Quel fan de Black Metal n’a-t-il pas un jour espérer entendre un « opéra Black Metal », un Avantasia version corpse paint, guitares sursaturées et atmosphères d’outre tombe ?…
Ce vœux aurait très bien pu être réalisé à la fin de l’année 2004 avec la venue du troisième album du groupe bicéphale Finnugor. Godslayer N. Vassago et Gabriel Wolf (qui nous avait bien fait rire avec le Dream Warrior de Ywolf, son projet ambiant), ne se sont pas gênés pour faire appel à pas moins de neuf vocalistes de la scène extrême.
Attila Csihar (doit-on encore le présenter ?), Hreidmarr (Anorexia Nervosa), Ville Sorvali (Moonsorrow) (…et j’en passe !), Tous réunis sous la tutelle du black symphonique des deux hongrois… alléchant non ? NON ?

Darkness Needs Us était aussi une curiosité pour moi :l’ami Gabriel Wolf étant capable du « bon » (les deux premiers ywolf) comme du « pire » (le dernier Ywolf !), j’attendais que ce dernier se déchaîne un peu et nous ponde enfin un album à la hauteur !
Mais ne rêvons pas plus, il ne s’agit pas là ni de l’opéra Black Metal espéré (chaque hurleur n’intervenant que sur un morceau ou deux, rarement plus) ; ni même d’un album réellement à la hauteur du casting proposé.

L’album démarre sur le morceau éponyme, une intro ambiante sur fond de clavier et de hurlements, ressemblant sauvagement à du Ywolf (période Night Of The Werewolf). On retrouvera quelques morceaux de la sorte par la suite («Wings of Kryy » et «Forest of Bane»), chose qui calmera un peu le jeu par rapport aux morceaux purement metal. «Lord of the Darkest Freedom » donne sur un black symphonique démoniaque qu’on pourrait rapprocher de Dimmu Borgir par certains procédés. Mélodies maîtrisées, vocaux excellents (heureusement !)…le problème vient des claviers, qui semblent avoir une bonne dizaine d’année de retard. Vu les progrès techniques, on aurait pu s’attendre à largement mieux, remarque valant bien entendu pour tout l’album.
«Hand of Light » vient mélanger habilement une mélodie à la Fintroll ou Moonsorrow et les ambiances d’outre-tombe habituelles (ou « basiques » si j’ose dire).

Tout l’album n’est pas mauvais, mais jamais vraiment géantissime.

Seul petit « hic » final : le remix de «Wings of Kryy » par Morfeus, ex-limbonic art (encore un nom prestigieux, ça fais cool pour la promo !). J’ai personnellement une dent contre ce genre de morceau, qui casse une œuvre en répétant un bout qu’on a déjà entendu. Ici il s’agit de transformer un morceau ambiant en morceau Black Metal (avec un son différent). Pas mauvais, voire même meilleur que la version originale, mais je l’aurais plus vu en face B, sur un single, un EP ou un sampler… ça fait un peu « cheveux dans la soupe » tout ça !…

J’en viens à la production, qui se rapproche davantage d’un son plus « vieux » et underground que de la grandiloquence des albums de black sympho récents (Dimmu Borgir, Anorexia Nervosa, Tvangeste ect…)… encore une fois, pas mauvais, mais pas de quoi casser une patte à deux canards.
Dans son ensemble, la nouvelle malédiction de Finnugor tiens la route, oscillant entre le malsain et l’épico-moyenâgeux, sans vraiment innover ni se tailler une identité digne des groupes dont les vocalistes émanent, mais assez pour ne pas tomber dans le bas de gamme et le clichesque (sauf si vous êtes allergiques aux claviers trop pauvres).
De mon point de vue, album moyen…

2.5/5