J'avais beaucoup de difficulté avec MESHUGGAH avant de jeter mon dévolu et mes deniers sur "Obzen", totale improvisation de ma part. C'est par la suite que je me suis rendu compte que l'album obtenait la faveur des critiques et des fans, créant même de nouvelles souches d'admirateurs de ce style Death peu commun que pratiquent les Suédois. Eh bien, je fais maintenant partie de cette souche, "Obzen" m'ayant complètement anéanti de par sa virtuosité nucléaire.

Dès "Combustion", titre très à propos, la synergie fonctionne, le train est lancé, la machine s'emballe. Cette voix écorchée hurlant son indicible colère, ces arythmies infernales et cassées, cette batterie technique comme dix, cette basse vrombissant sans gêne, et ce son si caractéristique des guitares que seul maîtrise MESHUGGAH. Orchestre décharné en osmose totale, d'une violence inouïe ne plaisant pas aux tympans sensibles.

La claque de soumission arrive en troisième piste : le riff de "Bleed" est un de mes préférés, tous styles confondus. On a envie de plein de trucs en l'écoutant : thrasher, danser simplement, détruire, headbanger jusqu'à se décrocher la tronche de l'épine dorsale… Chacun réagit à sa façon en absorbant ce liquide à batterie que produit "Obzen", mais personne ne demeure de glace. Tout craque à son écoute, ça dérange, ça agresse, mais putain, malgré une rage incontrôlable s'en dégageant, le skeud est une perle mélodique. Et c'est justement là qu'il se distingue des autres démons de la discographie. Comment peut-on injecter autant d'air, de soli, dans un tel fouillis ? Secret.

"Obzen" est plus accessible, coloré et vigoureux que tout ce qu'a pondu MESHUGGAH jusqu'à présent. Du grand art, du gros Death chirurgical pour devenir fou en deux temps trois mouvements.