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EPIC MELODIC DEATH-METAL  |  STUDIO

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2019 Come The Tide
2024 1 A Giant Bound To Fall
 

- Style : Insomnium, Aesmah, Dark Tranquillity, Be'lakor
- Membre : Cancer, Persefone
 

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ETERNAL STORM - Come The Tide (2019)
Par WËN le 16 Mars 2024          Consultée 583 fois

Je me suis très récemment fait la réflexion, lors du visionnage d'un top émis par un collègue de chez Horns Up, que je ne parlais plus guère de Melodic Death Metal sur Nightfall In Metal Earth, voire même - dès que le sujet tombait dans une conversation - que je n'étais plus particulièrement tendre avec le genre. Pourtant, c'est bien par son biais que j'en suis venu à tomber dans le Metal extrême pour, en 2024, en arriver à me complaire dans les pires dégueulasseries Funeral Doom Metal. Car pour vous la faire courte, c'est DARK TRANQUILLITY et sa reprise du "22 Acacia Avenue" qui à l'époque parvint à raccorder le bon fusible et à me convaincre qu'au final ce type de voix gruntées pouvait ne pas être si rédhibitoire. S'en suivit quelques années à explorer le style et ses principaux acteurs. Mais alors pourquoi tant d'amertume vingt ans plus tard ? Certes, l'évolution des goûts et une certaine prise de conscience musicale ont pu petit à petit me faire tendre vers d'autres approches plus progressives ou techniques du genre, dans lesquelles je me reconnais davantage, mais cela ne saurait tout expliquer.

Non, il faut aussi avouer que si je suis peu amène à son sujet, c'est qu'il a lui-même parfois peu d'amour propre à son propre égard. Les formations qui arrivent à me souffler existent certes toujours (pour preuve, les sélections de IAPETUS et de CHAPEL OF DISEASE en cette même année 2019) mais trop souvent, ses représentants actuels qui me parviennent me dépassent dans certains travers et facilités qu'ils tendent à adopter. Cela va des influences modernisées et metalcorées logiquement mises en avant par toute une nouvelle génération de zicos… et pas toujours heureuses lorsque paresseusement insufflées (*), jusqu'à ce que je qualifierais avec beaucoup trop de condescendance ("ok, doomer") de 'Mellow'-dic Death Metal, bardé de claviers sirupeux et dégoulinants de bons sentiments (là où l'on veut juste renifler de la vieille carcasse moisie, un peu de moribonderies (**), que diable) et que l'on pourrait davantage rapprocher d'un Power Metal accéléré mais jamais agressif empruntant des cache-misères au Metal extrême sans jamais réellement en jouer (ARCH ENEMY et AMON AMARTH en sont-ils si loin depuis 2007/2010) ? Tout cela couplé à un gimmick trop récurrent et que je déplore tout autant au sein de la scène Doom/Death : à savoir une cohorte de vocalistes interchangeables sans timbre caractéristique ni souffle et qui, tout vénères qu'ils croient être, ne présentent à peine plus d'agressivité qu'une portée de chatons effarouchés. Pour ce style en particulier, c'est gênant.

Bref, vous vous doutez bien que la formation ici présente n'est évidemment pas de ce bord, et que l'occasion de me réconcilier avec un pan musical bêtement délaissé car ne m'enjaillant plus guère, est bien trop tentante pour ne pas inscrire ETERNAL STORM parmi les groupes dont-on-cause sur NIME, alors que son second album est déjà prévu pour Février. Découvert en plein confinement alors que les opérations "Name Your Price" pullulaient sur Bandcamp afin de tenter, au moins, de ne pas mourir d'ennui (***), les Espagnols ont tout de suite su me convaincre, en me rappelant les meilleurs moments d'INSOMNIUM (malheureusement eux aussi révolus) ou de BE'LAKOR. Ces noms lâchés, vous devriez déjà pouvoir vous faire une idée assez précise du tableau (la pochette se veut d'ailleurs plutôt bien représentative du contenu), à savoir un Death Metal mélodique grisailleux à souhait, porté en exergue par deux composantes majeures, les mélodies finement ciselées et les structures sophistiquées et ce, sans jamais rien concéder à l'agressivité de sa musique.

Le groupe est tellement sûr de lui, qu'il propose d'ouvrir vaillamment son disque par un "Through The Wall Of Light" de 14 minutes (!) divisé en deux parties. Soyons francs, alors que les lourds nuages s'amoncellent à l'horizon, il ne faut pas 75 secondes à la tempête pour éclater et que le quartet nous ventile toute ambiguïté d'un riff accrocheur, pilonné à la batterie. Et il n'en a tellement rien à foutre de l'écueil, qu'il y alterne les riffs déments et incisifs aux complaintes mélodiquement bruineuses (parfois doublées à la gratte), qu'il y cale un solo de sax', un pont ambiant bardé de guitares claires (le début de la seconde partie) et un final où ces dernières se retirent tandis que la basse nous rentre une dernière fois la tête dans le sable. Une tornade d'éléments qui vont venir s'enrichir mutuellement tout du long de l'heure proposée ici (et croyez-moi qu'elle passe vite), à un tel point qu'il serait presque malhonnête de ne pas lui accoler l'adjectif "Epic" au moment d'évoquer tout le bien que l'on pense de son Melodic Death Metal.

Les riches arrangements de guitares et de claviers plus discrets ("The Mountain"), mêlés au déluge de sensations qui s'abat ici transforment l'écoute en réelle aventure face aux éléments déchainés, avec ce qu'elle apporte de rebondissements, d'accalmies monochromatiques idéales pour reprendre son souffle, de victoires et de drames. Un soin tout particulièrement est apporté aux riffs sur lesquels viennent se jeter de vivifiants embruns en arpèges ou solistes, pour qu'à aucun moment le propos ne retombe. Si cela peut sans doute s'expliquer par le long processus de composition (étalé sur cinq années) qu'a nécessité ce premier album, il n'empêche qu'il faut les sortir (et les maîtriser) toutes ces idées, "Come The Tide" ne faisant suite qu'à un EP et un split (avec STORTREGN, parmi trois autres formations). La longueur des compositions (autour des huit minutes) permet tranquillement de fouiller les abîmes océaniques et de nous en remonter son lot d'idées, et ETERNAL SORM ne saurait s'en priver. Par rapport à tout ce qui est mentionné plus haut, le groupe sait aussi nous y déverser quelques parties en guitares claires flirtant avec le Post Rock ("Of Winter And Treason", "Embracing Waves", l'interlude "Drifters"), de courtes parties acoustiques ("Detachment", le début de "Of Winter And Treason" qui renvoie directement aux brasses de "The Mountain")… Et tout cela, alors que je n'ai même pas encore abordé le cas du chant. Toujours à propos et sévèrement saturé, de son timbre rond et abrasif, le vocaliste en place ne lâche rien ! Même si l'apport des autres musiciens (tous chantent), mais surtout de la pléiade de guests (cinq en tout, dont le premier vocaliste d'ULCERATE et d'autres venus de chez WORMED, FOSCOR, TODOMAL, etc.) tend à ne jamais trop savoir qui fait quoi, cela ne nuit finalement jamais à l'ensemble.

Quelques très brèves incartades frôlant le Black Mélo ("The Scarlet Lake", l'intro de "The Mountain") permettront d'encore élargir un panel d'influences déjà très décemment garni. Comme déjà évoqué plus haut, si les Espagnols savent lorgner sur INSOMNIUM (leur musique, globalement plus brute, sachant parfois rappeler les meilleurs moments de "Across The Dark" (notamment pour les vocaux clairs sur "Embracing Waves") et les débordements mélodiques et acoustiques de "Since The Day It All Came Down", cf. "Detachment" ou "The Scarlet Lake") nul doute qu'AMORPHIS a également pu tourner sur leur platine et se faire pourvoyeur de quelque inspiration pour le chant. Avis aux connaisseurs, le style pratiqué (chant, musique, intensité et longues compositions) a également su évoquer plus d'une fois nos Frenchies d'AESMAH à mon bon souvenir. On tient là quelque chose !

ETERNAL STORM, dès ce premier album de Melodic Death Metal foutrement épique, réussit donc le pari de proposer tout de même une heure de musique agencée avec suffisamment de science pour ne s'essouffler à aucun moment, dynamisant et dynamitant sans cesse son propos. Et par là même, il parvient à me faire me ressaisir au moment de jouer mon vieux con en soirée, là, à dénigrer un style qui peut toujours s'appuyer sur des formations consciencieuses et à même de savoir concrétiser tout ce qu'il peut avoir à proposer. Suffit de creuser !

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(*) ATLANTIS CHRONICLES, IRREVERSIBLE MECHANISM, vous me faites mentir !

(**) Prenez exemple sur FETID ZOMBIE, le projet de Mark Riddick, qui le fait excellemment bien.

(***) Ici proposée par Transcending Obscurity Records, mais je me rappelle d'offres similaires chez Dolorem Records où Les Acteurs De L'Ombre, pour rester dans l'hexagone.

A lire aussi en DEATH MÉLODIQUE par WËN :


IAPETUS
The Body Cosmic (2019)
Baffe stellaire épique




CHAPEL OF DISEASE
... And As We Have Seen The Storm, We Have Embraced The Eye (2018)
Ce qui pouvait arriver de mieux au Death Metal ?


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- Daniel 'kheryon' Jimeno (chant, basse)
- Jaime Torres (guitare, chant secondaire, clavier)
- Daniel Maganto (guitare, chant secondaire, clavier)
- Mateo Novati (batterie, chant secondaire)
- Migueloud Ontivero (invité - chant #1)
- Christopher Baque-wildman (invité - chant #2)
- Ben Read (invité - chant #3)
- Fredrik Huldtgren (invité - chant #7)
- Fiar (invité - chant #8)
- Manuel Mendoza (invité - saxophone #2)
- Javier Fernández (invité - clavier, synthé, programmation)


1. Through The Wall Of Light Pt.i (the Strand)
2. Through The Wall Of Light Pt.ii (immersion)
3. Detachment
4. The Mountain
5. Of Winter And Treason
6. Drifters (instrumental)
7. The Scarlet Lake
8. Embracing Waves



             



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