Même si rien n'atteindra jamais mieux mon être tout entier que les quatre premiers disques de DARKTHRONE, je ne peux évacuer le fait que d'autres disques de notre musique extrême fétiche se hissent vers les sommets de ce que je suis aujourd'hui - ou plongent vers les profondeurs, selon qui m'observe ou selon la manière dont je me perçois à l'instant T. "Battlefields" d'HATE FOREST (métamorphosé depuis en le très habile et très adulé DRUDKH, ainsi qu'en BLOOD OF KINGU) fait partie de ces œuvres qui me pétrifient de leur sincérité, de leur justesse, de leur Humanité, tout simplement. Je m'explique. Le Black Metal, dans ses formes les plus extrêmes, s'applique à ne pas paraître humain – la musique ainsi reçue échappe à toute convention. Et c'est quand dans sa forme il est le plus éloigné de l'humain, que le Black metal cristallisant, avec une quasi perfection, les sentiments les plus extrêmes et les plus charbonneux qui soient, touche le mieux à l'humain, exprimant toutes ses souffrances, ses frustrations, sa haine, les condensant puis les recrachant... "Battlefields" est un joyau d'Art Noir dans son genre, trempant son pinceau dans la palette des sentiments les plus forts et faibles de l'humain pour en peindre une fresque magnifique et subtile. Un chant du cygne magistral qui laissa pantois nombre d'auditeurs dégoûtés de voir que le groupe finissait sur une si belle note sans enchaîner sur une encore meilleure... Mais qui savait que de cela en naîtrait le surprenant et mystique DRUDKH ?