Lorsque Maurizio Iacono, notre québécois et sympathique growler de KATAKLYSM, s'ennuie et qu'il décide de s'investir dans un projet parallèle, il ne fait pas les choses à moitié et débarque, bardé de cuir, avec un album brodé d'écarlate sous le bras pour nous parler d’un sujet qui l'a toujours passionné : la Rome antique. Excellente initiative puisque le projet, devenu combo (le bonhomme s’acoquinant avec plusieurs de ses acolytes de KATAKLYSM), verse dans un Death Metal épique, bien plus mélodique que les précédents faits d’armes dont on savait les musiciens coutumiers.

Bourbeux, tourbeux, âpre et acariâtre, cet album est avant tout un hommage à tous ces anonymes sacrifiés à la gloire de la Louve et à ses désirs expansionnistes. EX DEO nous plonge au cœur des combats, s’immisçant dans l’enfer de la légion pour charger à gorge déployée (screams et grunts étant bien sur de la partie mais alternés à quelques phrasés davantage déclamés) contre les hordes barbares.

Les riffs sont ici lancinants et pernicieux, s'immisçant en l'auditeur telle la pluie glacée à travers les interstices de l'armure du légionnaire patientant, transis, face à l'assaut imminent. Tour à tour atmosphériques ou rehaussés d'orchestrations et de légers chœurs épars pour un résultat plus épique qui lorgnera vers le bon péplum, EX DEO travaille ses mid-tempo ("In Her Dark Embrace" et son refrain, "Cruor Nostri Abbas", les intros de "Invictus" et de "The Final War") de façon à les faire sonner et résonner en l'honneur des cohortes romaines qui ne tarderont guère à se faire écharper en contre-bas.

La bataille fait maintenant rage dans les plaines du Latium mais Iacono et ses troupes ne vont pouvoir compter que sur eux-mêmes pour résister à l'envahisseur et ce, malgré une brochette d'alliés qui ferait pâlir n'importe quel sénateur. Cependant, ces coalitions circonstancielles demeurent, à mon avis, malheureusement sous-exploitées. La prestation de Nergal (BEHEMOTH) n'est absolument pas mise en avant et les soli des deux autres compères (Karl Sanders (NILE) et Obsidian Claw (KEEP OF KALESSIN)), chacun dans leur style, ne s'intègrent pas toujours à leur composition respective. Les membres de la formation s'en tirent d'ailleurs mieux eux-mêmes à cet exercice.

Pour un premier effort, personnifié en ce "Romulus", EX DEO s'en tire avec les honneurs, soyons franc. Nous noterons néanmoins quelques petits défauts à ne pas réitérer lors d'un éventuel successeur, notamment au niveau des compositions, bonnes individuellement mais qui tendent à trop se ressembler enquillées à la suite. Mais bon, après tout, Rome ne sait pas faite en un jour.

Note réelle : 3,5/5.