Il y a deux sortes de Goth Metal : les pompeuses reproductions de séances de capes et d'épées tirant sur le sentimental avec chanteuse à l'appui à 90% du temps. Cette première catégorie tombe souvent dans le kitsch et incorpore souvent des éléments médiévaux dans sa musique, en tombant dans le Folk ou le Metal Symphonique à deux sous (genre MAGICA ou CORONATUS). La deuxième famille, celle qui nous intéresse et qui soutient le genre dansant malheureusement sur pilotis depuis que les gros canons comme LACUNA COIL s'effondrent, est le Goth plus moderne à la lisière du Dark Metal, parfois du Doom, style ANATHEMA, KATATONIA et PARADISE LOST. Plus introspectif, plus dur, froid, moins fantaisiste, il traite de sujets plus matures et sa musique est très accessible et ses refrains, comme en Speed, sont très fédérateurs. Mais attention, le reste demeure inconnu et profond, souvent touchant même. AUTUMN nous en a offert un très bon exemple plus tôt cette année, à l'instar des Autrichiens de MELY et leur "Portrait Of A Porcelain Doll".

Nous approchons de la saison des feuilles mortes, alors pas étonnant que les compos de MELY nous touchent davantage, même si l'album est sorti début avril, au détour d'une saison un brin plus chaude. De toute manière, les cordes « melyennes », autant instrumentales que vocales, sont d'une moiteur suffisante pour toutes les températures, elles sont comme un baume pour le cœur et le corps au complet. Bon, vous allez rigoler, mais que voulez-vous, quand on cause Goth, on cause pas Black. Et là, on jase de bon Goth, pas de bouillie pour les chats.

Les morceaux de "Portrait Of a Porcelain Doll", quatrième opus du groupe, ne se plagient pas, ni ne se caricaturent. Vous pouvez notamment retrouver deux plages aux antipodes qui se suivent et se complètent, soit "Don't Wake The Sleeping Dog", plus groovy et grognonne que la planante et puissante "Hell Low", qui fait très PARADISE LOST des dernières années. Tout comme "It Is Cold Without Shoes" (je me suis toujours demandé comment coller des titres aussi niais sur des airs si tranchants… ça doit être une habitude en Goth ?!). Cette dualité très efficace présente sur le disque se fait aussi entendre sur le couple suivant, avec "Sweet Six Feet" à la clé et son alternance de bridges aériens et de reverb' lourdingue. Un petit bijou dont vous reconnaîtrez sûrement les influences !

Évidemment, des trucs tels que "Maybe Yesterday" et la déjà citée "Don't Wake The Sleeping Dog" pourront venir un peu gâcher la sauce savamment débutée avec la sublimissime "Of Doubt And Fears" et son refrain imposant amené par une tonne de briques. C'est à ce moment qu'on se rend compte que MELY (de « melancoly ») s'approche du Dark/Doom Metal à franges, doutes confirmés sur la seconde piste, "Grown For Doom", avec ses guitares rappelant vaguement MY DYING BRIDE et ses envolées lyriques. Eh oui, MELY ne fait pas exception à la règle numéro #1 en Goth : on pellette les méandres de l'amour sur la place publique et on lynche les défaites, les laboureurs de cœur. Ce n'est jamais plus vrai que sur "Bricks Against Porcelain Dolls" et son atmosphère angoissante s'éloignant encore une fois du Goth première division pour se fondre dans les meilleures banquises.

Je ne dirais pas que MELY peut prétendre à accoter le PARADISE LOST des beaux jours, mais il reste une chose : "Portrait Of A Porcelain Doll" est un sacré bon divertissement. Merci au lecteur qui nous l'a proposé dans la BAD, nous sommes au moins deux à avoir apprécié le combo.

Note : 3,5/5.

Podium : "Of Doubt And Fears", "Bricks Against Porcelain Dolls", "Hell Low"