Si le Metal Symphonique n'est clairement pas ma tasse de thé, on peut dire qu'HAGGARD est le groupe qui confirme la règle. Et c'est sans doute dû au fait que le quasi-orchestre allemand ne sait pas se cantonner à exploiter banalement le style.
Déjà qu'on aborde la vie d'un personnage aussi fascinant que Galilée, le traitement des compositions est tout simplement inverse à celui qu'on a l'habitude d'entendre dans un style musical pareil. Là où la plupart des groupes se contentent de composer du Metal assez fade pour essayer d'y intégrer des bouts d'orchestre ou de chant lyrique en espérant y retrouver une certaine lueur, HAGGARD prend le parti contraire. L'album entier semble être composé comme une symphonie où viennent s'introduire les instruments habituels d'une formation Metal, qui ne semblaient même pas être invités.

Si encore, on était à côté de la plaque... "Eppur Si Muove" dose avec magie chaque instrument, et nous offre des titres épiques et puissants. On a même droit à des vraies parties Metal, dynamiques bien que la guitare semble parfois s'ennuyer dans son rôle uniquement rythmique. Et pour une fois, le batteur doit vraiment avoir l'occasion de prendre son pied ("Of A Might Divine", "Eppur Si Muove"), dans ce style qui délaisse souvent ces petits personnages étranges qui font acte de présence, cachés par leurs cymbales. Comme souvent, HAGGARD joue bien sur les contrastes et l'exagération omniprésente, avec l'alliance du chant lyrique féminin et du growl bien caverneux, autant que des parties qui semblent tout droit sorties d'un conservatoire suivies d'un peu de violence bien menée. On n'en reste bien sûr pas là, et s'ils avaient eu besoin d'être une quinzaine rien que pour ça, on n'aurait pas compris... Non, on passe aussi des chœurs au clavecin, avec un petit détour par le violoncelle sans aucune culpabilité.

On peut tout de même dire que certains titres se détachent largement, et pour faire simple ce sont tous ceux qui dépassent les six minutes. Et cela bien que l'album se lise comme un bon roman avec une narration du début à la fin et des échos à ce qu'on vient d'assimiler quelques minutes précédemment. "Eppur Si Muove" arrive à créer une esthétique complète avec uniquement neuf titres, et ferait presque songer à un tableau qui se peint devant nos yeux.