre des 4000 Saxons à Verden, l’acte IV l’expansion sans fin du futur Empire franc face à des Saxons toujours aussi tenaces et l’acte V s’achève avec la soumission définitive des Saxons et l’avènement du pape Léon III. Structuré comme un opéra, chaque acte a son introduction et l’œuvre comporte elle-même une ouverture et un final.

Plusieurs vocalistes et un narrateur incarnent les personnages de cette épopée chevaleresque et guerrière (l’accent sur l’aspect sanglant et guerrier du règne de Charlemagne est bien mis en évidence par la narratrice). Les rôles comprennent notamment celui de Charlemagne jeune par Vincent Ricciardi (celui qui fait du air guitar ridicule sur une épée en plastoc dans le clip de "The Bloody Verdict Of Verden" et celui du vieillard mourant de l’acte I et du fantôme de Charlemagne par monsieur Christopher Lee qui nous soigne avec sa voix profonde qui, si elle est idéale pour les narrations, ne s’avère pas toujours très souple pour la mélodie. L’essentiel de ses interventions se tient donc dans le premier registre (ouf) avec une certaine réussite ; le vieillard, pas non plus prétentieux, n’a pas outrepassé ses capacités. En revanche du côté des nanas c’est pas la joie, et cette Hildegarde a une voix de mauvaise variété américaine assez insupportable. Grosse erreur de casting, encore plus quand on voit son air de biatch dans le clip où tous les vocalistes se regroupent pour un final épique qui fait plus penser au "Walk Through The Fire" de l’épisode musical de Buffy qu’à la "Chevauchée Des Valkyries".

Au final l’album souffre de quelques faiblesses et de particularismes qui le rendent totalement hermétique au public Metal. Le concept est cependant plutôt novateur et cela mérite d’être souligné, et je dois reconnaître que l’amateur d’Histoire que je suis parvient à s’y retrouver, les erreurs historiques étant évitées et l’anglais admirable de Christopher Lee et de la narratrice Christina Lee aidant à une compréhension aisée de la trame beaucoup plus importante que la musique ici. Je ne crois pas d’ailleurs avoir parlé de Metal il me semble. Si ? De reconstitution médiévale ? Peut-être plus en fait...